TIGRAN HAMASYAN : PIANO SOLO ROQUE D'ANTHÉRON

L’édition 2011 du festival de la Roque d’Anthéron accueillait dans son cadre idyllique un jeune pianiste de jazz arménien très prometteur, Tigran Hamasyan. Féru de jazz dès le plus jeune âge, mais aussi paradoxalement de rock métal, Tigran étudie l’improvisation d’abord en autodidacte avant de l’aborder plus en profondeur à l’Université de Californie du Sud de Los Angeles. Remarqué par quelques légendes du « jazz moderne » tels Herbie Hancock, Chick Corea, Wayne Shorter ou John McLaughlin, son parcours atypique lui a déjà permis de s’exprimer dans de nombreux festivals (Montreux, Montréal…) à la tête de son quintet ou comme ici en solo ; exercice qu’il affectionne et dans lequel il peut laisser éclater son jeu contrasté, ses mélopées d'inspiration traditionnelle, éminemment complexes, et que soutiennent à l’occasion des mesures irrégulières, comme il en existe bien souvent dans les répertoires orientaux.

Tigran Hamasyan : Rain Shadow / What the Waves Brought
(Festival de piano de la Roque-d'Anthéron 2011)

Dans ce lieu fréquenté par les amoureux du piano, ses longues improvisations résonnent. À la fois mélancoliques et amers, les chapelets de notes sont en lutte avec une rudesse rythmique bien présente et une métrique insaisissable. Nul doute, Tigran Hamasyan maîtrise son sujet. Les couleurs mélodiques qui s’échappent du piano laissent transparaître une profonde connaissance des musiques arméniennes. Ses doigts voltigent entre tradition et modernité, Occident et Orient. Il en ressort pour nos chastes oreilles occidentales quelques transgressions sonores parfois déconcertantes, mais au revers captivants quand elles daignent nous y entraîner.

Par ELIAN JOUGLA