MATÉRIEL DE MUSIQUE



ORGUE NUMÉRIQUE OU ORGUE VIRTUEL, LEQUEL CHOISIR ?

L’orgue à tuyaux, cet imposant instrument qui prend place dans les églises et autres lieux de culte, existe aussi à travers des versions numérisées. Quels sont les avantages et les inconvénients de ces orgues échantillonnés ?


UNE QUESTION DE TAILLE

Le gros inconvénient d’un orgue à tuyaux, ce sont justement ses tuyaux ! Une fois installée, l’instrument reste sur place. Les plus grands tuyaux dépassant sans problème les trois mètres en hauteur, on imagine très mal cet instrument chez soi, à moins de faire sauter le plafond ! De fait, l’organiste est toujours obligé de se déplacer pour répéter et travailler sur le son qui caractérise l’instrument. Contrairement à l’orgue électrique (par exemple le Hammond B3), un orgue à tuyaux est un modèle unique, avec ses nuances et ses possibilités qui lui sont propres (consulter : L'orgue classique : description et fonctionnement).

L’orgue électrique n’a jamais été conçu pour supplanter un orgue à tuyaux, même si on le rencontre dans certaines églises (surtout aux États-Unis) pour accompagner les chants de gospel. Sa destination première est devenue celle des musiques jazz et rock, à la différence de l’harmonium qui s’est souvent substitué à l’orgue à tuyaux pour des raisons de place ou de coût (l’entretien d’un orgue à tuyaux peut être onéreux).

Le principe de l’harmonium est sensiblement le même que celui à tuyaux, la petite différence se situant au niveau des anches, qui au lieu d’être battantes, sont libres (comme pour l’accordéon), ce qui autorise une amplitude sonore assez importante (du piano au forte). L’harmonium est notamment indiqué pour accompagner les chants. Il n’a pas pour vocation d’être un instrument de concert, et bien qu’il dispose de plusieurs registres, il est généralement équipé d’un seul clavier.

source : 'www.orgelbau-erz.de' - Harmonium (mod. Lindholm)

Aujourd’hui, en lieu et place de l’harmonium ou de l’orgue électrique, les lieux de culte font parfois appel à l’orgue numérique, tout aussi ergonomique que ses prédécesseurs, mais bien plus pratique, et avec des capacités sonores plus étendues.


L’ORGUE VIRTUEL

Étant donné les progrès accomplis dans l’échantillonnage, et comme de plus la restitution crédible d’un son d’orgue offre moins de contrainte que celui du piano (c’est flagrant dans le domaine de la synthèse soustractive), les constructeurs ont adopté les grandes lignes qui existaient déjà sur d’autres instruments, comme avec le piano numérique, et les ont adaptées en tenant compte des impondérables liés à l’orgue à tuyaux.

Techniquement parlant, l’orgue est ainsi passé par plusieurs étapes successives : électromécanique (comme avec l’orgue Hammond), électronique (en s’inspirant des oscillateurs équipant les synthétiseurs), jusqu’au modèle numérique basé sur l’expérience de l’échantillonnage. Tout comme le piano numérique, les sons échantillonnés proviennent d’un véritable orgue à tuyaux et sont enregistrés à l’aide de plusieurs micros disposés de façon à obtenir un son plus ou moins spatialisé et réverbéré.

Dans le domaine virtuel, les sons de l'orgue à tuyaux sont reproduits par un logiciel. Un équipement basique suffit à son utilisation : un simple (ou double) clavier de commande accompagné d’un pédalier de même nature ; une interface MIDI ; une carte son (de qualité et adaptée) ; et des sorties audio dirigées vers une amplification.

Le contrôle de l’orgue virtuel se présente généralement sous la forme d'une console qui s’affiche sur un petit écran où sont réunies toutes les commandes, du clavier jusqu’aux registres en passant par les pédales d’expression. En fonction des modèles, l’utilisateur peut disposer d’un nombre de commandes limité ou au contraire disposer d’un contrôle total sur les sons et les effets.

source : 'stuartshauptwerkproject.blogspot.fr - Digital organ (St Anne's Moseley)

La qualité des sons stockés dans sa mémoire (un disque dur par exemple) est étroitement liée aux soins apportés durant la phase de l’échantillonnage, du moins en partie, car la qualité de l’amplification joue toujours un grand rôle. Un de ses atouts sur l’orgue à tuyaux est de permettre l’utilisation de sonorités empruntées à différents orgues à travers le monde, de l’orgue romantique français, jusqu’à l’orgue baroque et l’orgue de Barbarie, voire celui que le public écoutait dans les salles de spectacle et de cinéma au début du 20e siècle ! La qualité sonore est souvent au rendez-vous, jusqu’à reproduire les bruits mécaniques du clavier, l’ouverture des clapets et le lancement des registres.

