HISTOIRE DE LA MUSIQUE ET DES INSTRUMENTS



LES CLAVIERS ÉLECTROMÉCANIQUES TAILLÉS POUR LA SCÈNE

La popularité des claviers électromécaniques est apparue dans les années 50/60, quand la musique laissa éclater ses décibels sur les pistes de danse. Alor que l’orgue Hammond était le clavier électromécanique de référence des clubs de jazz, l’arrivée des pianos électriques Wurlitzer et Fender Rhodes marqueront un tournant en se rapprochant du piano, lui faisant même de l’ombre sur scène comme en studio dans leurs années phares.


L’ORGUE HAMMOND, LA PREMIÈRE RÉFÉRENCE

Parmi les orgues électromécaniques s’il n’y avait qu’un nom à retenir, ce serait Hammond. Le premier modèle est fabriqué en 1935. Son constructeur, Laurens Hammond, sans prendre totalement conscience de la portée de son invention, allait provoquer une véritable révolution. George Gershwin, l’oreille tout ouverte au jazz, sera l’un de ses premiers utilisateurs. Le compositeur, décrié par la critique, mais encensé par le public, n’aura pas l’occasion de toucher au modèle phare, celui de Jimmy Smith, le B-3 (1955).

À sa sortie, l’orgue coûtait une petite fortune : 2 500 dollars. Pour accélérer sa diffusion aux USA et ainsi réduire son coût de fabrication, l’instrument est présenté comme étant un instrument convivial capable de faire entendre sa richesse sonore au cours de soirées familiales. La photographie publicitaire ci-dessous en apporte une parfaite illustration.

Image publicitaire (années 1950)

Bien avant l’arrivée du piano numérique des années 80, l’orgue électromécanique sera pendant longtemps la principale alternative au piano acoustique. En 1967, l’apparition de la cabine Leslie donnera à cet imposant instrument à double clavier, un son rotatif qui dopera ses ventes. Grâce à la particularité de cet ingénieux système à haut-parleurs tournant sur 360 degrés, l’orgue électromécanique s’affranchit encore un peu plus de son homologue acoustique, tant au point de vue sonore que technologique.

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À partir des années 50, l’orgue Hammond devient un instrument reconnu. Il pénètre en profondeur au cœur du jazz puis dans celui du rock, imprimant sa chaleur sonore dans les ballades où il a toujours fait merveille, faisant ressortir sa profonde sonorité quand il s’attaque à des gospels, ou carrément avec un côté sauvage quand on lui ajoute des pédales d’effets en sortie.

Face à lui existait deux autres modèles : le Vox (1960) – utilisé par The Doors – et le Farfisa. Si les tirettes harmoniques sont encore présentes, le Vox et le Farfisa possèdent des sonorités moins chaudes que l’Hammond. Ces orgues compacts seront les premiers instruments à clavier à être équipés de transistors au détriment des lampes. Ils feront les beaux jours dans les groupes rocks des années 60.

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LE PIANO ÉLECTRIQUE, L'ATOUT SCÉNIQUE

Si l’orgue électromécanique était une première réponse à l’écrasante suprématie des instruments acoustiques, le piano n’avait pas encore de rival direct. L’apparition du piano électrique Wurlitzer (1955), puis plus tard du Fender Rhodes (1965) allaient apporter une première réponse. Leurs succès étaient justifiés pour plusieurs raisons... Outre leur côté mobile, ils possédaient chacun une préamplification et un son tout à la fois reconnaissable. Capables de s’adapter à de nombreuses situations scéniques ou contextes discographiques, le Wurlitzer et le Fender Rhodes ont démontré à travers l'histoire musicale de ses 60 dernières années toute leur importance et magnétisme.

Le premier modèle Wurlitzer était de couleur beige et à lampes. Ce clavier si cher à Ray Charles était composé de 60 touches et délivrait une douce sonorité capable de flatter à coup sûr n’importe quelle oreille. Toutefois, l'instrument ne manquait pas d'agressivité quand on le malmenait.


