HISTOIRE DE LA MUSIQUE : LES PIANISTES DE ROCK



EKSEPTION BIOGRAPHIE, RICK VAN DER LINDEN PORTRAIT

Rick Van Der Linden (1946/2006) est un pianiste néerlandais, de formation classique, qui s'est rendu célèbre au tout début des années 70 en rejoignant le groupe Ekseption (1967). Cette formation dans l'esprit de The Nice ou de Emerson Lake & Palmer aura pour spécialité d'adapter les grandes œuvres de compositeurs classiques (Beethoven, Bach…) à la sauce pop/jazz. Prenant en main la formation, Rick Van Der Linden réalise alors tous les arrangements musicaux et la presque totalité des compositions. En 1974, il forme le groupe Trace, marqué également par de nombreuses références de formes classiques. À l'écoute de l'ensemble de sa discographie (48 albums et quelques 6 millions de disques vendus), on s'aperçoit que ses qualités de pianiste virtuose ont souvent été mises en avant, comme ses improvisations, aux couleurs nettement "jazzy".


RICK VAN DER LINDEN : LES DATES IMPORTANTES DE SA VIE

  • 1946 - Naissance de Rick van der Linden à Groningen en Hollande, le 5 août 1946. Il grandit à Haarlem (Hollande) et apprend à jouer du piano dès l'âge de 10 ans, jusqu'à obtenir un premier prix d'honneur à l'école de musique de Den Haag pour son travail d'harmonie et de contrepoint. Il devient professeur de musique à l'école de musique de Haarlem et a l'occasion de jouer avec plusieurs orchestres symphoniques.
  • 1964 - Il s'oriente vers la musique jazz et rock et joue au sein de plusieurs groupes locaux (Occasional Swing Combo).
  • 1967 - Rick van der Linden en compagnie de Rob Kruisman (saxophone, flûte, guitare, chant) rejoint le groupe Ekseption composé à cette époque d'Hans Alta (basse), Rein van den Broek (trompette), Tim Griek (batterie) et Huib Van Kampen (guitare, saxophone). Ekseption, anciennement The Jokers, est un groupe qui a pris naissance à l'école de Haarlem et qui joue un mélange de rhythm and blues et de jazz.
  • 1969 - Le groupe remporte un concours de jazz local et enregistre son premier album chez Phonogram intitulé Ekseption. Tim Griek et Hans Alta sont remplacés par Cor Dekker (basse) et de Peter de Leeuwe (batterie). Premier succès avec l'arrangement de la 5e symphonie de Beethoven.
  • 1970 - Le second album du groupe Ekseption, Beggar Julia's Time Trip, reçoit un Edison Award Mucic.
  • 1971 - L'album 00.04 est enregistré avec la participation du Royal Philharmonic Orchestra de Londres.
  • 1973 - Le groupe Ekseption tourne à travers l'Europe et en particulier dans les pays scandinaves où le groupe est très populaire.
  • 1974 - Face aux ventes décevantes du 6e album Trinity, Rick van der Linden décide de quitter Ekseption pour former le groupe Trace.
  • 1980 - Quelques années après la dissolution du groupe Trace (en 1976), Rick van der Linden, avec un ancien compagnon d'Ekseption, Rick van der Broaek (tp), enregistre l'album Cum Laude qui remporte un certain succès.
  • 1989 - La formation Ekseption est réunie de nouveau pour un enregistrement intitulé Ekseption'89.
  • 2001 - Rick van der Linden enregistre l'album Vivace.
  • 2003 - Rick van der Linden et Thijs Van Leer (flûte, ex membre du groupe Focus) enregistrent leur tout premier album de concert. Rick van der Linden, à l'occasion d'une tournée aux Pays-Bas et en Belgique, remonte la formation Ekseption en compagnie de sa femme, Inez, et de musiciens canadiens : Mark Inneo (batterie, percussions), Bob Shields (guitare), Meredith Nelson (basse) et Peter Tong (claviers). La même année, la société allemande WDR, société de radiodiffusion, produit un documentaire sur la vie et le travail de Rick van der Linden.
  • 2006 - A la fin 2005, Rick van der Linden tombe gravement malade. Partiellement paralysé, il meurt d'une attaque cérébrale dans un hôpital de Groningue (Pays-Bas), le 22 janvier 2006.

