MATÉRIEL DE MUSIQUE



ENTRETENIR LE PIANO ET SA MÉCANIQUE - CONSEILS

Le piano occupe une place primordiale dans l'histoire de la musique. Grâce à cet instrument, les pianistes ont apporté un nouvel élan dans le langage de l’harmonie que nous utilisons aujourd’hui.


DESCRIPTION DU PIANO

Le mot piano est une abréviation de l'italien "pianoforte", nom forgé par son inventeur Bartolomeo Cristofori (1709). L'appellation de "piano" apparaîtra en 1880. Contrairement au clavecin où les cordes sont "pincées" par des sautereaux, le mécanisme du piano consiste à frapper les cordes au moyen de marteaux. Tant qu’on laisse la touche enfoncée, le son résonne pour ensuite mourir peu à peu.

Depuis son invention au 18e siècle, l’instrument a constamment fait l'objet d'améliorations. Il est aujourd’hui constitué d’un clavier (88 touches en général), d’un jeu de pédales (2 ou 3) et d’un mécanisme élaboré. La naissance de l’échappement (*) en 1830, permet au pianiste de jouer les nuances (du pianissimo au fortissimo), ce qui n’est pas le cas du clavecin. S’il n’existait pas d’échappement, le marteau resterait au contact de la touche et empêcherait toute résonance.

À l'époque du pianoforte, la sonorité était éloignée de celle que l'on entend aujourd'hui sur les pianos modernes. À cause notamment de la solidité relative du cadre en bois, la tension des cordes ne pouvant être très élevée, l’instrument était accordé à un diapason plus bas que celui utilisé actuellement (La 440 Hz). D'un rendement sonore assez faible, il ne permettait pas toutes les prouesses techniques que l'on connaît aujourd'hui (exemple : répétition de notes).

Le piano est un des rares instruments où le musicien n’est relié à aucune partie vibrante au moment où la note est jouée. Le seul contact physique est la sensation d’avoir sous ses doigts un mécanisme réactif à l’impulsion énergétique, un peu comme le percussionniste avec ses tambours. L’énergie cinétique est donc un paramètre important pour le pianiste. Ses doigts traduisent directement par l’intermédiaire des marteaux toute la vibration, l’âme musicale de l’instrument. Il lui est impossible de jouer avec des effets de vibrato ou de glissando comme c’est le cas pour la guitare ou le violon.

L’ensemble mécanique, la totalité des leviers entrant en jeu, doivent agir en interaction. En percutant les cordes, les marteaux transmettent à ces dernières leur énergie immanente. Pour que tout le jeu exprimé sur les touches soit optimum, il est indispensable que le bois, le feutre, le cuir ou le métal restent « soudés », en cohésion parfaite. (cf. « entretien du piano »)

(*) Échappement : petite pièce mobile, en forme de levier, qui pousse le marteau vers la corde et permet à celui-ci de rebondir et de revenir à sa position de départ plus rapidement que la touche sollicitée.

CONCERNANT L'HISTOIRE DU PIANO : DU PIANOFORTE AU PIANO MODERNE


BREF APERÇU DES PRINCIPALES PIÈCES DU PIANO

Un piano est composé de plusieurs centaines de pièces en bois, en laiton ou en métal. La mécanique d'un piano droit est indépendante du clavier et repose verticalement à l'extrémité des touches, tandis que dans un piano à queue, la mécanique est placée sous les cordes à l'horizontale et forme avec le clavier un seul bloc (excepté les étouffoirs qui sont fixés sur un support indépendant à l'arrière du bloc mécanique).

La sonorité du piano dépend de plusieurs critères : la table d'harmonie, la vibration de la corde et sa longueur, la frappe du marteau sur la corde, la qualité des bois qui composent l'instrument.


1) LA TABLE D'HARMONIE

Sur un piano droit, elle se situe derrière le piano. Elle est collée sur le pourtour du piano, afin de pouvoir vibrer librement. Elle est en bois (souvent en épicéa) et consiste en une membrane de 6 à 12 mm d'épaisseur, faite de planchettes en épicéa ou bois de résonance collées sur des membrures : les barres de table, ceci pour la construction traditionnelle.