RAY CHARLES : WHAT DID'I SAY (1958)

Début années 70. Le Fender Rhodes entre dans la danse et fait résonner ses lames d'acier. Le piano électrique s'impose comme une référence. Son principe de fonctionnement semblable à la guitare électrique procure à son utilisateur une souplesse d’emploi et une maintenance plus efficace que son concurrent direct, le Wurlitzer.

Les arguments publicitaires d’alors font mouches, comme le démontre le résumé qui suit et qui se passe de commentaires : « Nous avons construit notre piano Rhodes avec des diapasons ; ceci est un point acquis. Il a toujours existé une lacune concernant les pianos traditionnels, c’est qu’ils sont la plupart du temps désaccordés lorsqu’on veut s’en servir. Nous avons introduit sur le marché un instrument toujours prêt en éliminant les cordes, les mécaniques délicates, etc. Dans les pianos Fender Rhodes toutes les parties sonores et mécaniques sont testées dans nos laboratoires. Essayez donc un piano Fender Rhodes dans votre groupe ! D’un transport facile, il possède une sonorité précise et caractéristique, un merveilleux vibrato réglable, et de plus il est stable… maniable… solide… et surtout très agréable à écouter. »

Écouter une illustration sonore (source musicmot.com)

Dans les années 70, l’apparition du Yamaha CP70 apportera une réponse encore plus crédible au son et au toucher du piano en fonctionnant de la même façon que lui. Présenté comme un piano électroacoustique, il possédait de véritables cordes de piano amplifiées par des micros. Sa seule faiblesse était son caractère capricieux au niveau de l’accord lors de déplacements. On peut notamment l’entendre chez le pianiste George Duke dans le titre Hot Fire


GEORGE DUKE : HOT FIRE (1977)

L’ESPRIT DU CLAVECIN MIS EN BOÎTE

Reste enfin le clavecin qui n'avait pas encore de représentant dans sa version électromécanique. Cet instrument de premier plan, mais oublié dès la fin de la période baroque, allait trouver une sorte de renaissance toute particulière à travers l’Hohner Clavinet (1960).

Le constructeur allemand Hohner, qui est au départ un vulgarisateur du guide-chant (sorte de petit harmonium transportable souvent utilisé dans les écoles), devient célèbre grâce à la vente de ses accordéons et harmonicas. Ses premiers instruments électriques dont fait partie le "Symphonic 30", un orgue mono clavier, ne seront commercialisés qu'à partir de 1962.

De son côté, l’ingénieur allemand Zacharias va inventer pour Hohner le Cembalet, dont le principe s’inspire largement du clavecin. Et c’est de cet instrument que découlera, quelques années plus tard, le fameux Clavinet D6 si cher à Stevie Wonder, et que l’on peut entendre à souhait dans son tube Superstition.


STEVIE WONDER : SUPERSTITION (1973)

Durant les années 70 et grâce au Clavinet, Hohner deviendra un des leaders du clavier électromécanique. Le principe de fonctionnement de cet instrument restera unique avec son utilisation d’anches. La marque poursuivra sa route en construisant d’autres modèles d’orgues ou parfois des claviers « combos » comme le "Hohner C-86" qui réunit orgue, piano et basse sur un seul clavier.

Si le Hohner Clavinet a fait les beaux jours de la musique funky et disco, mais aussi du jazz dans les années 70, son grain de son trop atypique ne lui a pas permis d’être aussi polyvalent que les autres modèles présentés dans cette page. Aujourd'hui, le son du Hohner reste une curiosité, même si on peut encore l’entendre dans quelques productions actuelles.

Ci-dessous une illustration de l’utilisation d’un Hohner sur scène (milieu des années 70). Ici, c’est le pianiste de jazz Chick Corea qui, comme Stevie Wonder ou Herbie Hancock, en fera usage. (modèle "Pianet-Clavinet Duo").

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par ELIAN JOUGLA


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