HISTOIRE DE LA MUSIQUE ET DES INSTRUMENTS



L’ORGUE ÉLECTRONIQUE, ÉVOLUTION ET DÉCLIN

L'orgue est l'ancêtre des instruments à clavier et il a traversé au fil de son histoire diverses transformations. Passant des modèles à tuyaux à ceux électromécaniques, les constructeurs se sont finalement rangés aux côtés des synthétiseurs en produisant de nombreux exemplaires électroniques dotés d'automatismes durant les années 1970/1980.


LA PART TECHNIQUE : DU MÉCANIQUE À L'ÉLECTRONIQUE

LES ORGUES MÉCANIQUES

À l’origine, l’orgue est un instrument acoustique doté d'une mécanique artisanale et qui fonctionne en injectant dans ses tuyaux de l'air sous pression. C’est durant le 19e siècle que l’instrument va se voir doter de quelques « gadgets » avant de devenir « électrique » à la fin du même siècle grâce aux recherches conduites par William Duddel sur l’arc électrique. Quelques années plus tard, après 1910, l’arrivée de l’amplification et de l’oscillateur électrique allait donner naissance à l’« orgue moderne ».

© Hammond (ebay.fr) - Une photo publicitaire de l'orgue d'appartement Hammond R-100 (début des années 1970)

L'« orgue moderne » se divise en deux catégories essentielles : les électromécaniques et les électroniques.

Dans la catégorie des orgues électromécaniques, nous placerons trois types d’instruments : l’orgue électromagnétique (type orgue Hammond, du nom de son inventeur), l’orgue électrostatique (type Jean-Adolphe Dereux, capable de reproduire les sons de vrais orgues à tuyaux, mais sans tuyaux grâce à des disques) et un troisième, qui semble pourtant fort éloigné : le Mellotron. Pourquoi ?

Ces trois instruments ont en commun d’employer des générateurs mécaniques, mais dans les deux premiers cas, il s’agit d’une série de roues gravées dont la « forme » représente celle de l’onde à reproduire, tandis que pour le troisième, ce sont des bandes magnétiques préenregistrées qui sont utilisées ; chacune délivrant une forme d'onde correspondant à une hauteur de note précise.

Toutefois, le principe de base du Mellotron demeure identique à celui des orgues électromagnétiques ou électrostatiques, même si son mode de fonctionnement rappelle étrangement le sampleur (les bouts de bande étant remplacés dans ce cas par des échantillons sonores stockés en mémoire). La conception du Mellotron est restée unique et n'aura pas de suite, sauf celle de servir de précurseur, en mettant un pied dans la reproduction d'instruments acoustiques dès les années 1960.


LES ORGUES ÉLECTRONIQUES (PRINCIPE DE BASE)

Ces instruments permettent d’obtenir des sons complexes. Il suffit pour cela que la forme du « son » corresponde à celle que l’on désire.

La structure de ce genre d’orgue peut être simple ou complexe. Quand sa structure est élémentaire, chaque note est produite par un oscillateur. Puis, en second lieu, une série de diviseurs (basée sur une échelle établie) reconstitue les octaves inférieures. Par recombinaison de ces dernières, on modifie alors la réponse spectrale (harmonique) d’un son. La justesse à l’octave est rigoureuse, mais chaque note peut se dérégler par rapport aux autres.

L’électronique sophistiquée autorisée par les circuits intégrés a permis de réduire les réglages à un seul, grâce à un calculateur (un diviseur) qui, à partir d’une fréquence élevée, donne toute une série de notes, celles de la gamme tempérée. Ensuite, il ne reste plus qu’à établir les divisions.


LA PART D’ESTIME : RENDONS À L'ORGUE CE QUI LUI APPARTIENT

Avant que les synthétiseurs ne prospèrent, l’orgue électromécanique était considéré comme un instrument à la pointe de la technologie. Dans les années 1950, l’orgue Hammond, le premier, avait su séduire les musiciens. À cause de ses avantages et de sa « sonorité perméable », un nombre important de claviéristes l'adopteront en le plaçant au cœur des formations de jazz et de rock.