© Rob Mieremet (ANEFO) - Rick van der Linden (à droite) avec le groupe Trace (1974)


L'AVENTURE EKSEPTION

En 1967, lors d'un concert en commun, Rick van der Broek (tp) est impressionné par le jeu de Rick van der Linden et lui demande de se joindre à Ekseption. En 1968, peu de temps après que Rick van der Linden soit rentré dans la formation, le groupe remporte le premier prix d'un concours de jazz local, le Loosdrechtse Concours Jazz. Grâce à ce prix, ils signent leur premier contrat chez Phonogram et à la fin de la même année, le groupe enregistre un premier album avec le producteur Tony Vos.

La musique de ce premier album est très réussie. Elle est inspirée par le groupe anglais The Nice. C'est un mélange de musique rock et de musique classique. C'est la Cinquième Symphonie de Beethoven qui est choisie comme premier single et qui devient rapidement un grand succès pour le groupe en atteignant le numéro trois dans le Top 40 néerlandais. Il sera suivi de la Rhapsody in Blue de Gershwin et d'Air de Jean-Sebastien Bach, qui deviennent également de grands succès. En août 1969, Rob Kruisman (sax, flûte) et Huib Van Kampen (guitare) quittent le groupe, insatisfait de la nouvelle orientation musicale. Rick van der Linden s'impose rapidement comme le maître à penser, en composant et arrangeant des morceaux classiques réputés.


EKSEPTION : THE 5TH (live 1991)

voir la vidéo

Dick Remelink remplace Rob Kruisman et Dennis Witbraad remplace temporairement Pierre de Leeuwe. Avec cette nouvelle formation remaniée est enregistré le second album Beggar Julia's Time Trip, album concept qui retrace l'histoire d'une femme du moyen-âge qui part pour un voyage musical à travers le temps. L'album reçoit un Edison Award Music grâce au Concerto Italien de Jean-Sébastien Bach qui devient un hit.

Pour cet album, on note la présence d'un chanteur, Michel Van Dijk, qui a participé à la première tournée d'Ekseption. La même année, en 1970, sort leur troisième album, Ekseption 3. Pour celui-ci, le chanteur Michel Van Dijk est remplacé par la voie puissante de Steve Allet, de son vrai nom Merkelbach Coen. Ekseption 3 est également un album concept qui s'attache à retracer l'histoire du Petit Prince de Saint Exupéry. Le morceau Peace Planet, une composition de Rick van der Linden, remporte un vif succès.

En 1971, le cinéma français met à contribution la musique d'Ekseption pour un film de Gérard Pirès, Fantasia chez les ploucs, une comédie alerte avec Lino Ventura et Jean Yanne. Le film n'utilise pas une bande son composée spécialement par le groupe, non, celle que l'on entend exploite uniquement des thèmes déjà enregistrés sur disque et cela s'entend ! C'est l'exemple type d'une mauvaise bande son où la musique sert de faire valoir et ne s'intégre pas du tout à l'image... oublions cela !

La même année est enregistrée 00.04, un album dans lequel participe le Royal Philharmonic Orchestra. Sur cet album figure une composition de l'organiste de jazz Jimmy Smith, Monlope, et une longue suite aux couleurs symphoniques, Piccadilly Sweet, composée par Rick van der Linden et qui occupe la totalité de la face "B" du disque.

La difficulté d'une telle entreprise est d'arriver à conjuguer et à intégrer une formation rock avec un orchestre symphonique. Exercice qu'un bon nombre de groupes rock a tenté, mais sans y parvenir ; le résultat sonore donnant le plus souvent un sentiment de lourdeur. Par bonheur pour Ekseption, le Royal Philharmonic Orchestra n'est pas un orchestre classique quelconque, c'est une formation souvent demandée quand ce genre d'exercice se présente, et en principe, sa longue expérience suffit pour augurer d'heureuses réussites.


EKSEPTION : PICADILLY SWEET avec le Royal Philharmonic Orchestra

voir la vidéo

Sur le cinquième album du groupe, Ekseption 5, sorti en 1972, on peut entendre la composition For Exemple du groupe The Nice, ici présentée comme en clin d'œil envers leur concurrent, la version d'Ekseption étant bien meilleure que l'originale.

À la suite de nombreuses tournées à travers l'Europe, quelques frictions au sein du groupe se font sentir et pousse Dick Remelink et Peter de Leeuwe à quitter le groupe. Ils seront remplacés sur le prochain album, Trinity (1973), par Jan Pieter et Voogt Vennik. La vente de l'album Trinity est mauvaise, ce qui pousse d'une certaine façon Rick van der Linden à quitter le groupe l'année suivante. Le clavier Hans Jansen le remplace au pied levé, mais l'âme du groupe étant partie, les albums suivants ne remportent aucun succès. Le retour de Rick van der Linden en 1979 pour Ekseption 78 et Cum Laude, après son expérience avec le groupe Trace (3 albums enregistrés entre 1974 et 1976), ne permet pas à Ekseption de renouer avec le succès. Le temps des adaptations du classique en pop est passé de mode. L'album Ekseption 89 sonne le glas du groupe.

