DOSSIERS DIVERS



LE MÉTIER D’INSTRUMENTISTE ET LA CARRIÈRE PROFESSIONNELLE

À l’adolescence, après quelques années de pratique instrumentale, le rêve de jouer dans un orchestre ou d'avoir l'ambition de faire de la musique un métier n'est pas rare. Cette page décrypte les différentes facettes liées au métier d’instrumentiste et les qualités indispensables pour peut-être espérer en vivre.


LÀ OÙ IL EST QUESTION DE MAÎTRISE DE L’INSTRUMENT

Généralement, la décision de faire de la musique une profession intervient quand la maîtrise de l’instrument est là (ou jugée comme tel). Conditionnée par un sentiment personnel ou reconnu par autrui, sa valeur est toujours subjective en étant placée sur le "tableau des comparaisons". L’instrumentiste jugera le plus souvent la maîtrise de son instrument en fonction de la musique qu’il pratique et, comme la musique est plurielle, la maîtrise de l’instrument peut signifier s’attaquer à une œuvre qui fait figure d’ascension de l’Everest ou simplement savoir jouer correctement quelques accords en mesure.

Vous pensez que j’exagère, mais non ! Il existe bel et bien des musiciens professionnels qui pratiquent parfaitement leur art en ne sachant jouer que quelques accords sur leur instrument. D’ailleurs pourquoi iraient-ils chercher la Lune quand leur bonheur se résume à savoir jouer leurs recettes sonores en deux, trois mouvements ?

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Le niveau de maîtrise de l’instrument coïncide généralement avec les années de pratique que l’on a derrière soi : Ont-elles été abordées studieusement, en suivant un enseignement régulier ou vécues par intermittence, avec des hauts et des bas ? L’adolescence est le cap important, car c’est à ce moment-là que l’envie de devenir musicien peut prendre le dessus sur tout le reste. Le point délicat survient quand les études scolaires sont en danger, l’adolescent est alors confronté aux parents.

Deux cas se présentent généralement : les parents sont musiciens et dans ce cas le désir de leur enfant semble normal (bien qu’ils puissent s’y opposer pour d’autres raisons) ; les parents ne sont pas musiciens et ce sont les difficultés liées à la profession qui deviennent la première raison de leur refus. Les parents, imaginant leur enfant vivre dans une sorte de précarité constante, feront tout leur possible pour l’en dissuader.

À consulter : DEVENIR MUSICIEN QUAND ON EST ADOLESCENT

Du marginal jusqu’au saltimbanque, de drôles de qualificatifs poursuivent le musicien. Certains acceptent leur sort tandis que d’autres déploieront énormément d’énergie pour se maintenir à flot dans l’intention d’avancer, même si pour atteindre un autre niveau, ils doivent se sacrifier et faire des concessions parfois difficiles à vivre.

Beaucoup de personnes considèrent le métier de musicien comme un métier différent des autres, alors que son activité repose pour l’essentiel sur des compétences et de l’expérience comme de nombreuses autres professions. D'ailleurs, le musicien n’est-il pas confronté aux mêmes obstacles que tout le monde en désirant apporter une image positive de ses compétences ? Bien évidemment, le milieu musical appartient au domaine artistique et les postes à pouvoir ne se limitent pas toujours à la seule volonté de bien faire : les places sont chères et la compétition âpre, surtout dans le domaine classique !


LA CARRIÈRE PROFESSIONNELLE DANS UN ORCHESTRE

Jouer dans un orchestre peut préparer le musicien à la carrière professionnelle. Dans ce cas, du moins dans les orchestres classiques, le déchiffrage est le maître-mot. Le musicien d’orchestre doit être prompt à réagir en face d’une partition qu’il ne connaît pas. Il peut se trouver également en face d’un style d’écriture qu’il pratique rarement (baroque, classique, contemporain, expérimental). Le temps imparti est souvent très court pour s’organiser (renouvellement du programme, tournée, remplacement…), aussi doit-il avoir des capacités d’assimilation et d'adaptation rapides.

L’autre exigence est bien entendue le niveau de technique instrumentale qui doit être élevé pour dominer des partitions parfois difficiles. Il n’est pas rare qu’en moins d’une semaine le musicien de pupitre doive faire le tour des différentes difficultés techniques d’une œuvre qui couvre plus de 10 pages.

Par ailleurs, quand un poste devient vacant dans une formation à l'effectif important (orchestre symphonique), le musicien élu entre dans une grande famille avec ses rivalités et ses jalousies. Le chef d’orchestre, qui doit veiller à ce que l’ensemble reste cohérent, demande alors au « petit nouveau » de faire ses preuves tout en entrant dans le « moule ». Écouter les « sermons » qui fusent de part et d’autre et les recommandations qui visent à se faire bien voir des autres ne sont pas rares.

À consulter : LA VIE DE MUSICIEN DANS UN ORCHESTRE CLASSIQUE

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Si l’orchestre classique a ses propres exigences, pour autant, devenir l’accompagnateur d’un chanteur de variété impose d’autres règles et des conditions de travail qui sont siennes. Les préparatifs en amont, les répétitions, les tournées n’ont qu’un lointain rapport avec l’ambiance d’un orchestre classique. Si elles sont habituellement moins formelles, les modalités sont sous la coupe d’un responsable d’orchestre qui doit parvenir à satisfaire les exigences de la « vedette » tout en « accordant » quelques passe-droits aux musiciens pour éviter que des frictions naissent plus tard.

