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LES GAMMES, LEUR PARTICULARITÉ ET LEURS USAGES

Gamme diatonique, gamme relative, gamme chromatique, gamme enharmonique, gamme blues... Qui parmi vous pourrait être capable de définir ces différentes gammes ? Dans les faits, au piano, on apprend et on joue les gammes plus que l’on cherche à les définir. Pourtant, une gamme diatonique et une gamme chromatique ont des fonctions et des usages bien différents, de même qu'une gamme relative a pour mission de servir les écritures et une gamme enharmonique de servir le système tonal moderne…


LA GAMME DIATONIQUE

Toutes les gammes réalisables sur le piano possèdent une construction qui n’est point l’effet du hasard ou de la fantaisie, mais influencées par le résultat de la résonance naturelle des corps sonores (pour en savoir + : la gamme diatonique et ses harmoniques) ou plus exactement en étant en rapport avec le tempérament égal (ou accord tempéré). Ainsi, quand un piano est accordé de cette façon, l’intervalle de quinte tempérée est légèrement inférieur à la quinte naturelle, et la tierce tempérée sensiblement plus grande que la tierce naturelle (pour en savoir + : Accorder un piano en tempérament égal).

© pixabay.com

Partons des définitions pour comprendre que la construction d'une gamme ne doit rien au hasard et repose sur une logique.

La gamme diatonique est composée de ton et de demi-ton, et se trouve associée aux tonalités ; la tonalité étant l’ensemble des lois qui régissent la constitution des gammes diatoniques.

Pour faire simple, les gammes diatoniques – majeures – sont celles que généralement le pianiste apprend en premier, puisqu’elles font souvent fonctions d’exercices dans l’apprentissage de l’instrument et dans la compréhension du mode majeur.

Pour le pianiste, la plus représentative des gammes diatoniques est celle de Do (do, ré, mi, fa, sol, la, si - do). Avec ses variantes qui se dessinent à tous les tons, nous en avons quinze dans le mode majeur. Mais attention, les gammes diatoniques se rencontrent également dans d’autres modes  – comme le mineur – à partir du moment qu’entre en jeu des tons et des demi-tons dans sa construction. Précisons aussi que dans une gamme diatonique, il ne peut y avoir de demi-ton autre que diatonique, c’est-à-dire ne portant pas le même nom (exemple do et ré bémol ou fa # et sol).

UTILISATION

  • 1. Pour développer la vélocité des doigts.
  • 2. Pour comprendre le fonctionnement des modes (armure).
  • 3. Pour poser les bases de l’improvisation.

Les gammes diatoniques ne font défaut à aucune musique occidentale, classique ou contemporaine, puisqu’elles constituent avec les accords le socle d’un mode (manière d’être d’une gamme diatonique). Toutefois, si elles constituent d’excellents exercices pour développer la connaissance visuelle sur le clavier en fonction des tonalités ou en interaction avec les accords (étude des modes pour improviser), en tant que tel, jouer une gamme offre au musicien aucune qualité artistique (ou très peu).

Sauf à vouloir utiliser les gammes comme dans quelques petites pièces pour piano classique où elles apparaissent parfois dans leur intégralité (exemple : Première sonate en Do de Mozart), les gammes ne sont utiles que quand leur fonction est d’assister le compositeur ou l'improvisateur.


LA GAMME RELATIVE

La gamme relative nous conduit à évoquer la gamme mineure. Celle-ci est constituée des même notes que la gamme majeure sauf qu’elle possède une tonique différente (1) située à un ton et demi au-dessous de la gamme majeure, et pour autre différence d’avoir son 7e degré élevé d’un demi-ton. Ces deux particularités suffisent à éviter toute équivoque entre gammes majeure et mineure.

Le terme de « gamme relative » n’est donc pas autre chose qu’une façon de qualifier le rapport existant entre la gamme majeure et celle mineure. De fait, on peut en conclure que toute gamme majeure possède sa gamme mineure relative et inversement.