Pourtant, si l'orgue moderne a su anticiper les premières révolutions technologiques du 20e siècle, dans les années 1970, les principaux constructeurs évalueront bien mal le virage commercial annoncé par l'arrivée des synthétiseurs sur le marché. D’une part, la filiation du pianiste vers ce genre de clavier était plus naturelle. L'utilisation de l'orgue, pour lequel il faut souligner l'usage du pédalier, réclame une approche de jeu fort différente. L'instrument exige un temps d'adaptation pour livrer sa musicalité. Et d'autre part, le synthétiseur est un instrument s’adaptant bien mieux que l'orgue à la recherche sonore et au désir pour de jeunes formations d'affirmer leur propre personnalité. Ce qui, de nos jours, est encore d'actualité.

© Farfisa  - Une photo publicitaire pour les orgues Farfisa (1978)

Cependant, l'orgue n'a pas totalement sombré. L'instrument possède une nature noble. Son apparence est réconfortante, solide. Durant un temps, sa chance sera d'être plus estimé que le synthétiseur dont la portée créative est mal perçue. Nombreux étaient les pianistes et les organistes qui le considéraient comme un gadget ou, dans le meilleur des cas, comme un instrument d'appoint.

Dans les années 1970, l'orgue continue de prospérer grâce à des constructeurs (japonais pour l'essentiel) qui misent sur le développement et l'implantation des circuits électroniques et de la miniaturisation. L'orgue ne va pas y échapper. Pour l'amateur et le débutant, les modèles tout électronique seront considérés comme une véritable aubaine. Leurs fonctions avaient de quoi séduire, en particulier les automatismes incorporés (boîte à rythmes, accords, arpèges...) et les pseudos imitations d’instruments acoustiques dont ils étaient pourvis. L'instrument accrochait le regard et il devenait un concurrent redoutable pour le piano, notamment aux États-Unis.

Sous l'impulsion des constructeurs américains, puis japonais, une multitude d'écoles d'orgue allait naître et asseoir un commerce fructueux. En un rien de temps, l'enseignement particulier était devenu collectif avec pour chaque élève un orgue, un casque et un tableau de commande. Les deux arguments majeurs reposaient sur les tarifs pratiqués et la méthode utilisée. Chaque enseignant était formée à cet exercice, et l'école promettait de savoir interpréter au bout de quelques semaines des mélodies populaires avec un minimum de pratiques. Cette approche, certes contestable, rebondira de la même façon dans les années 1980 avec le piano numérique. Cela indiquait également la fin de l'engouement pour l'orgue électronique, d'autant que durant ce laps de temps, les parts de marché revenant au piano numérique et au synthétiseur n'avaient pas cessé de grossir.

© Megodenas (wikimedia) - Une photo publicitaire concernant l'Elka X30, un orgue portable conçu pour les musiciens professionnels. Datant de 1985, on notera sa possibilité de mémoriser des sons et son implantation du protocole MIDI.

Depuis, si l'orgue électronique à accompagnement automatisé est devenu une relique pour quelques collectionneurs, ceux électromécaniques poursuivent leur discrète existence sur scène et en studio. Cette pérennité est due, pour l'essentiel, à des claviéristes confirmés et spécialistes de l'instrument, convaincus que sa chaude sonorité héritée du passé et sa maniabilité en live continuent de demeurer un atout face à l'hégémonie des sons échantillonnés et mis en boîte dans leur « sarcophage » épéhémère.

Piano Web (12/2022)

À CONSULTER

L'ORGUE ÉLECTRONIQUE, USAGE ET FONCTIONNEMENT

LE FONCTIONNEMENT DE l'ORGUE HAMMOND

L'ORGUE ÉLECTRONIQUE, USAGE ET FONCTIONNEMENT


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