HISTOIRE DE LA MUSIQUE : LES PIANISTES DE JAZZ



COUNT BASIE BIOGRAPHIE, PORTRAIT DU PIANISTE ET CHEF D'ORCHESTRE

William Basie, dit Count Basie, était un pianiste et chef d’orchestre rigoureux et précis. Il a toujours sélectionné avec exigence les solistes et les hommes de pupitre de son big band et a su mettre en forme le blues et les mélodies de Broadway en usant de nombreuses techniques instrumentales modernes. En orchestre, son jeu de piano sobre et mesuré s’est toujours accompagné d’un amour sans concession pour le saxophone, ce qui, du point de vue de ses confrères, le distingua tout particulièrement.


LES DATES IMPORTANTES DE LA VIE DE COUNT BASIE

Count Basie
  • 1904 – Count Basie naît à Red Bank, au New Jersey, le 21 août 1904. Il accompagne les films muets et enseigne le piano alors qu’il n’est qu’un adolescent.
  • 1924 – À 20 ans, il fréquente les pianistes Fats Waller et Lucky Roberts.
  • 1929 – Il joue avec les Blue Devils et se produit au sein du grand orchestre de Bennie Moten jusqu’à la mort de ce dernier.
  • 1935 – Il réunit différents artistes de l’orchestre de Moten, notamment Lester Young, Jimmy Rusching, et les saxophonistes Jack Washginton et Herschel Evans, et forme son grand orchestre.
  • 1936 – Count Basie entraîne son orchestre dans des tournées, des concerts, des salles de danse, des grands hôtels et également dans les restaurants. À cette époque, son orchestre s’impose à l’égal de Benny Goodman et de Duke Ellington.
  • 1964 – L’orchestre de Count Basie est devenu une institution. Il poursuit sa carrière jusqu’en 1976. Une crise cardiaque l’oblige alors à prendre du repos. Il se fait remplacer par Clark Terry, Joe Williams ou par le pianiste Nat Pierce.
  • 1984 – Il décède le 26 avril 1984 à Hollywood. Thad Jones et Frank Foster, entre autres, continueront l’œuvre de Count Basie après sa mort, en dirigeant un orchestre portant son nom.

BILLIE HOLLIDAY ET COUNT BASIE

COUNT BASIE OU L'ÉCOLE DU SWING

Count Basie, cet homme modeste et avenant, a longtemps été considéré aussi bien par les critiques que par un bon nombre de musiciens comme étant le chef du meilleur orchestre de jazz swing de tous les temps. Car le swing est bien le mot qui qualifie le parcours de cet artiste, héros de la grande période du jazz. Dès son plus jeune âge, il est initié au piano grâce à sa mère pianiste, et s’il fait un temps quelques infidélités à cet instrument en tâtant de la batterie, très vite, il reviendra au piano en devenant un très bon accompagnateur de chanteuses de blues.

Basie était doté d’une excellente oreille et d’une bonne mémoire, ce qui l’a énormément aidé à faire des remplacements au pied levé, notamment au Palace Theater de sa ville natale. Ces capacités d’écoute et de mémoire s’accompagnaient aussi d’un don pour l’improvisation. Dans les années 20, le cinéma muet étant en plein essor, il était courant de faire appel à des musiciens locaux pour accompagner les films. C’est ainsi que le jeune Basie deviendra un pianiste accompagnateur de films muets.

À l’âge de 20 ans, il décide de quitter Red Bank pour s’installer à New York, non loin du théâtre de l’Alhambra. Là, dans la grande ville, il fréquente les pianistes de piano stride : Lucky Roberts, Willie Smith « The Lion », mais surtout Fats Waller qui lui enseignera les premiers rudiments de l’orgue.

Basie rentre dans le circuit professionnel en 1925 et participe à des tournées associatives mettant en scène essentiellement des artistes de blues dans des spectacles de vaudeville (Kattie Crippen and her Kids). Ces tournées qui le conduisent de Chicago à la Nouvelle-Orléans en passant par Saint-Louis lui permet de mettre en avant ses dons de pianistes de blues. Mais vers le milieu de 1927, après une piteuse tournée, Basie se retrouve sans argent à Kansas City. Pour survivre, il est contraint d’accepter une nouvelle fois un poste de pianiste dans un cinéma… Mais, le soir venu, aussitôt son travail terminé, il rejoint dans les bars et les clubs, chez Piney Brown ou Elis Burton, les meilleurs musiciens du cru qui « jamaient » jusqu’au petit matin.

Entre 1925 et 1935, comme la Nouvelle-Orléans dix ans plus tôt ou comme Chicago, Kansas City était une ville qui baignée dans la musique. Après leur travail terminé au sein des meilleurs orchestres de l’endroit, les solistes, qui ne vivaient que pour jouer, se réunissaient entre eux et improvisaient inlassablement, souvent plusieurs heures sur un même morceau, donnant l’illusion qu’à chaque jam, le mot « fin » n’existait pas.

Une des plus grandes soirées dont se souviennent encore avec joie les musiciens eut lieu un jour que l’orchestre de Fletcher Henderson s’était arrêté au cours d’une tournée. Pendant toute une nuit, les grands saxophonistes Ben Webster, Hershel Evans et Lester Young défièrent celui qui était considéré comme le roi des ténors, Coleman Hawkins. Mais pour Basie, l’un de ses grands plaisirs était d’écouter le pianiste Pete Johnson. Fréquemment, celui-ci accompagnait un barman qui est devenu l’un des meilleurs chanteurs de blues, Joe Turner.