Autre cas, autre ambiance, celle de l'orchestre de jazz. Généralement, le musicien de jazz est un puriste qui engage tout son être. Son choix est délibéré, puisque la profession de jazzman, bien que devenue aujourd’hui une activité cadrée avec contrat et conditions d’exercice, a longtemps survécu grâce au sacrifice existentiel d’un grand nombre de pratiquants. Cette musique traîne derrière elle un passé si difficile que même les plus grands avaient parfois du mal à joindre les deux bouts ! Le jazz est certainement la musique mal aimée par excellence, car ce qu’elle exige, techniquement parlant, est rarement à la hauteur des contrats proposés. Toutefois, comparativement à d’autres pays, les musiciens de jazz sont en France bien mieux protégés.

Aujourd’hui, de nombreux musiciens, pour se défendre d’une certaine précarité, ne sont plus comme par le passé des intervenants attitrés d’un seul orchestre, mais de plusieurs. Cette activité protéiforme ordonne, en fonction de l’instrument pratiqué et des répertoires à aborder, de grandes qualités d’adaptation.


LA CARRIÈRE D’INTERPRÈTE

Elle revêt plusieurs formes allant du soliste à l’accompagnateur jusqu’au musicien d’orchestre.

LE SOLISTE

Devenir un musicien soliste est une carrière à envisager que sous certaines conditions : être particulièrement brillant dans son domaine, avoir une forte personnalité dans son jeu et dans sa manière de l’aborder. C’est d’autant plus important quand l’improvisation vient s'ajouter à une prise de risque de tous les instants.

La position du musicien concertiste est certainement la plus « inconfortable » car la plus exigeante. Le sacrifice de soi est très important et n’exclut pas une vie sentimentale mouvementée, sans compter la solitude des chambres d’hôtels lors des tournées. Certains musiciens adoptent ce mode de vie particulier et finissent même par s’y épanouir alors que d’autres l’abandonnent, ne vivant plus les concerts avec la même intensité, éprouvant même des troubles psychologiques qui risqueraient de les écarter d'une vie sociale affective.

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Pour devenir un brillant musicien soliste, autant s’y habituer le plus tôt possible, comme les concertistes classiques qui, dès leur plus jeune âge, participent à des concours nationaux et internationaux. Dans une ambiance parfois irréelle et d’une grande froideur, les petits génies du piano, du violon ou de la guitare affrontent un jury dont ils perçoivent seulement la silhouette dans la pénombre de la salle. Y participer est comme une obligation. C'est un peu comme entrer en religion. Le milieu classique impose ses choix, et sans récompenses, point d’enregistrement à l’horizon et point de salles prestigieuses pour les recevoir !


LE CHAMBRISTE

Au sein d’un trio ou d’un quatuor, le chambriste occupe une place à part, ni favorable ni défavorable, en se trouvant dans une position qui privilégie l’unité à l’individualisme. La notoriété de chaque instrumentiste ne s’élèvera que si la renommée de l’ensemble vient à les devancer. Toutefois, il est bien rare que la réputation d’un membre appartenant à un trio ou à un quatuor se détache alors que toute la singularité et la force du groupe reposent généralement sur une cohésion et une entente exemplaires. De plus, l’écriture de nombreuses œuvres classiques pour trio, quatuor ou quintette repose sur une complémentarité de jeu qui n’incite pas un soliste à faire cavalier seul.

Les places sont précieuses, bien plus que dans un orchestre symphonique où des désistements peuvent se produire et donner la chance à un musicien d'occuper le poste. Les subventions accordées sont assez aléatoires, même avec le concours d’un agent artistique. Pour vivre de leur passion, une grande majorité des interprètes de musique de chambre ont d’autres activités annexes comme celle d’enseigner.



LE MUSICIEN ACCOMPAGNATEUR

Son rôle est de soutenir seul ou à plusieurs un musicien soliste (qui peut être aussi un chanteur). Le rôle de l'accompagnateur, sans être ingrat, est d’être dans l’ombre de l’artiste qu’il guide. Contrairement aux musiciens chambristes qui jouent l’unité, la solidarité, le rôle de l’accompagnateur est bien distinct du soliste dont le rôle central est de fédérer les musiciens autour de son interprétation. Nous pourrions dire que les accompagnateurs suivent et que le soliste, de par son jeu, propose.

Alors que dans le classique, de nombreuses œuvres sont écrites spécialement pour un seul instrument (concerto pour piano, pour flûte, pour violon... ou pour un type de voix précis), dans le domaine du jazz, le rôle attribué au soliste concerne la majorité des musiciens. C'est une des particularités de cette musique : jouer collectif tout en renforçant et en singularisant le jeu individuel.

LE MUSICIEN D’ORCHESTRE

Il est possible de trouver du travail au sein de différents orchestres classiques mais, comme ailleurs, les places sont rares. L’accession au poste se fait sur concours et les candidats sont souvent nombreux. Outre un niveau de compétence élevé (bien au-delà d’une médaille de conservatoire), la préparation à un concours est toujours exigeant, intense. Au-delà du poste convoité, il existe une certaine injustice... Les instruments les plus réclamés sont ceux qui sont le plus en nombre : prioritairement les cordes puis les vents. On comprend dès lors que la place d’un pianiste (ou d’un guitariste) est synonyme d’exception.

Les instrumentistes classiques sont généralement placés sous des contrats renouvelables et valables pour plusieurs années, ce qui est fort rare ou inexistant dans les autres secteurs musicaux que sont par exemple la chanson ou le jazz. Sauf cas exceptionnel, le contrat (cachet) correspond à un seul spectacle placé sous des conditions qui sont préalablement négociées avant chaque date.

Par ELIAN JOUGLA (Piano Web - 06/2021)

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