Pourtant, en 2003, peu de temps avant son décès, Rick van der Linden tentera une dernière fois l'aventure en compagnie de son épouse, Inez Van der Linden, au chant et un groupe de musiciens canadiens composé de Mark Inneo à la batterie, Bob Shields à la guitare, Meredith Nelson à la basse et Peter Tong comme second clavier. Le groupe ainsi formé tournera le temps d'un été à travers la Hollande et l'Allemagne.

Ekseption est certainement la meilleure formation qui arriva en son temps (et même jusqu'à aujourd'hui) à réussir l'exercice difficile du mariage de la musique rock avec le classique. L'absence de Rick van der Linden n'aurait pas permis au groupe d'avoir une aussi forte personnalité. Ses compositions souvent inspirées par la musique classique de Jean-Sébastien Bach et Beethoven ont été le ciment, l'élément fédérateur du son du groupe. L'absence de guitare sur la plupart des morceaux était compensée par l'utilisation des claviers en re-recording. Rick van der Linden n'hésitait pas à mélanger tous les claviers disponibles à l'époque : piano, orgue classique, orgue Hammond, clavinet, synthétiseur, mellotron, etc. Si vous écoutez la musique d'Ekseption, vous plongez immédiatement dans le son typique des claviers analogiques des seventies.

Quand il quitte Ekseption pour former Trace, un trio claviers, basse et batterie, il s'entoure des meilleurs instrumentistes du pays. La musique de ce trio était recherchée et complexe, avec des thèmes en perpétuelle évolution dans la tradition du rock dit "symphonique" ou "progressif". La musique de Trace est à rapprocher de Yes ou de Emerson, Lake & Palmer, avec bien sûr des couleurs différentes.

En 1977, pour l'album The White Ladies, Rick van der Linden renouvelle son personnel en recrutant une nouvelle section rythmique, un claviériste, un saxophoniste et une section de cordes. La musique devient moins virtuose et l'orgue prend une place plus importante. Les thèmes mélodieux font fusionner classique, rock et jazz, dans le seul but de développer une musique plus impressionniste et lyrique.

En dehors de son expérience avec Ekseption et Trace, Rick van der Linden enregistrera des albums classiques en tant que soliste et participera à des sessions avec de nombreux musiciens d'horizons divers : le pianiste de jazz Joachim Kuhn, le groupe de hard-rock Deep Purple, le multi-instrumentiste et chanteur Phil Collins, le compositeur Vangelis et le groupe de jazz-rock Brand X.


DVD

  • Rick van der LInden - An Ekseptional Trace

Le DVD est divisé en deux parties. La première partie est consacrée à Trace, un projet créé à la suite de la première formation de Ekseption. Trace est un groupe qui a tourné en Europe entre 1973 et 1978. Le groupe est filmé lors d'un concert donné au Musikladen le 22 mai 1977. À la batterie, un jeune anglais nommé Ian Mosley qu'on retrouvera plus tard aux côtés de Steve Hackett avant qu'il ne rejoigne Marillion pour leur second album.

Quatre morceaux au programme, plus un medley en bonus. Il existe pas mal de similitude entre Trace et Focus. Le jazz-rock est bien présent chez eux. Pour le medley, le claviériste Hans Jacobse se joint à eux. C'est aussi l'occasion pour Mosley de montrer tout son talent via un solo.

La seconde partie est consacrée à la reformation d'Ekseption. On retrouve le groupe à l'Oldenzaal en 2003. Rick y apparaît en véritable leader, usant de sa technique de concertiste, passant du piano à l'orgue avec autant d'aisance. C'est dans les moments où les traits classiques sont absents que la formation est passionnante. Les titres Just For You et Happiness en sont la plus parfaite illustration.

Ce DVD est destiné avant tout aux anciens fans du groupe. Pour les autres, ces deux films sont à voir plus comme un documentaire, témoin d'un style de musique aujourd'hui oublié.

Par ELIAN JOUGLA (Piano Web - 10/2010)



LES PIANISTES DE ROCK
SOMMAIRE "DOSSIERS"
ACCUEIL
PARTICIPER/PUBLIER : EN SAVOIR PLUS
Facebook  Twitter  YouTube
haut
haut

Accueil
Copyright © 2003-2024 - Piano Web All rights reserved

Ce site est protégé par la "Société des Gens de Lettres"

Nos références sur le Web - © Copyright & Mentions légales