Généralement, le véritable organiste préfère utiliser l’orgue numérique : l’apparence du meuble, la maniabilité, les commandes physiques, le tout en un, etc. En revanche, la version virtuelle sera pratique pour celui ou celle qui travaille habituellement en MAO. L’utilisation d’un grand nombre d’échantillons numérisés prêt à l’emploi (1), l’échantillonnage réalisé en 4 canaux distincts, l’inversion des claviers, les fonctions simplifiées d’enregistrement, l’enrichissement des banques de sons et bien d’autres avantages peuvent influencer le choix, l’aspect économique aussi, d’autant plus si l’utilisateur possède déjà une partie de l’équipement (ordinateur, amplification, enceintes…). Sachez également qu’il existe des consoles MIDI allant jusqu’à 5 claviers et pédalier spécialement conçues pour piloter ce genre de logiciel.

1 – Sur Internet, on peut trouver des banques de sons gratuites ainsi que des logiciels de simulation d’orgue sous licence libre.


LE SON DE L’ORGUE NUMÉRIQUE ET SES LIMITES

Le premier désir de l’organiste est de retrouver les sons d’un véritable orgue à tuyaux avec toutes ses nuances et subtilités. La finalité de l’électronique qui prend place à l’intérieur de l’orgue numérique est de se rapprocher au maximum de cette sensation sonore éprouvée au contact du véritable instrument. Hormis la présence des tuyaux, l’orgue numérique ressemble étrangement à son homologue acoustique : deux ou trois claviers, un pédalier et des jeux disposés de part et d’autre de l’instrument.

Les organistes les plus exigeants reprocheront à l’orgue numérique les mêmes limites sonores que celles rencontrées avec le piano échantillonné, à savoir une profondeur sonore moins ample et des « nuances cadrées », synonyme d’une émotion musicale plus restreinte. Si on est très exigeant, il semble évident que le rôle joué par une acoustique naturelle, aussi ample et aussi complexe que celle d’une église, est limité par l’échantillonnage et le paramétrage de l’instrument, aussi puissant soit-il… sans oublier que cette inégalité est toujours sensible d’un modèle à l’autre, et qu’une fois de plus, sans y mettre le prix, se rapprocher de la perfection semble bien être un vœu pieu.

Cela dépend également de la volonté du constructeur d’aller au devant de l’attente du client et de ses exigences. Souvent pour une question de coût, les constructeurs recherchent une sorte de compromis qui puisse satisfaire le plus grand nombre d’utilisateurs. On ne peut leur reprocher cela. N’oublions pas que la perfection sonore, si tenté qu’elle existe, est toujours sujette à une dose de subjectivité.

Dans les faits, le son produit par un tuyau d’orgue n’est ni stable ni uniforme. Les ondes stationnaires qu’il génère, en entrant en phase les unes avec les autres, provoquent des oscillations harmoniques plus ou moins indésirables. Lors de l’échantillonnage, il est donc indispensable de capturer ces imperfections pour crédibiliser le son originel. Or, le recours au traitement informatique est parfois utilisé pour les reproduire. Cet aspect artificiel du traitement sonore ne peut bien évidemment traduire les qualités, la richesse et la diversité du son original. Un orgue numérique de qualité ne devrait contenir que des longs échantillons, mais une fois de plus, le constructeur se heurte souvent au coût de production.

La procédure qui permet l’échantillonnage d’un orgue est fort complexe. L'opération, si elle est bien conduite, exige d’enregistrer et de numériser tous les jeux note à note, tout en tenant compte de l’acoustique du lieu, plus ou moins réverbéré, et accompagné des « défauts naturels » qui se présentent (bruits, résonances...). La collecte de ses sons demande un traitement par un ordinateur très puissant. La capture de chaque échantillon doit être constituée de l’attaque du son, de sa tenue (quand la touche reste enfoncée) et de son relâchement.


L’ORGUE NUMÉRIQUE EN SITUATION

Il est évident que suivant sa destination, à domicile, dans une église ou à l’occasion d’un concert, l’orgue numérique trouvera plus ou moins sa place. À domicile, il peut devenir triomphal, car le son diffusé dans un petit espace est plus facile à contrôler, mais dans une église, même petite, l’orgue numérique montre parfois quelques limites (dispersion du son, par exemple). Toutefois, l’instrument possède pratiquement les mêmes avantages que le piano numérique.

Malgré un poids qui peut être important, tout comme le piano numérique, il demeure transportable et peut donc faire face à une situation d’urgence. Il est possible de jouer en silence avec un casque. L’entretien est minime, car l’instrument ne se désaccorde pas. Autre point commun avec le piano numérique, la possibilité de s’enregistrer grâce au MIDI. Enfin, l’accessibilité à plusieurs styles de son (baroque, romantique, etc.) et types de tempérament (égal, mésotonique, etc.).

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