HISTOIRE DE LA MUSIQUE : LES PIANISTES DE JAZZ
C'est l'un des pianistes les plus importants du jazz moderne. McCoy Tyner doit le lancement de sa carrière à John Coltrane, dont il fut l'accompagnateur pendant de nombreuses années. Son style, à l'opposé d'un Bill Evans, est fait d'accords plaqués incisifs et d'une main gauche au jeu rythmique bien marqué. McCoy Tyner est facilement reconnaissable avec ses longues improvisations dans un style post free jazz où les gammes pentatoniques sont reines. Cette utilisation des accords "flottants" et son utilisation de la main gauche ont fait école chez de nombreux pianistes de la génération suivante.
© Roland Godefroy -McCoy Tyner en concert à Deauville (1989)
McCoy Tyner est né à Philadelphie. Il est l'aîné d'une fratrie de trois enfants. Sa mère l'encourage à étudier le piano et en deux ans, la musique est pour lui le point central de sa vie. À l'âge de 17 ans, il se convertit à l'islam par le biais de la communauté musulmane Ahmadiyya et change son nom pour Sulieman Saud.
En 1960, Tyner rejoint Benny Golson et Art Farmer. Six mois plus tard, il rejoint le quatuor de John Coltrane qui comprend Jimmy Garrison et Elvin Jones. Son passage chez Coltrane est capital dans son ascension artistique. My Favourite Things reste l'une des références. Le quartet tourne presque sans interruption de 1961 à 1965, enregistrant les albums Live! Au Village Vanguard, Ballades, Live at Birdland, Crescent, A Love Supreme et The John Coltrane Quartet Plays for Impulse !.
McCoy apparaît également en tant que sideman sur de nombreux albums 'Blue Note' des années 1960, bien qu'il ait souvent été crédité comme "etc." sur la pochette de ces albums pour respecter son contrat avec 'Impulse! Records'.
Son implication avec Coltrane prend fin en 1965. La musique de Coltrane devenan à son goût beaucoup trop atonale et libre, de plus, le saxophoniste avait également enrichi son quatuor de percussionnistes qui menaçaient de noyer Tyner et Jones : "Je ne me voyais pas apporter de contribution à cette musique ... Tout ce que je pouvais entendre, c'était beaucoup de bruit. Je n'avais aucun sentiment pour cette musique, et quand je n'ai pas de sentiments, je ne joue pas " pouvait-on lire dans la biographie de Lewis Porter, John Coltrane : His Life and Music.
En 1966, Tyner répète avec un nouveau trio et se lance dans une carrière comme leader. Il produit alors une série d'albums post-bop publiés par 'Blue Note' de 1967 à 1970. Il s'agit notamment de The Real McCoy (1967), Tender Moments (1967), Time for Tyner (1968), Expansions (1968) et Extensions (1970). Il signe avec 'Milestone' et enregistre Sahara (1972), Enlightenment (1973) et Fly with the Wind (1976), qui comprend le flûtiste Hubert Laws, le batteur Billy Cobham et un orchestre à cordes.
Au cours des années 1980 et 1990, Tyner travaille avec un trio comprenant Avery Sharpe à la basse et Louis Hayes, puis Aaron Scott, à la batterie. Il produit des albums solo pour Blue Note, en commençant par Revelations (1988) jusqu'à Soliloquy (1991). Après avoir signé avec 'Telarc', il enregistre avec plusieurs trios dont Charnett Moffett à la basse et Al Foster à la batterie. En 2008, il accomplit l'une de ses dernières tournées avec un quatuor comprenant Gary Bartz au saxophone.
McCOY TYNER : FLY WITH THE WIND (1976)
Tyner est considéré comme l'un des pianistes de jazz les plus influents du 20e siècle, un honneur qu'il a gagné pendant et après son passage chez Coltrane. Bien qu'il ait été membre du groupe de Coltrane, le pianiste a eu le talent de n'être jamais été éclipsé par la grande figure de jazz qu'était Coltrane. Il a au contraire complété et inspiré l'approche libre de Coltrane. Son style de piano est comparable au style maximaliste de Coltrane au saxophone, surpuissant et généreux. Le duo Tyner / Coltrane a utilisé des gammes, des structures d'accords, des phrasés mélodiques et des rythmes très similaires qui ont fait école.
McCoy était gaucher. Sa main puissante et son bras se soulevaient au-dessus du clavier pour attaquer des lignes de basses incisives, alors que ses improvisations à la main droite étaient détachés, usant parfois de staccato. Son vocabulaire mélodique était riche, allant du blues brut aux échelles pentatoniques superposées de manière complexe ; son approche des "voicings" (plus particulièrement des quartes) a influencé nombre de pianistes de jazz contemporains, tels que Chick Corea.
Durant les années 60, McCoy Tyner a enregistré un certain nombre d'albums en trio pour Impulse. C'est après ses enregistrements chez Blue Note (The Real McCoy en 1967, Expansions en 1968 et Extensions en 1970) dans les années 70, que sa carrière prend un nouveau virage. Le pianiste commence à incorporer des éléments africains et est-asiatiques dans sa musique. Par exemple, dans l'album Sahara, il joue du koto en plus du piano, de la flûte et des percussions.
Même si l'on prend comme référence importante son passage dans le quartet de John Coltrane, les albums qu'il enregistre dans les années 70 pour Blue Note et Milestone (Atlantis en 1974, Fly with the wind en 1976 et Passion Dance en 1978) ont été souvent cités comme une référence dans le jazz moderne des années 70. Les compositions, généralement longues, avec ses influences africaines et asiatiques, naviguent entre un jazz fusionnel et free. C'est à cette période faste qu'il enregistra un album dans lequel il joue du clavecin, instrument rarement utilisé dans le jazz (Trident en 1975).
MCCOY TYNER - ATLANTIS