Ajoutons également que l’armure de la clé (2) est commune aux deux gammes, tout en précisant que l’altération qui élève le 7e degré de la gamme mineure ne fait jamais partie de l’armure à la clé (à cause de son caractère chromatique).

Pour basculer de la gamme majeure à la gamme mineure relative, il suffit d’augmenter le 5e degré de la gamme majeure (exemple : la note sol qui devient sol #, pour obtenir la gamme de La mineur : la, si, do, ré, mi, fa, sol # - la, gamme relative de Do majeur ).

Cette « petite différence » permet également de savoir sur une partition si une œuvre est écrite dans une tonalité mineure ou pas (ou si un passage module dans une tonalité mineure ou pas). Par exemple, si une œuvre ne comprend aucune altération à la clé – ce qui laisse supposer qu’elle est écrite en Do majeur -, la présence de la note sol # indiquera que la partition ou le passage est en La mineur.

1. Tonique : note de départ qui portera le nom de la gamme.

2. Armure : altérations placées à côté de la clé qui servent à définir la tonalité.

UTILISATION

Connaître la gamme relative n’a pas d’utilité particulière au piano excepté la couleur sonore produite et dans les écritures où leur connaissance évite les erreurs enharmoniques (par exemple écrire un sol dièse à la place d'un la bémol et inversement).


LA GAMME CHROMATIQUE

La gamme chromatique repose uniquement sur des demi-tons (douze demi-tons : sept diatoniques et cinq chromatiques). Pour faire simple, si vous jouez sur le clavier du piano toutes les notes présentes en montant ou en descendant, vous reproduisez plusieurs fois la gamme chromatique.

Ensuite, puisque vous jouez toutes les notes, la gamme chromatique ne peut être qu’atonale, ce qui signifie qu’elle ne tient pas compte des lois tonales.

UTILISATION

Comme la gamme chromatique ne peut être « enfermée » dans une tonalité précise, elle peut être utilisée avec n’importe quel support harmonique (accord) et partir de n'importe quelle note. C’est son avantage, mais aussi quelque part sa faiblesse, car sa couleur trop caractéristique nuit à son abondance. La plupart du temps, elle s’intègre dans les œuvres par petites touches et de façon fragmentée.


LES GAMMES ENHARMONIQUES

Théoriquement, on dit de deux gammes qu’elles sont enharmoniques quand leurs degrés correspondent (même son) mais que leur nom diffère comme fa dièse et sol bémol.

La conséquence est visible dans le mode majeur qui repose sur 15 gammes, mais qui en compte 12 si nous tenons compte de l’enharmonie. Ce constat est assez logique puisque sur un instrument comme le piano nous avons 12 demi-tons par octave, donc douze points de départ.

Les gammes enharmoniques relatives aux gammes du mode majeur sont :

  • Les gammes Si et Do bémol.
  • Les gammes Fa dièse et Sol bémol.
  • Les gammes Do dièse et Ré bémol.

UTILISATION

Les gammes enharmoniques peuvent se remplacer réciproquement, et par ce moyen, on évite les tons contenant un trop grand nombre d’accidents, ce qui rend la lecture plus facile.

L’enharmonie étant le complément du système tonal moderne, elle est le lien par lequel l’ordre des dièses s’enchaîne à l’ordre des bémols. Grâce à l’enharmonie, les gammes se « pénètrent » réciproquement, et au moyen de cette « pénétration », partant du même point par deux cheminements opposés, elles reviennent à leur point de départ lorsqu’elles en paraissent le plus éloignées.

Si les gammes enharmoniques n’ont pas d’incidence directe concernant la technique sur l’instrument (puisqu’elles utilisent les mêmes notes), elle conserve néanmoins toute leur utilité dans les écritures.


LA GAMME DE BLUES

À la suite de ce bref exposé, nous pourrions inclure des gammes atypiques de part leur construction et leur usage. L’une des plus significatives étant la gamme de blues.

