TECHNIQUE ET MAO



LE CONCEPT DE L'ÉCHANTILLONNAGE, UN RETOUR AUX SOURCES S'IMPOSE

Au milieu des années 80, l’échantillonnage était devenu la principale discussion des musiciens. Ce nouveau dispositif destiné à créer des sons ou à imiter des instruments faisait rêver, d’autant qu’un nouveau clavier, le Mirage d’Ensoniq, commençait à faire parler de lui…


L’ÉCHANTILLONNAGE, SERAIT-CE UNE QUESTION DE SOURCES ?

Le Mirage est un clavier à échantillonnage qui a servi de base d’apprentissage à de nombreux claviéristes qui découvraient la technique du "sampling" : capturer des sons pour ensuite les restituer en jouant sur le clavier. Cet instrument “bon marché” présentait des performances honorables pour l’époque, malgré son échantillonnage en 8 bits.

Passé la surprise des premières expérimentations, les utilisateurs se rendaient à cette évidence : échantillonner correctement était difficile. L’ignorance liée à la capture des sons, mais aussi l’urgence d’avoir un résultat conduisaient souvent à une forme de statu quo. Il était inutile d’incriminer le Mirage, car le problème aurait été le même avec un autre échantillonneur. La raison de ces échecs consécutifs provenait de la source.

Aussi bizarre que cela puisse paraître, dans sa pratique, l’échantillonnage des années 80 n'avait pas atteint sa pleine croissance. Son usage manquait de maturité. La découverte de sa technique relevait d'abord du preneur de son, ce qui pouvait décontenancer un claviériste aguerri au maniement du synthétiseur.

Dans les premiers temps, la plupart des utilisateurs prenaient des sources sonores “polluées”, c’est-à-dire des enregistrements de mauvaise qualité (cassette, par exemple). Or, la réussite d'un échantillonnage passe par une capture réalisée le plus directement possible, sans intermédiaire. Ainsi, si l’on tient à enregistrer un bruit de verre qui se casse, il faut utiliser un type de micro adapté à la situation et rien qui puisse décrédibiliser la capture originale, comme des bruits ambiants indésirables ou des résonances nuisibles qu’il sera ensuite très difficile à éliminer.

Rapidement, la solution la plus évidente sera de se tourner vers le CD qui garantit - normalement - la meilleure source : on localise un "segment musical”, on choisit 2 points et on enclenche une mise en boucle automatique du signal capturé.

Un tel procédé, s’il apporte un résultat de meilleure qualité, a le défaut de ne pas filtrer, d’isoler un son ou un instrument en particulier. Enregistrer quelques mesures d’un orchestre symphonique, d’un combo de jazz ou d’un groupe de rock, c’est bien joli, mais que faire avec ? C'est alors que l’idée de constituer des collections de sons échantillonnés sur compact-disc a germé, avec ici des effets spéciaux pour les D.J. ou bien là quelques collections d’instruments vintages, le tout avec des « loops » déjà construits. L'amoureux des sons de Minimoog, de Korg MS20 ou d’ARP Odyssey, retrouvait ainsi les sonorités de ces synthétiseurs légendaires avec en prime la polyphonie et la dynamique !

© Roland - CD-ROM L-CD702 Orchestral Family Vol.1 & 2


L’ENREGISTREMENT ET SES PROBLÈMES

Il n’est pas d’échantillonneur qui ne soit pas en lien direct avec l’enregistrement, sa source première. On peut évoquer en effet le sampler comme un magnétophone et sa mémoire interne comme une bande magnétique (un principe démonstratif que l’on retrouve avec le Mellotron dès les années 60).

Lorsqu’on veut réaliser un enregistrement sur bande, proprement, avec de la dynamique - mais sans souffle - les musiciens font appel à des outils comme le compresseur, l’égaliseur ou à des réducteurs de bruit de fond (Dolby ou DBX). Pour exploiter d’une façon optimale la mémoire de l’échantillonneur, il faut agir de même en utilisant ces mêmes outils. N’oublions pas qu’à l’époque du Mirage, le numérique n’est pas partie prenante dans les studios d'enregistrement. L'enregistrement analogique domine encore le marché avec ses faiblesses : distorsion du signal, souffle, diaphonie, etc. Quelques pistes sont alors exploitées…

Pour que la courbe de réponse de l’entrée du sampler soit la plus linéaire possible, un petit égaliseur graphique ou paramétrique est parfois utilisé. Ensuite, pour arranger le rapport signal-bruit, un dolby de classe C et un compresseur classique sont loin d’être superflus. Une autre solution consiste à rentrer l'échantillon à demi-vitesse, en passant par exemple la vitesse de défilement de la bande d’un magnéto de 38 cm/s à 19 cm/s. En faisant cela, on enregistre deux fois moins vite, mais on double les informations.