Vers la fin de 1927, Basie, qui ne s’appelait pas encore le « Count » mais Williams, trouve l’occasion de se faire engager par le demi-frère du trompette Oran Page, le contrebassiste Walter Page, dans son ensemble des Blue Devils. Cet orchestre se produira quelque temps entre Kansas City et Oklahoma City avant de se séparer. C’est à cette époque que Basie est engagé par l’entrepreneur de spectacles Bennie Moten et qu’il prend le surnom de « Count ».

Basie, dont le style était encore influencé par Fats Waller, était le troisième pianiste de l’orchestre. Même s’il produit déjà ses premiers arrangements, c’est seulement à la disparition de Bennie Moten que Basie prendra les choses en main en organisant dans un premier temps un regroupement de quelques musiciens ayant travaillé pour l’entrepreneur de spectacles.


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COUNT BASIE ET SON ORCHESTRE

En 1935, l’orchestre voit le jour. Celui-ci était composé notamment de Walter Page, du batteur Jo Jones, d’Eddie Durham à la guitare et au trombone, d’Edward Lewis à la trompette, et de Jack Washington au saxophone baryton, auxquels vint se joindre celui qui allait devenir son meilleur élément, Lester Young.

C’est grâce à la radio, mais surtout sur l’initiative du critique John Hammond (qui deviendra l’impresario de l’orchestre) et du clarinettiste et chef d’orchestre Benny Goodman, que l’orchestre de Basie commence à exister officiellement. Composé de treize musiciens, l’orchestre de Basie se produit dans un premier temps à Chicago avant d’arriver à New York, fin 1936.

Dès lors, la renommée de l’orchestre ne va pas cesser de grandir. À part une courte interruption en 1950 pendant laquelle Basie sera obligé de dissoudre sa grande formation, le succès sera toujours au rendez-vous et la qualité aussi, comme en témoigne les nombreux disques enregistrés par l’orchestre.

La musique de l’orchestre semblait évidente et simple tout en se démarquant des orchestres rivaux, comme celui de Duke Ellington. Le programme était composé essentiellement de blues jazz basés sur des riffs de cuivres ravageurs et puissants qui venaient en contrepoint d’une rythmique à la régularité impeccable et à la solidité exemplaire. Les divers arrangements, souvent non écrits, permettaient un jeu plus fluide tout en conservant une grande spontanéité.

C’était ça, avant tout, l’une des caractéristiques swingantes du big band de Count Basie : un jeu orchestral qui semblait libre de toute attache. À cette efficacité, aujourd’hui quasi légendaire, s’ajoutait l’intervention de brillants solistes. De l’orchestre de Basie, on retient également cette joute baptisée "chase" (duel), qui permettait aux improvisateurs de styles différents – surtout les saxophonistes – de s’affronter en se renvoyant, parfois dans un tempo d’enfer, de courtes phrases improvisées.

La vie de l’orchestre de Basie aura trois périodes. La première s’étale de 1936 à 1940 jusqu’au départ de Lester Young, tandis que la seconde nous conduit aux années 50, et verra l’orchestre passer de quatorze à dix-sept musiciens, avec des arrangements beaucoup plus cadrés, dus à des auteurs comme Neal Hefti, Thad Jones, Frank Foster ou Quincy Jones. Enfin, à partir de 1955, le répertoire de l’orchestre s’orientera vers des musiques plus « commerciales ». Cette dernière période sera composée de disques assez inégaux, mais arrangés d’une manière très dansante, avec des compositions, entre autres, d'Oliver Nelson, Chico O’Farrill, Frank Foster, Benny Carter et Quincy Jones.

Pour Basie, l’essentiel de sa production devait être enrobé par un swing indétrônable. Si la musique est sans histoire, sans grande invention, elle devra chanter. Pour cela, l’orchestre n’aura de cesse de construire une architecture de masse dont les mouvements sont toujours fermement lancés. Les solistes qui se succéderont ne vaudront pas ceux des premiers jours, malgré quelques disciples comme Paul Quinichette, qui se voudra l’héritier de Lester Young, ou Eddy Lockjaw Davis, dont le tempérament sera des plus épanouis. Sans oublier les batteurs Sonny Payne et Butch Miles qui auront le devoir de faire oublier le talentueux rythmicien Jo Jones en imposant leur propre marque.


LE STYLE DU PIANISTE COUNT BASIE EN ORCHESTRE

Le style du pianiste Count Basie en orchestre peut sembler curieux étant donné que pour conserver à sa section rythmique toute sa « pureté », il interviendra que rarement, glissant ici ou là quelques notes percutantes annonciatrices du thème ou servant de relance à des moments clés. Le Basie « première formule » laissera au guitariste Freddy Green sa régularité métronomique, tandis que la contrebasse de Walter Page et la batterie de Jo Jones navigueront dans un espace à découvert. Pour le batteur Jo Jones, la magie, le swing de l’orchestre de Count Basie reposait sur ce flux nivelé dont la rythmique se préjugeait, et qui permettait pourtant aux quatre temps de la mesure de rebondir comme une balle.

Petit à petit, Basie évoluera, son jeu fera abstinence, abandonnant à jamais celui hérité des pianistes de stride. Parfois dans ses disques, quelques lignes de boogie à la main gauche nous rappellent le pianiste d’autrefois, celui qui animait les clubs de Kansas City, le sourire aux lèvres. Toutefois, cette économie de moyens ne se fera jamais au détriment du swing. Cette attraction toute naturelle et si essentielle lui a toujours survécu jusqu’à sa disparition en 1984.


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