La table d'harmonie conditionne l'amplitude vibratoire. Elle est l'âme du piano. Elle repose sur le "barrage" qui est un ensemble de gros barreaux au centre du châssis. De plus en plus, on trouve sur les pianos d'entrée de gamme des tables faites de plusieurs plis de bois contrecollés, mais dont le timbre offre une qualité sonore inférieure.


2) LE CADRE

Il est aujourd'hui, et depuis 1900, en fonte et doit être solide. Sur un piano droit, la tension peut atteindre 16 tonnes et même 20 sur un piano à queue. Sa forme ressemble un peu à une harpe. Les cordes y sont accrochées sur des pointes en fer d'un côté et de l'autre. Elles s'enroulent autour des chevilles d'accords, cylindres en acier enfoncés en force dans un "sommier" en bois dur et qui les empêchent de se desserrer.


3) LES PÉDALES

Les touches sont commandées par un système de leviers, de renvois et de pivots. Celle de droite (pédale forte) lève les étouffoirs, coussins en feutre qui au repos empêchent les cordes de sonner librement. En actionnant la pédale, les étouffoirs sont soulevés et ceux-ci libèrent toute la résonance du piano. La sonorité devient brillante, riche en harmoniques. En appuyant sur celle de gauche (pédale douce, appelée "UnaCorda" dans les partitions), le son devient moins puissant et sur les pianos à queue sa décroissance change, car l'ensemble de la mécanique est déplacé légèrement vers la droite. Les têtes des marteaux ne frappent plus alors que 2 cordes sur 3 dans le registre médium-aigu à aigu. La corde libre, vibre par sympathie et le timbre est modifié, plus doux, plus long.

Sur les pianos droits, la pédale de gauche rapproche les marteaux des cordes et donne moins de course, donc moins de puissance sonore. Parfois sur le piano droit, une pédale centrale ou une tirette actionne un bandeau de feutre qui vient se positionner entre les cordes et les marteaux… c'est la sourdine. Son but est, comme son nom le suggère, d'assourdir considérablement le volume sonore du piano. Cette pédale remplace l'ancien mécanisme à tirette, autrefois placé sous le clavier. Sur les pianos à queue, la pédale du centre s'appelle "pédale tonale". Son action est de maintenir libre les cordes des touches utilisées et de garder leurs résonances... tout en continuant de jouer normalement sur d'autres notes.


4) LES TOUCHES

Les touches sont taillées dans du bois tendre (sapin ou tilleul) depuis une planche d'un seul tenant, fréquemment depuis un "sandwich" de bois, pour prévenir le "gauchissement". Hier, les touches blanches des pianos étaient recouvertes d'ivoire et les noires d'ébène. Désormais, des matériaux de substitution comme le plastique ou le polymère (ivoire synthétique ou "ivoirine") les ont remplacés. Ses avantages : le coût de revient et le côté "imputrescible" (le plastique contrairement à l'ivoire ne jaunit pas ; en revanche un plastique de mauvaise qualité "sèche" et craquelle avec le temps). Les touches sont percées de deux trous (mortaises) : un trou au centre de la touche (pour l'effet de balancier) puis l'autre plus en avant (pour guider l'enfoncement).

Les touches sont posées sur un châssis lui-même ajusté à un plateau massif et stable de préférence. Elles sont guidées maintenues par des pointes en laiton ou fer chromé qui assurent les différents mouvements (balancier et enfoncement). Pour compenser la lourdeur de la mécanique qui repose sur l'extrémité des touches, des plombs sont insérés pour contrebalancer le poids d'enfoncement (la norme est comprise entre 47 et 60 gr à l'avant de la touche, 50 et 70 gr au bord de la touche). Le réglage d'enfoncement des touches doit être identique sur toute l'étendue du clavier (10 mm en moyenne) pour offrir au pianiste la même sensation de jeu.


