QUEL EST L'ÂGE IDÉAL POUR ÉTUDIER LA MUSIQUE CHEZ UN ENFANT


LE COURRIER DES INTERNAUTES



Christian - La Grande-Motte

Bonjour,

En consultant divers forums consacrés à la musique, j’ai voulu savoir quel pouvait être l’âge idéal pour un enfant qui souhaiterait apprendre la musique. Les avis divergent. Certains intervenants disent que l’on peut commencer très tôt (3 ans) par de l’éveil alors que d’autres préconisent un âge plus avancé, quand on commence à lire au CP. Les différentes réponses que j’ai pu lire démontrent qu’il n’existe pas un âge plus valorisant qu’un autre et que cela dépend avant tout de l’enfant. J’aurais aimé connaître votre avis sur la question ? Merci.


Piano Web

La question revient souvent, un peu comme si l’âge était un critère absolu avant de commencer quoi que ce soit en musique. Du reste, le site a déjà abordé la question de l’âge à différentes reprises et pour diverses raisons :

Nous avons même placé un sondage sur le sujet : À quel âge apprendre le piano ?


DÉDRAMATISER LA MUSIQUE ET NE PAS SURÉVALUER LE CRITÈRE DE L’ÂGE

Que ce soit par rapport à l’utilisation d’une méthode, par rapport à la pratique d’un instrument ou l’apprentissage d’un style de musique précis, l’âge est un critère subjectif. Chez l’enfant, il s’implique à des degrés divers en fonction des paramètres psychologiques (éveil, sensibilité, maturité, curiosité, etc.), des dispositions physiques naturelles (morphologie, souplesse, endurance, etc.), mais aussi dans sa façon de manifester son désir. Cependant, la question que se posent généralement les parents est beaucoup plus scolaire :

Peut-on commencer l’étude de la musique avant l’âge de l’apprentissage de la lecture à l’école ?

Cette question est généralement suscitée par la crainte du refus que pourrait provoquer l’apprentissage de la lecture de notes à un âge plus avancé, la préadolescence étant propice aux changements. C’est la « crise » de la puberté. En même temps, tout parent consciencieux comprendra fort bien que les capacités d’assimilation soient liées à l’âge. Commencer tôt peu être une chance, mais à condition d’y mettre les formes. Le suivi pédagogique doit être conduit intelligemment. L'idéal est de procurer à l’enfant une activité musicale brève, mais régulière de manière à ce qu’elle devienne aussi naturelle que la lecture et l’écriture de l’alphabet.

L’autre point important à soulever tient dans la dédramatisation de la musique. Trop souvent, les premiers pas qui conduisent à la connaissance sont accomplis dans la précipitation. Le stress est là alors que l’apprentissage devrait l’ignorer. Une pratique individuelle ou collective peut changer bien des comportements. À tort, on privilégie trop fréquemment le cours individuel au détriment du jeu en collectif pour des raisons d’efficacités, de résultat.

Dans les familles où la sacralisation de la musique tient une place centrale, sa pratique a également ses revers et peut conduire tout enfant soi-disant « docile » - et après des années d’études musicales - à une sorte de refus, de désobéissance soudaine, à des manifestations colériques ou à des pleurs au moment de l’adolescence.

Pour se réaliser dans de bonnes conditions, l’apprentissage de la musique doit emprunter des chemins de traverse. Par exemple, pour apprendre le piano, passer auparavant par du chant, de l’éveil musical, du rythme avec des percussions tout en glissant de temps en temps un peu de piano n’est pas une mauvaise idée. Le pire serait certainement d’obliger l’enfant car, dans ce cas, on court le risque de le dégoûter définitivement de la musique.

Contraindre son enfant à une activité qu’il ne goûte pas, pour laquelle il ne montre que peu d’aptitudes ou qu’il néglige alors qu’elle pourrait lui procurer de grandes joies, sera une source de culpabilité pour des parents soucieux de donner la meilleure éducation possible. Toutefois, il est important de ne pas rentrer dans la spirale de la réussite à tout prix. La pression parentale doit avoir des limites, même si certains musiciens prétendent que leur réussite professionnelle ait été due, tout du moins en partie, à l’exigence de leurs parents.


POURQUOI L’ÂGE EST-IL SI IMPORTANT ?

À travers ces différentes observations, on se rend bien compte que l’âge de l’enfant est secondaire si le désir d’apprendre, de travailler, est là. Alors pourquoi l’âge tient-il une place aussi importante ?

D’abord, l’apprentissage de la musique - et plus exactement la maîtrise technique d’un instrument - nécessite plusieurs années d’un travail constant pour aboutir à un résultat. Ce résultat dépend bien sûr des objectifs à atteindre, mais aussi du type d'enseignement suivi. L’âge optimal dépend aussi de la psychologie de l’enfant, de sa curiosité naturelle à découvrir, à s’armer contre les imprévus. Il est évident que l’autonomie d’un très jeune enfant nécessite toujours plus d’attention de la part des parents. Or, les parents ne sont pas toujours armés pour y faire face (d’où la nécessité de communiquer avec l’enseignant). Cependant, en commençant tôt (mais pas trop tôt), on « conditionne » l’enfant dans sa confrontation avec lui-même, d'un côté entre ce qui lui procure du plaisir et de l'autre ses obligations. Devenu adolescent, l’expérience accumulée lui permettra de rebondir avec plus de rapidité et d’efficacité.

Contrairement à l’enseignement privé, dans les conservatoires l’âge rentre en ligne de compte. En fonction des instruments pratiqués - sauf cas exceptionnel -, il existe un âge minimum : violon, piano, flûte à bec à partir de cinq ans ; guitare, violoncelle, accordéon, batterie à partir de sept ans ; clarinette, saxophone à partir de 8 ans. L’âge est lié à un programme, ce qui implique chez l’enfant de suivre la cadence imposée sans égard ou presque vis-à-vis de sa sensibilité et de son développement psychique. À cela, on rétorquera qu’un enfant normalement constitué est en capacité d’apprendre vite et d’être normalement agile, cependant, un système d’apprentissage construit autour d’un programme unique ne pourra servir qu’une minorité. On ne compte plus les jeunes artistes abîmés prématurément et laissés sur le bord de la route faute de réponses adaptées !

Enfin, le mythe du jeune prodige est ancré profondément – consciemment ou inconsciemment – dans la mentalité du grand public, mais aussi, et c’est fort regrettable, chez de nombreux musiciens professionnels. Non, il n’est jamais trop tard pour apprendre la musique et la pratiquer ! À dix-huits ans, on n’est pas un vieillard et nombre de musiciens émérites ne se sont pas construits en ayant commencé l’étude de la musique à l’âge de cinq ans. En musique, les jeux ne sont jamais faits, et c’est une chance que de pouvoir y concourir !

Par ELIAN JOUGLA

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