HISTOIRE DE LA MUSIQUE : LES PIANISTES DE JAZZ
Pianiste proche de Bill Evans, jouant des silences pour créer une musique proche du recueillement, Paul Bley a un style bien personnel. Ses improvisations, d'une densité remarquable, ne sont pas sans rappeler la musique impressionniste française, mais son talent est contrarié par le désir d'être aux côtés des avant-gardistes et par un sens de l'harmonie classiquement contraignant.
PAUL BLEY : ALRAC (Live 1973)
Jouant les accords avec tout leur poids, avec une lenteur démesurée, mais aussi avec des relances rythmiques inattendues, le jeu de Paul Bley se veut économique et profond. Il est, avec le pianiste Bill Evans, le fondateur d'un certain "jazz de chambre", au discours intimiste. Dans cette optique, il crée un trio dans les années 60 constitué de Steve Swallow à la basse et de Jimmy Giuffre au saxophone.
Les disques enregistrés pendant cette période rendent compte de ce jazz à la limite du somnambulisme, mais ne cédant jamais à la facilité. La musique de Paul Bley n'est pas une musique planante, elle ne tombe pas dans une forme de routine, dans un nombrilisme satisfaisant. Proche d'un Keith Jarrett, mais jouant moins sur la virtuosité, le jeu de Paul Bley ne "pleurniche" pas, il est toujours en connivence avec ses complices. Les disques enregistrés avec Gary Peacock en témoigne.
Même si dans les disques enregistrés par le pianiste tout bouge avec une pulsation propre au jazz, le développement musical, quant à lui, est partagé entre fracture et fluidité, condensé et essentiel comme les compositeurs classiques Debussy ou Ravel ont su si bien l'écrire à leur époque.