5) LE MARTEAU

Comme l’indique son nom, le marteau ressemble à l’outil bien connu. L’extrémité de la pièce (la tête) qui vient frapper la corde est entourée de plusieurs épaisseurs de feutre pressées et collées sur le bois. La densité du feutre contribue à la sonorité finale de l’instrument. Au fil du temps, les cordes impriment des marques sur ceux-ci et altèrent la sonorité du piano (le rendant plus sourd). Un "ponçage" et un "aiguillage" délicat deviennent nécessaires pour retrouver une même couleur de timbre sur l'ensemble des notes (harmonisation).


6) LES CORDES

Une corde de piano est un fil d’acier trempé d’un diamètre différent (aigu et médium). Les cordes basses sont entourées d’un fil de cuivre filé (afin d’augmenter leur masse, l'acier seul ne suffisant pas). Sa longueur et son diamètre déterminent la hauteur du son. Il faut compter une moyenne de 75 kg de tirant pour une corde (sur les pianos modernes), ce qui représente entre 16 et 22 tonnes pour les 240 cordes. La qualité de fabrication des cordes basses est essentielle, car celles-ci jouent un rôle fondamental dans la couleur finale de l'instrument. Les cordes (acier) sont au nombre de 3 pour les aigus et les médiums, de 2 pour les médiums-graves et d'une seule pour les graves.


7) LE CHEVALET

Il a pour rôle de transmettre les vibrations des cordes à la table d'harmonie qui amplifie le son. Sur les pianos modernes, à cordes croisées, un second chevalet est présent pour séparer les basses.


8) L'ÉTOUFFOIR

Son utilité est primordiale, puisque comme son nom l'indique, il stoppe la vibration de la note quand la touche est relâchée. La pièce est garnie d'un feutre qui appuie sur la corde au moyen d'un ressort en laiton.


J'ENTRETIENS MON PIANO

Sous ses aspects solides, robustes, le piano acoustique paraît indestructible. Il n’en est rien !
Un piano est un ensemble de pièces complexes, où toutes ont un rôle fondamental. C’est un instrument « vivant », à l’équilibre fragile. Il en va de la durée de vie de votre instrument. Il ne doit pas être placé n'importe où dans votre lieu de résidence. Le piano est un instrument et non pas un objet de décoration, comme souvent chez l’habitant. L’acoustique du local est un paramètre à ne pas sous-estimer, dans la mesure où il peut faire perdre une grande partie de la qualité sonore de votre piano. Tout instrument réclame un aménagement qui lui est propre.


LE FROID, LE CHAUD, L'HUMIDITÉ DE L'AIR

Ces trois paramètres sont étroitement liés. L'air extérieur apporte de l'humidité en fonction de sa température ; plus il est froid, moins il contient d'eau. Les saisons les plus humides en France sont le printemps et l'été ; en hiver, à cause d'un air froid très sec, le bois a tendance à se rétracter.

Le piano s’adapte mal à des variations climatiques brutales, que ce soit à l’intérieur de l’habitation ou provenant de l’extérieur… l’air circule ! Vous ne déplacerez pas un piano aussi bien qu’une guitare pour le mettre à l’abri d’une source de chaleur ou de froid. Le piano est sensible aux variations hygrométriques. Il est également sensible à la sécheresse comme à l’humidité. Le pire est le passage rapide d’un état à l’autre.

Un air trop sec accélère un desserrage des mécanismes et augmente les risques de fendillement du bois et donc de la table d’harmonie, tandis qu’un air trop humide provoque une accélération de l’oxydation des parties métalliques. Quand les cordes sont oxydées, elles ne sonnent plus correctement, deviennent sourdes et se fragilisent (risque de rupture). Les chevilles se grippent et rendent l’accord plus difficile. Les feutres augmentent d’épaisseur, perdent de leur rendement sonore et les touchent commencent à se coincer. Alors, que faire ?

Si vous désirez que votre piano dure longtemps (jusqu'à plusieurs générations), qu’il se désaccorde le moins possible, que la mécanique ne se détériore pas, que le bois ne se déforme pas, quelques précautions sont à prendre.

  • L’hygrométrie doit être la plus constante possible (supérieure à 45 % pour 22°) : utilisez un humidificateur d'air si nécessaire. Une maison traditionnelle avec des plantes vertes dans la pièce peut parfois suffire.

  • La température doit être la plus constante possible : comprise entre 15 et 24°.

