LES QUESTIONS DU CANDIDE



MÉTHODE POUR DÉCHIFFRER UNE PARTITION DE PIANO

Quand on n’est plus au stade du pianiste débutant, que les doigts se posent sur le clavier sans appréhension, le maître-mot est d’avancer sereinement, de progresser en se posant seulement les bonnes questions. Pour aller dans cette direction, il faut tout d'abord aborder l’étude de la musique avec méthodologie…


DES PRINCIPES QUI ONT FAIT LEUR PREUVE

Qui dit méthodologie, dit trouver une méthode de travail qui convient à soi. Je n’exposerai pas une fois de plus les avantages et les inconvénients des méthodes vendus dans le commerce étant donné que le sujet a déjà été abordé ici : Suivre une méthode de musique. De la façon de travailler la musique dépendra votre capacité à avancer sereinement. Il est donc très important de se pencher sur cette question cruciale.

La première barrière à surmonter est de ne jamais avoir le sentiment de perdre son temps. Cette sensation, bien ancrée dans notre époque, a hélas toutes les chances de conduire l'impatience du musicien dans les ornières de l'échec et non de la réussite.

Si vous travaillez un morceau du début à la fin en cafouillant toujours au même passage, n’imaginez surtout pas qu’à force de le voir et de le revoir vous progresserez ! Faites preuve d’observation… La majorité des œuvres musicales peuvent être découpés en fragment.

Pour résoudre un passage délicat, isolez-le. Démarrez de la mesure précédente et intégrer progressivement les différentes difficultés, quitte à travailler mains séparées dans un premier temps. Puis, quand les difficultés techniques sont résolues, que la mise en place est assimilée, il est important de remettre dans son contexte le passage en question en reprenant, non pas du début, mais seulement d’un autre découpage plus en amont.

Cette pratique, adaptable à n’importe quel niveau de maîtrise instrumentale, permet de gagner un temps précieux et évite de se décourager.

© Steve pixabay.com


ENREGISTRER LE MORCEAU DANS SA TÊTE

Quand on utilise un instrument accordé comme le piano pour lequel chaque note est déjà étalonnée, l’oreille ne va pas chercher plus loin. Étant d’un naturel faignant, si elle est en mesure de percevoir naturellement le juste du faux, c’est une grande chance pour celui qui la détient. Alors autant ne pas gâcher cet acquit et le faire fructifier.

Les occasions de se servir de nos oreilles sont nombreuses. Face à l’étude d’un morceau, son écoute préalable et intensive permet de mémoriser plusieurs paramètres : la mélodie, l’accompagnement et l’interprétation. Le but ici n’est pas d’imiter l’enregistrement original joué par le professeur ou par un grand pianiste, mais de s’immerger suffisamment dans l’œuvre pour que, lors de la phase de son apprentissage, diverses sensations remontent à la surface comme la résurgence de la mélodie ou de l’accompagnement, la vitesse, les nuances, etc.


LA QUESTION DU DOIGTÉ

Souvent déterminant quand le pianiste manque de pratique, le choix du doigté est à relativiser quand le pianiste a acquis de l’expérience, non pas que le doigté ne joue plus son rôle, mais il réclame une attention toute différente. Sauf à être confronté à un passage difficile ou délicat, le doigté est comme anticipé par le pianiste à force d’avoir parcouru l’étendu du clavier via différents traits techniques. Dans ce cas, la pratique instrumentale joue bien sûr un grand rôle.

Quand on est pianiste débutant, respecter le doigté écrit sur la partition est primordial (bien que parfois des doigtés alternatifs puissent être évoqués). Lors d’un même passage, le fait de changer de doigt sur une même note témoigne d’une mauvaise mémorisation et peut-être d’un handicap technique. Dans ce cas, il faudra effectuer plusieurs répétitions dudit passage pour que le bon doigté devienne mécanique.


LA QUESTION DU RYTHME

Le rythme est certainement la phase de l’apprentissage du morceau la plus délicate. La méthodologie est de première importance. Dans le cas du déchiffrage d’une partition, ce qu’on appelle « avoir le sens du rythme » ne sert pas à grand-chose si l’on n’est pas en mesure d’interpréter la moindre des figures rythmiques. Or, le déchiffrage passe obligatoirement par l’assimilation de combinaisons rythmiques, voire de polyrythmies au moment d’associer les deux mains.

Deux techniques s’affrontent : celle qui compte les temps et celle qui les marque en battant du pied. Dans l’idéal, peu importe le procédé tant que l’on conserve une sensation de facilité.