En prenant ce genre de précautions, on peut espérer améliorer la qualité de l’échantillonnage. Reste le problème du « loop » (la « boucle ») qui occasionne trop souvent un petit claquement à chaque début de cycle. Nous ne rentrerons pas dans les aspects techniques qui conduisent à l'éradiquer, car chaque échantillonneur propose son mode opératoire. Mais une chose est sûre, son élimination est capitale !

Par ailleurs, pour augmenter ses chances d’obtenir une belle boucle, il ne faut pas minimiser sa durée, tout en considérant que celle-ci doit être plutôt longue pour des sons comme les voix ou à l’inverse très courte pour des percussions. Dans le domaine de l'échantillonnage et vis-à-vis des capacités de mémoire du sampler, il est inutile de gaspiller des secondes, surtout quand le multiéchantillonnage est nécessaire pour que la source rejouée soit crédible.


LA PARTIE ÉDITION

Une fois le son capturé, l’état brut de la source peut être travaillé comme avec un synthétiseur. Pour cela, revenons au Mirage…

En mode édition, le Mirage était à sa sortie le seul clavier possédant 2 oscillateurs par voie, ce qui permettait de les désaccorder (effet « detune ») afin d’obtenir des frottements ou pour créer des intervalles précis de tierces ou de quinte, par exemple. Dans ce cas, l’avantage est de ne pas diviser la polyphonie de l’instrument par 2, contrairement à des claviers fonctionnant sur le principe de la superposition des voies. Le mirage conserve ainsi ses 8 voies de polyphonies.

Outre un anecdotique séquenceur de 333 notes, on retrouve sur le Mirage un module standard comparable à celui d’un synthé classique : le filtre. Celui-ci est d’une grande importance puisqu'il permet, en premier lieu, d'atténuer les bruits de fond, les fréquences parasites à l’intérieur du son. La section « filter » comprend les réglages de fréquence de coupure (cut-off), de résonance et un générateur d’enveloppe à 5 paramètres (attack, peak, decay, sustain, release) ; ce filtre peut être en outre affecté à l’effet dynamique du clavier.


© Johnrpenner (wikimedia) - Ensoniq Mirage DSK-1 (1986)

LE MIRAGE, UN SAMPLER EN AVANCE SUR SON TEMPS

Il serait fastidieux de détailler les nombreuses avancées apportées par le Mirage, résumons-les dans ces quelques lignes....

Grâce à une disquette/programme (Mirage Advanced Sampler’s Operating System), il devient possible de :

  • recopier un son, une forme d’onde et de les transférer de la partie basse à la partie haute.
  • d’ajuster le niveau de chaque forme d’onde.
  • d’inverse le son, au niveau des phases.
  • d’affecter des formes d’ondes différentes sur les oscillateurs et de créer à partir de l’effet « detune » des sons très riches.
  • d’avoir 2 sons sur une seule note (sampling par couches).
  • de retourner une partie du message, un son, entre deux points précis.
  • reconnaître d’autres systèmes.
  • d'augmenter la fréquence d’échantillonnage de 25 à 50 kHz avec la fonction « Input Sampling Filter » et ses 7 modes ou configurations de filtres, destinés à améliorer l’effet Sampling et non pas à traiter le son après l’échantillonnage.

Le constructeur Ensoniq avait même prévu la possibilité de dialoguer entre le clavier et un Apple II (toutefois en obligeant l’utilisateur à concevoir ses propres softs). Ensoniq proposait aussi le système « Visual Editing » qui permet sur l’écran de l’Apple de visualiser la forme d’onde du signal échantillonné et les fameux points 0 du loop. Cette visualisation permet de corriger le bouclage et d’éliminer plus aisément les “clicks” indésirables (Crossfade) et d’ajuster les niveaux pour qu'il n'y ait pas de différences de volume entre le point d’entrée et le point de sortie.

Piano Web (10/2021)

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