  • Laissez un espace entre votre piano droit et une source de chaleur (pour une cheminée : aussi loin que possible, et pour un radiateur : une distance d’au moins 1 à 2 m est conseillée). Évitez une pièce avec chauffage par le sol.

  • Évitez autant que possible un garage, un sous-toit trop sujet à des variations climatiques importantes.

  • Évitez les lieux à courants d’air : couloir, fenêtre ouverte à proximité du piano.

  • Évitez les pièces à grandes surfaces vitrées (les vitres font effet de radiateur), les rayons du soleil direct et les murs donnant sur l'extérieur (échanges thermiques).

  • Contre les excès d’humidité, achetez des absorbeurs d’humidité que vous placerez à proximité du piano. Faire attention toutefois aux projections des sels qui tachent les bois et oxydent le métal.

  • Si le local dans lequel est installé le piano reste inhabité durant la période hivernale, je vous conseille de disposer du papier journal à l’intérieur du piano et de le recouvrir (devant et derrière) d’une couverture en laine de préférence. N'oubliez pas également l'antimite (dans le piano). Un appareil électrique efficace pour corriger les écarts d'hygrométrie peut être installé à demeure dans le piano et le protéger durablement en testant le matériau Dampp-Chaser.

L'ENTRETIEN : LES TOUCHES, L'ACCORD

  • Les touches : pour le nettoyage des touches à revêtement plastifié, utilisez de l’eau savonneuse puis, pour les touches en ivoire, imbibez un chiffon avec de l’alcool à brûler (vous ne pourrez rien faire, vous-même, contre l’effet vieillissant de l’ivoire : couleur jaunâtre. Le blanchiment est possible lors de la réparation du clavier).

  • L’accord et la mécanique : une fois par an minimum et toujours au même moment. Deux fois, c’est mieux (été et hiver). N’oubliez pas qu’un piano désaccordé entraîne systématiquement un déséquilibre des tensions au niveau de la table d’harmonie et une perte de stabilité sonore. Pensez également à faire vérifier tous les deux ans (usage régulier) la bonne tenue de la visserie et le réglage de la mécanique ainsi qu'un accord dans le cas où votre piano a subi un déménagement.

N’oubliez pas qu’un piano entretenu sera plus facile à vendre, à trouver un acquéreur, s’il est en bon état.


L'AMÉNAGEMENT ACOUSTIQUE DE LA PIÈCE

  • Le sol : isolez autant que possible les pieds du piano du sol, pour éviter la transmission du son dans celui-ci (caoutchoucs durs comme sous les machines à laver, patins spéciaux).
    Si vous avez du carrelage, vous êtes en présence d’un matériau dur très réverbérant qui ne convient pas au piano. Il n’absorbe pas les résonances et les vibrations de l’instrument. Il diffuse trop les ondes. Pour réduire un petit peu ces effets, placez sous le piano et tout autour (1 m à l’extérieur de l’instrument) une moquette très épaisse.
    Un parquet en bois (en bon état) offre une meilleure qualité acoustique (s'il est isolé par en dessous)... la moquette restant la solution la plus intéressante.

  • Les murs : laissez toujours un espace entre le mur et l’instrument (10 à 20 centimètres). Pour absorber un petit peu les réflexions des ondes arrière, vous avez la solution d’installer à quelques centimètres du mur un cadre en bois composé de plaques de polystyrène recouvertes de moquette. Abstenez-vous de placer votre piano dans un angle de la pièce. Les coins ont la fâcheuse tendance à augmenter les réflexions des ondes sonores.

  • La pièce : elle ne doit pas être trop grande, ouvrant sur des couloirs, des escaliers, ni vide de meubles ou de tout matériau absorbant (livres, cartons, …) ; sinon la réverbération de la pièce risque d’être excessivement importante. Votre précision de jeu en subira les conséquences. Une pièce ayant une grande superficie vitrée est à déconseiller également. Le verre est très nuisible et réagit de la même manière que le carrelage.

    Lorsque vous jouez, la sonorité du piano doit vous paraître précise, directe, venant vers vous. Vous ne devez pas avoir la sensation que la sonorité se diffuse dans toute la pièce (son "en tonneau").

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