Il faut tout d’abord pulser de façon stable. De la régularité du tempo dépend la maîtrise du rythme et de ses figures. N’oublions pas que dans un morceau de musique, le pianiste est confronté à une suite de figures rythmiques toutes différentes qu’il doit apprendre à assembler. La maîtrise de chaque figure rythmique prise isolément ne suffit pas. Ce n’est qu’une première étape.

Quand un trait technique est difficile parce qu’il regroupe plusieurs difficultés au même moment : notes distantes (jeu horizontal), suite d’accords (jeu vertical) et rythmes dissociés (différents aux deux mains), il convient, comme pour la lecture des notes, de travailler les rythmes sur un même plan relationnel, c’est-à-dire en les séparant dans un premier temps de l’harmonie et de la mélodie. L’utilisation d’une même note ou d’un même accord à chaque main conviendra parfaitement. Le travail mains séparées n’est pas à exclure.

Une telle approche, même si elle s’avère nécessaire, ne doit pas devenir comme une habitude qui s’installe. À long terme, elle pourrait même devenir néfaste. Cette façon de procéder doit s’effectuer plus rarement au fil du temps pour s’habituer à la simultanéité des gestes et à leur coordination. De même, s’initier à lire verticalement de bas en haut (main gauche/main droite) doit devenir une habitude, étant donné le nombre incalculable de combinaisons rythmiques, harmoniques et mélodiques provoqué par la polyphonie de l’instrument.


À LA RECHERCHE DE LA BONNE NUANCE

Quand le morceau est acquit du point de vue technique, le plus important est à suivre. Déchiffrer un morceau est une chose, l’interpréter en est une autre. Sur ce plan-là, une approche « psychologique » de l’œuvre est parfois/souvent nécessaire. Le respect des nuances écrites sur la partition ne donne que des indications globales, car sur le fond, l’expression de la joie, de la colère ou de la tristesse, qui est le propre à chacun de nous, tisse en réalité notre véritable relation avec l’interprétation et l'instrument que nous avons sous les doigts.

D’autre part, l’aboutissement d’un travail approfondi conduit souvent à « l’appris par cœur ». La relation avec le morceau change et se vit bien plus de l’intérieur en s'accompagnant de nouvelles sensations. Le regard peut alors se détacher de la partition. L’écoute et la relation à l’instrument se positionnent plus naturellement - ce qui permet d'ailleurs, par manque de concentration, à des défauts de refaire leur apparition. De cet « appris par cœur » découle différentes mémorisations : la gestuelle (la technique), la visuelle (la partition) et l'anticipation ; l’une des trois conduisant parfois à détenir les deux autres, ce qui est nettement préférable de façon à éviter la phobie du trou de mémoire.

« L’appris par cœur » n’est pas une obligation en soi, même si elle émancipe le discours musical quand toutes les conditions sont réunies. On peut très bien envisager la présence de la partition comme un pense-bête quand on redoute « le blocage », où se préparer à « l’appris par cœur » en cherchant à mémoriser, par jeu, tel ou tel passage. C’est une bonne attitude pour surmonter sa peur, pour ne plus redouter l’échec.

Certains enseignants préconisent également « le travail sur table » qui consiste à lire la partition avec attention pour ensuite l’enregistrer mentalement avec tout ce qu’elle contient (nuances, doigtés, figures rythmiques…) Cette pratique, si elle ne favorise pas forcément « l’appris par cœur », permet d’obtenir plus d’efficacité devant la partition. De même, être filmé peut se révéler utile pour observer des défauts mineurs, redondants ou pas, que seul chez soi on ne peut pas toujours relever ou constater avec autant de précision (position des mains, anticipation, mise en place rythmique, etc.)

Bien que n’abordant pas le jeu en collectif qui soulève de son côté d’autres problèmes, ces quelques conseils et observations visent à trouver un équilibre satisfaisant portant sur le temps passé, l’efficacité et le rendement pour obtenir un résultat correct. Il ne s’agit pas de viser des objectifs de perfectionniste, mais d’appliquer une technique de travail qui permet au plaisir de rester présent. Travailler beaucoup n’est profitable que si l’on possède une bonne maîtrise de l’instrument, cela permet de jouer avec aisance et au plaisir de ne pas s’évanouir. L’exécution d’une partition doit toujours rester une récréation permanente.

Par ELIAN JOUGLA

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LES DISCIPLINES MUSICALES, FAIRE LE BON CHOIX

LE SOLFÈGE, LE RYTHME ET LE DÉCHIFFRAGE

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