LA NOTE DE MUSIQUE, SES CARACTÉRISTIQUES ET UTILISATION


LE COURRIER DES INTERNAUTES



Lucie (Bordeaux)

Bonjour,
J’aurais aimé savoir pourquoi une même note peut être aussi différente quand elle est chantée ou quand elle est jouée par un instrument comme le piano et l’influence que cela a sur la musique. Merci.


Piano Web

LA COMPLEXITÉ SONORE D’UNE NOTE

Votre question ne manque pas de pertinence. En effet, une même note peut revêtir différents « caractères » suivant son origine. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle est la préoccupation première du musicien, et au-delà de toutes les professions qui contribuent à son existence : luthier, facteur, informaticien…

Une note jouée par un instrument, cela paraît banal, or les différentes raisons qui expliquent sa sonorité sont complexes. Outre la hauteur, la durée, le timbre, l’intensité, la résonance et la richesse harmonique qui est à la base de son « caractère », viennent s’ajouter les matériaux utilisés qui singularise sa sonorité (bois, cuivre, acier, caoutchouc, peaux, etc.) sans oublier le dispositif mécanique qui lui sert de « propulseur » ou d'amplificateur (bec, pavillons, marteaux, cordes, table d’harmonie, etc.).

La collecte de toutes ces informations détermine la « personnalité » de la note. Cela à même quelque chose de mystérieux, car si l’on connaît globalement les « ingrédients » qui la constitue, le résultat final est le plus souvent nuancé : une note jouée sur un piano ne sonne jamais vraiment comme sur un autre piano, idem pour une guitare ou pour d'autre instrument acoustique. Seuls les mêmes instruments électroniques fabriqués à la chaîne sont en mesure de reproduire la couleur des notes à l’identique.

Au départ, les informations sur la fabrication d’un instrument permettent à d’éminents spécialistes et fabricants d’aller de l’avant avec l’assurance d’obtenir finalement un résultat sonore conforme aux objectifs. Pourtant, en connaissance de cause, et même si la beauté sonore a quelque chose de subjectif, il existe toujours des différences sonores qui font la différence, comme par exemple entre le son produit par un piano d’étude et celui d'un modèle haut de gamme. Dans les deux cas, on reconnaîtra bien évidemment le son d’un piano, mais la note émise n’aura ni la même brillance ni la même profondeur. Cette différence provient en grande partie du mode de fabrication (manuel ou à la chaîne), des moyens engagés (bureaux d’étude, personnel), des spécifications techniques et de la qualité des composants et matériaux utilisés.

Sans prendre l’engagement de démontrer toute la complexité sonore d’une note, nous pouvons déjà expliquer sommairement un de ces paramètres, sa « hauteur ». Lorsque nous jouons deux notes différentes sur un piano, la distance qui les sépare induit une différence d’aigu ou de grave, de haut ou de bas. Pour comprendre le phénomène, on doit faire appel à de la physique. La hauteur de la note est soumise à une fréquence. Celle-ci correspond au nombre de vibrations émises par seconde. Plus il y a de vibrations, plus la note est aiguë. Par exemple, le LA du milieu du piano est théoriquement fixée à 440 hertz soit 440 vibrations par seconde (diapason).

Ensuite, comme chaque instrument possède une tessiture généralement fixe, on peut en conséquence déterminer sa plage de fréquences. Pour le piano, celle-ci se situe approximativement dans une fourchette allant de 50 à 6 650 hertz (NB : il s’agit ici de la fréquence fondamentale et non des harmoniques qui se situent à d’autres hauteurs – Consulter : Des harmoniques aux fréquences)

Si cette première indication est relativement simple à comprendre, cela devient plus cornélien quand on modifie la « durée de vie » de la note (longue, courte ou très courte). En effet, on s’aperçoit - que sans changer d’instrument et en utilisant les mêmes hauteurs sonores - le caractère d’une mélodie en est affecté au point de ne plus être reconnaissable. C’est dire toute l’importance de ce paramètre-là dans la musique !

En synthèse, la fameuse enveloppe ADSR (Attack = rapidité de l’attaque du son, Decay = déclinaison dynamique du son, Sustain = maintien du son, Release = chute du son jusqu’à son extinction au moment du relâchement de la touche ) constitue une bonne illustration de ce qu’est la « durée de vie » d’une note, de sa naissance jusqu’à sa disparition. (Consulter : l’ADSR, le générateur d’enveloppe).