Bien plus qu’une gamme, sa couleur a imprégné de nombreuses musiques d’origine afro-américaine : le rhythm and blues, la soul, le rock’n’roll ou la country. Elle possède un contenu émotionnel intense associé à un jeu typé : le blues (« avoir le blues », terme argotique qui associe une couleur – le bleu – à un état de tristesse et d’abattement moral).

Sans s’étendre sur ses nombreuses particularités, la plus importante est d’être constituée de notes à « hauteur flexible », une hauteur qui produit de la dissonance mais qui caractérise l’inflexion « bluesy ».

Ces « blue notes » sont au nombre de trois : la tierce mineure, la quarte augmentée (ou quinte diminuée) et la septième mineure.

La gamme de Do blues : do, mi b, fa, fa #, sol, sib – do.

UTILISATION

Exploitée conjointement avec une grille de blues, la gamme produit une ambiguïté modale entre majeur et mineur (intervalles mineurs sur des accords majeurs).

Une autre de ses caractéristiques sonores est d’être « indifférente » vis-à-vis des changements d’accords, d’où la possibilité de n’utiliser qu’une seule gamme blues sur tous les accords d’une grille (blues de Chicago).

Paradoxalement, l’utilisation d’accords de septième (exemple Do 7 : do. mi, sol, sib) renforce la couleur bluesy en ayant une sonorité de dominante sans en avoir la fonction. Par ailleurs, la gamme blues peut s’associer indifféremment avec d’autres types d’accords comme l’accord de septième majeure et mineur septième, voire avec l’accord demi-diminué ; d’où la possibilité de construire des « squelettes harmoniques » en grand nombre. Le blues majeur, le blues mineur, le blues suédois et le blues modal phrygien étant les plus représentatifs. Pour cela, je vous renvoie au 30 grilles de blues mise en ligne.

Des variantes naîtront de cette gamme, comme la gamme mixoblues qui combine la gamme blues et le mode mixolydien.

Gamme mixoblues de Do : do, ré, mi b, mi naturel, fa, fa #, sol, la, si b – do.


SURF SUR D’AUTRES GAMMES

LA GAMME PENTATONIQUE

C’est une gamme à cinq sons qui ne comprend habituellement aucun demi-ton. On rencontre les pentatoniques dans toutes les musiques du monde et sont habituellement utilisées dans des contextes modals.

En savoir + : La gamme pentatonique : utilisation et conseils.

LES GAMMES SYMÉTRIQUES

Elles sont constituées par la répétition d’un intervalle ou d’une cellule. Leur symétrie limite de fait les possibilités de transposition. Nous avons :

La gamme unitonique : gamme symétrique constituée de 6 sons, formée par une succession de tons et qui divise l’octave de manière égale en six. Elle ne peut être transposée que deux fois.

La gamme diminuée (ou octatonique) : gamme symétrique composée de 8 sons formée par la répétition d’une cellule comprenant un ton et un demi-ton. Elle ne peut se transposer que trois fois. Cependant, les gammes diminuées possèdent deux modes, selon que l’on commence par le ton ou par le demi-ton.

La gamme augmentée : gamme symétrique composée de 6 notes formée par la répétition d’une cellule comprenant 1 ton et demi et un demi-ton.

En savoir + : Les gammes symétriques.


EN CONCLUSION

Il existe bien sûr d’autres gammes, comme celles issues des modes anciens et orientaux, toutefois cet exposé recense les plus usités dans le domaine des musiques contemporaines et permet d’évaluer en quelques phrases descriptives leur particularité et usage. Cela permet aussi de mieux saisir pour un musicien non aguerri, la contribution des gammes dans la musique placées dans différents contextes avec pour chacune, une identité sonore bien précise.

par ELIAN JOUGLA


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1 - ARRANGEMENT
2 - ÉVEIL MUSICAL
3 - HARMONIE
4 - IMPROVISATION
5 - PIANO ET TECHNIQUE
6 - RYTHME
7 - SOLFÈGE/THÉORIE
8 - PROGRAMMATION & LOG.
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