HISTOIRE DE LA MUSIQUE ET DES INSTRUMENTS



MICHEL BERGER, "LA GROUPIE DU PIANISTE" ET SON RIFF DE PIANO

En 1980, le pianiste, compositeur et chanteur Michel Berger faisait résonner ses accords syncopés à travers un riff de piano qui est resté dans les annales de l'accompagnement pianistique de la chanson française...


QUAND LE PIANO RYTHMA LES IDÉES DE MICHEL BERGER

En 1966, son visage apparaît sur la désormais « photo du siècle  » de Jean-Marie Perrier qui regroupe la majorité des jeunes espoirs de la chanson française. L'auteur de La groupie du pianiste est là, assis à gauche de la photo, revêtant un pull-over rouge. Comme d'autres, Michel Berger aura tenté sa chance en vain dès 1963, du haut de ses 16 ans, en publiant un premier 45 tours qui ne fera pas date. Il récidivera à plusieurs reprises dans le fol espoir que ses compositions se remarquent. Peine perdue !

Pour rester dans la course, la solution qu'il envisage est alors de composer des chansons pour les autres. Des occasions se présenteront. Bourvil en 1967 et Vanina Michel deux ans plus tard (une artiste qui obliquera rapidement de la chanson vers d'autres activités artistiques).

En 1972, Michel Berger franchit un pas vers la célébrité quand il devient producteur en 1972, quand il participe à l'élaboration des deux premiers albums de Véronique Sanson, qui n'est autre que sa compagne. Le succès de la chanteuse le conduit à retrouver une estime personnelle et une mise en confiance suffisante pour reprendre la direction des studios et relancer sa carrière.

En 1973, un premier album sort (Cœur brisé), d'où émerge le titre Pour me comprendre. Ce succès, tout relatif, l'incite à ne pas abandonner ce qu'il a déjà prouvé avec talent : continuer d'écrire pour d'autres artistes. Sa séparation d'avec Véronique Sanson, puis sa rencontre avec sa nouvelle muse, France Gall, coïncidence avec son premier succès Écoute la musique. Grâce à ce titre, inspiré par la musique rhythm and blues et le rock, Berger impose aux oreilles des auditeurs, un style d'accompagnement pianistique marqué par des rythmes cadencés partant à la rencontre d'accords heurtés et syncopés.


Ce balancement, portant une signature immédiatement reconnaissable, va rebondir en écho dans d'autres chansons. Puis, en 1979, conforté par le succès de l'opéra-rock Starmania, Michel Berger aperçoit enfin le bout du tunnel. France Gall, qui est devenue sa conjointe depuis 1976, rencontre également une popularité qui ne se dément pas grâce aux diverses chansons qu'il compose pour elle : Samba, mambo, Si, maman si, Viens, je t'emmène, etc.


"LA GROUPIE DU PIANISTE", UN TITRE CLÉ

La groupie du pianiste est une chanson reconnaissable dès ses premières notes au piano. Comme souvent, quand Berger s'installe face au clavier, le piano devient la clé de voûte de son inspiration. Côté arrangement, tout tourne autour de l'instrument, si bien qu'il est facile d'imaginer, que sans sa présence, de nombreuses chansons auraient possédé une autre saveur et, très certainement, un succès moindre. D'ailleurs, dans le dernier album en collaboration avec France Gall, Double Jeu (1992), c'est elle qui incitera l'auteur de Celui qui chante à quitter le piano pour les synthétiseurs dans l'intention de susciter un nouvel élan à sa carrière en perte de vitesse.

Mais en 1980, Berger est au firmament, et son style, comme ses chansons, imposent le respect dans la profession. Quand l’album Beauséjour sort au cœur de l'hiver, l'auteur-compositeur livre plusieurs tubes : Celui qui chante, Quelques mots d’amour et surtout La groupie du pianiste, titre qui nous intéresse tout particulièrement ici.

Cette chanson, lancée lors d'une émission "Numéro Un" des Carpentier en 1978, est encore inédite. Le texte se veut simple et raconte, comme son titre l'indique, l'histoire d'une jeune fille folle amoureuse d'une pianiste et qui « passe ses nuits sans dormir / À gâcher son bel avenir.  »

© musescore.com – L'introduction avec le riff.

Contrebalançant un texte sans équivoque, la musique est extrêmement dansante, et la tournure de la mélodie est là pour accentuer le « déséquilibre rythmique  » si cher au compositeur. La musique groove à souhait, renforcée par l'apport des basses au piano et par le contrechant mélodique répondant à la voix.

© musescore.com – La réponse au chant par le piano.

Autour du piano, une orchestration des plus classiques  : un clavier électrique et deux guitares qui répondent au jeu de Michel Berger, une basse présente mais discrète, des congas et une batterie, des chœurs servis par la voix de France Gall, et un ensemble à cordes pour adoucir les angles.


MICHEL BERGER : "LA GROUPIE DU PIANISTE"
Cette vidéo est le rare témoignage filmée montrant les mains de Michel Berger en vue plongeante (source INA).

LE PIANO HONORÉ

Le piano, serait-il l'objet de déraison en cette année 1980, puisque France Gall sortira de son côté Il jouait du piano debout ? Cet autre tube signé Berger, et que le musicien écrira en l’honneur de Jerry Lee Lewis, entrera en concurrence avec La groupie du pianiste pour se voir attribuer la première place du Top 50.

De même, sur cette lancée, serions-nous étonnés de voir Elton John se sentir proche de l'univers de Michel Berger ? Le piano n'est-il pas le dénominateur commun de ces deux artistes ? Ce rapport passionné avec les touches blanches et noires justifiera qu'à l'écoute de ses chansons, le musicien anglais proposera une collaboration (commerciale, il va sans dire) avec Berger, pour un Donner pour donner interprété en duo avec France Gall sur la face B d'un single sorti en 1990.

par ELIAN JOUGLA (Piano Web – 02/2023)


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