L’autre paramètre déterminant est le timbre de la note : clair, brillant, sombre… Celui-ci est certainement le plus complexe à expliquer car il repose d’une part sur les matériaux qui servent à sa fabrication et d’autre part sur les outils utilisés pour le reproduire (marteaux pour un piano, bec pour une flûte, archet pour un violon, etc. toujours pour faire simple). Ainsi, quand une même note est jouée par une flûte, un violon, une guitare ou un piano, nul doute à avoir, la note aura une couleur différente. Le timbre est donc essentiel dans la perception que l’on a du son d’une note et de l'instrument qui le restitue. Et si l’on ajoute comme autre paramètre déterminant l’intensité, non seulement le volume change, mais la brillance également. (consulter : Les notes de musique et leur personnalité).


QUAND LES COMPOSITEURS S’EN MÊLENT…

Depuis que la musique existe, la note, plus exactement le son, a naturellement attiré l’attention des musiciens. On choisit d’ailleurs bien plus souvent un instrument pour sa sonorité que pour sa difficulté technique (même si parfois on le regrette amèrement par la suite). Chez certains, le son de « la note » devient même une véritable obsession ; cette recherche d’une perfection quasi maladive se retrouve depuis des siècles chez un bon nombre d’instrumentistes de haute volée. C’est aussi très présent chez les compositeurs qui orientent leur inspiration en fonction de la nature des sons qu’ils entendent (ou qu’ils espèrent entendre quand leurs œuvres sont interprétées).

Bien évidemment, les données qui constituent l’identité du son d’une note entrent dans la tête du compositeur sans qu’il prenne vraiment conscience de sa complexité. L’émission de la note est surtout ressentie physiquement et émotionnellement. À des degrés divers, chaque compositeur favorise la nature des notes et de leurs expressions en fonction de ses goûts. Prenons quelques exemples…

Dans le Premier prélude du Clavier bien tempéré, Jean-Sébastien Bach utilise des notes dont les durées ne changent jamais. La croche est la figure de note centrale de l’œuvre. Bach installe un climat sonore constant à travers l’utilisation d’une boucle rythmique qu’il reconduit de mesure en mesure. C’est en jouant sur le changement continuel des harmonies qu’il crée l’émotion, ce qui, finalement, est bien vu.

Il existe aussi des œuvres qui mettent en avant une seule note pour personnifier la mélodie en jouant sur sa valeur rythmique. La célèbre bossa de Carlos Jobim, One Note Samba, prend comme point de départ une première note puis une seconde qui se tendent harmoniquement en fonction des changements d’accords. De nombreuses œuvres joueront sur cet « artifice » facile à mettre en place.

Autre témoignage encore plus édifiant de « la note » obsédante, les Pièces pour orchestre composées dans les années cinquante par l’Italien Giacinto Scelsi. Chez lui, la hauteur ne bouge quasiment jamais, un fait rarissime dans la musique classique occidentale.

Une autre approche symbolique de la puissance de « la note » se trouve chez Anton Webern, dans Mélodies de timbre, où le compositeur distribue les notes successives d’une mélodie à des instruments différents, faisant ainsi évoluer continuellement le timbre.

Enfin, citons, pour le côté « intensité de la note », les variations dynamiques et les brusques sursauts sonores qui caractérisent si souvent l’œuvre de Beethoven.


LES CONSÉQUENCES DU SON SUR LES ÉCRITURES

Conjointement à l’essor technique des instruments, de leur utilisation et à l’apparition de nouvelles instrumentations, une prise de conscience de la répercussion de la nature des sons sur la créativité musicale est apparue, provoquant par là même un enrichissement des écritures sur les partitions. Avec le temps, celles-ci sont devenues plus précises et plus raffinées. Les compositeurs se sont efforcés de traduire leurs sentiments et leurs désirs en usant de mots et de signes intelligibles. Ainsi ont pris place de nombreuses indications qui servent de guide pour l’interprète : changement de tempo, mode de jeu (legato, détaché…) ou encore à travers les nuances comme le crescendo, le forte ou le pianissimo. Par exemple, la présence d'un simple petit ' f ' indiquera au musicien que tel ou tel passage devra être joué ' forte ' ou à l'inverse un petit ' p ' qu'il doit l'interpréter ' piano '.

Toutefois, suite à l’apparition des musiques non écrites du 20e siècle (blues, jazz…), certaines partitions se sont dépouillées de ces indications pour ne préserver que l'essentiel, à savoir : la mélodie accompagnée du chiffrage harmonique (accords). Cette approche, qui est loin d’être marginale, démontre un retour aux origines dans le domaine de la liberté d’interprétation, quand la musique ne s'écrivait pas encore (l'improvisation étant la démarche la plus significative).

Cette dualité entre musique écrite et non écrite n'est pas sans conséquence sur l'évolution de la musique. Le terrain de la créativité et la spontanéité à conforter ses sentiments dès qu’on façonne soi-même le son d'une note stimule certainement l'égo, mais redonne aussi à l’art musical une crédibilité certainement plus grande et plus authentique que tout guide écrit, même bien pensé.

Par ELIAN JOUGLA

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