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LA PULSATION : PULSER UN RYTHME SANS PERDRE LE TEMPO

Le rythme est généralement la bête noire du musicien quand il prend conscience de sa portée sur le résultat final : tempo irrégulier, accélération, ralentissement (c’est pire), problème métrique (sens de la mesure)... Tous ces ennuis sont souvent reliés à une seule cause : la pulsation.


ENTRER DANS LE RYTHME NATURELLEMENT

Si vous allez dans la nature, vous constaterez que l’homme n’a ni inventé la mélodie ni le rythme. Des cigales qui « craquette » en groupe et en cadence, des grillons qui « stridule » l’été à la nuit tombée, une fauvette et une linotte qui font entendre leur chant ou encore le ressac du bord de mer rythmé par la houle sont autant d’éléments riches d’enseignement pour un musicien attentif. Même notre cœur bat la cadence et entre dans la danse !

Dans cet environnement naturel, le rythme est donc construit sur de libres pulsations. Cela nous renvoie également à cette question fondamentale dont la réponse est toujours restée très évasive : « Avons-nous le "sens du rythme" dès notre naissance ou se développe-t-il plus tard quand nous partons à sa découverte ? ». On dit souvent que le « sens du rythme » appartient à quelques chanceux, de façon innée, tandis que d’autres plus malheureux sont totalement hermétiques à ce rapport au temps. Toutefois, je reste persuadé que ce constat est fréquemment le résultat d'un manque d'attention et de volonté.

La pulsation est le premier maillon du rythme. Il est fondamental de comprendre toute sa portée sur l'interprétation. En cas de difficultés, les écritures musicales sont là pour nous aider à comprendre quand l'apprentissage naturel du rythme fait défaut. Cependant, si son vocabulaire possède une certaine efficacité pour communiquer et progresser, les écritures musicales ont aussi quelques limites...

Cadrer le rythme par les écritures, c’est surtout cadrer l’esprit, c’est une manière de penser intellectuellement avant de ressentir physiquement ; tout l'inverse du musicien qui improvise. Celui-ci joue des notes instinctivement tout en développant des rythmes qui lui serait certainement impossible d’imaginer dans toutes leurs complexités d'une autre façon.


QUELQUES NOTIONS À PRÉCISER

Avant de poursuivre, il est important d’apporter quelques précisions sur quelques termes en rapport avec le rythme. Ils sont au nombre de cinq : le rythme, la pulsation, le tempo, le temps et la valeur des notes.

LE RYTHME : c’est l’organisateur de la durée des sons. Il peut être assimilé, par exemple, à un ensemble de figures identiques ou pas qui, enchaînées, constituent une identité, un style, un phrasé.

LA PULSATION : c’est le nombre de battements qui découpe une période. Le métronome illustre parfaitement ce qu’est la pulsation en la découpant en battements réguliers. À 60, son tic tac retentira chaque seconde et à 120 chaque demi-seconde.

LE TEMPO : il indique l’espace temps qui sépare deux pulsations. C'est globalement la vitesse d’exécution d’une œuvre. Dans les partitions, le tempo est généralement indiqué par un chiffre précis, complétée parfois par une échelle de grandeur (largo, andante, presto…).

LE TEMPS : il indique l’exécution d’une pulsation.

LA VALEUR DES NOTES : elle indique le rapport qu’il existe entre les différentes figures de notes (ronde, blanche, noire, croche, etc.) et en fonction de la signature (chiffrage de la mesure). NB : la vitesse de la pulsation ne modifie en rien le rapport des valeurs de notes.


LA PRISE DE CONSCIENCE

Le rapport le plus simple avec le rythme consiste à frapper des mains régulièrement à l’écoute d’une musique. La plupart du temps, quand on porte son attention sur la pulsation d'une chanson, d'un morceau de jazz ou de rock, on constate que le tempo initial reste d’une immobilité pratiquement constante de bout en bout. On décide d’une vitesse (marquée en live par un top départ. Par exemple : 1, 2… 1, 2, 3, 4), sur laquelle tous les musiciens se calquent une fois pour toute. En "musique moderne", la pulsation doit être rigoureuse pour qu'elle soit d’une grande efficacité lors d'un jeu en collectif. Contrairement à la musique classique, les fluctuations sont quasiment inexistantes et, de fait, n’imposent pas la présence d’un « chef d’orchestre », même si le batteur est souvent là pour assumer en transparence un tel rôle.

La première chose qui caractérise une bonne pulsation est donc de maintenir la cadence, d'avoir un tempo régulier, constant. On ne vous demande pas d’être un métronome… tout en joignant les deux mains pour prier que cela soit le cas !

Cela permet surtout de prendre conscience que le rythme est au départ une notion abstraite que l’on doit rendre concrète pour l’appliquer universellement. C’est-à-dire que dès que l’on est en mesure d’asseoir proprement un rythme dans la durée, on est aussi en capacité de partager cet acquis avec d’autres musiciens. Dans le cas contraire, bien évidemment, ce serait l’anarchie sonore qui règnerait en maître ! Transposé par exemple dans le contexte d’une musique pour danser, le résultat produit serait catastrophique, puisque ce genre de musique ne peut faire l’impasse d’une mise en place rythmique irréprochable et soutenu de façon constante.

À ce stade, il est important de signaler également que l’on peut très bien comprendre et exécuter une figure rythmique (assemblage de plusieurs figures de notes de valeurs égales ou inégales), d’avoir une grande connaissance dans ce domaine, être même un grand diplômé de conservatoire et avoir toujours des problèmes avec la pulsation rythmique. C’est encore trop souvent le cas avec les musiciens issus des rangs classiques.


COMMENT « DOMESTIQUER » LA PULSATION ?

Voici un des meilleurs exercices, simple, mais redoutable, pour se tester.

La méthode la plus simple consiste à sélectionner un morceau de musique et à l’écouter sur votre lecteur favori. Le tempo de la musique doit être régulier. Une musique à danser du genre disco, funk, rock ou électro et au rythme bien marqué conviendra parfaitement.

Allez à son écoute jusqu’à ressentir en vous cette sensation de taper du pied ou de bouger la tête en cadence. Si c’est le cas, c’est le signe que vous commencez à vous immerger dans le rythme. Dès lors, vous allez frapper d’une main le tempo (généralement la noire) sur une de vos jambes jusqu’à ce que le battement se déroule naturellement, sans aucune contraction physique.

Tout en continuant à battre le tempo, vous allez diminuer progressivement le volume sonore de votre lecteur avec votre main libre jusqu’à son extinction complète. Restez surtout bien concentré, c’est essentiel !

Au bout de 10/20 secondes (ou plus), remontez le volume. Si les pulsations que vous frappez coïncident toujours avec ceux de la musique, c’est gagné ! Vous pouvez être fier d’avoir su gérer la pulsation dans toute sa régularité.

AUTRES APPROCHES

Accessoirement, le même exercice peut être conduit en remplaçant le morceau de musique par le défilement des secondes d’une montre. Dans ce cas, vous tapez le rythme jusqu’à qu’il soit en accord avec chaque seconde (vous pouvez même doubler la vitesse, c’est-à-dire à 120, pour un meilleur ressenti), puis vous détachez votre regard de la montre pendant un certain temps avant d’y revenir. Si le battement concorde toujours avec les secondes, c'est gagné là aussi.

Un morceau de musique monté sur séquenceur peut également être envisagé en programmant une coupure du son à plusieurs endroits et pour une durée variable. Un simple pattern de boîte à rythmes conviendra également.

LA FINALITÉ DE LA PULSATION ET DE SON ACQUIS

Pour un musicien, acquérir la pulsation ne consiste pas bien-sûr à extérioriser physiquement le tempo à l’aide de la main comme expliqué ci-dessus. C’est un premier palier nécessaire, mais qu’il faut dépasser absolument en l’intériorisant de façon transparente, quitte à s’aider de temps en temps en tapant le tempo avec un pied.

Il ne faut jamais oublier que jouer d’un instrument nécessite d’avoir au même moment son attention portée sur différentes données : le rythme, mais aussi la lecture des notes, l’écoute collective, sans oublier les nuances de jeu.

L’acquis de la pulsation, une fois « installée » dans le corps, vous sera d’une grande utilité et vous permettra d’avoir une autre approche sur votre rapport avec la musique et son interprétation, au point même que le métronome deviendra un outil superflu, tout juste bon à vous indiquer au tout début la vitesse globale du morceau.


CONCLUSION

S’imprégner de la pulsation est un élément essentiel à tout apprentissage du rythme, que celui-ci soit écrit ou non écrit. Sachez qu’à l’état naturel, le rapport à la pulsation s’inscrit bien souvent avec celui de la pulsation cardiaque (entre 60 et 90 battements par minute), car dès que l’on dépasse le « 120 » du métronome, la sensation du « ça va vite » n’est pas une vue de l’esprit, mais un phénomène ressenti bien réel.

Si vous souhaitez approfondir la question de la pulsation, il est surtout important de varier les exercices en utilisant des musiques dont les tempos diffèrent. Vous vous apercevrez rapidement que tout ce qui rapide n’est pas forcément synonyme de plus grandes difficultés. Un tempo très lent est souvent bien plus difficile à gérer, voire à ressentir, croyez-moi !

Par ELIAN JOUGLA

- SOMMAIRE DES LEÇONS GRATUITES -

1 - ARRANGEMENT
2 - ÉVEIL MUSICAL
3 - HARMONIE
4 - IMPROVISATION
5 - PIANO ET TECHNIQUE
6 - RYTHME
7 - SOLFÈGE/THÉORIE
8 - PROGRAMMATION & LOG.
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