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BIEN DÉMARRER AVEC L’HARMONIE ET SES ACCORDS

L’harmonie est un vaste domaine aussi essentiel que le rythme, mais sa façon de l’aborder et de l'expliquer peut prendre différents chemins. Il suffit de taper le mot 'accords' dans le moteur de recherche du site pour voir apparaître de nombreuses pages en relation avec le sujet. Les accords, qui sont une ébauche essentielle à sa compréhension, doivent être travaillés par étapes, comme le détaille cette page.


LES TRIADES : LA BASE

Une des facettes de l’harmonie est d’étudier les ressorts de la polyphonie et, dans ce domaine, l’étude des accords apporte une réponse essentielle. Déjà évoquées dans le site à plusieurs reprises, nous ne reprendrons pas ici les définitions des accords et la particularité de leurs écritures, nous allons plutôt donner sens à leur usage en nous plaçant comme de simples observateurs.

Partons du constat suivant : jouer un accord majeur au piano est simple, si simple qu’un enfant de huit ans peut rapidement l'assimiler à la façon d'un jeu. À ce stade, l’harmonie semble si abordable qu’elle nous encourage à aller un peu plus loin…

L’accord « parfait » majeur est la première étape par où tout démarre et s’organise. Le fait de chercher quels sont les accords qui peuvent s'accorder avec une gamme majeure, nous révèle aussitôt l'existence d'autres types d'accords : ici un accord mineur ou bien là un accord mineur. Cette constatation laisse supposer qu’il existe au sein des accords composés de trois notes, des intervalles de tierces et de quintes de nature différentes. Ces accords de base s’appellent des « triades » et sont le point de départ pour développer des accords plus "sophistiqués". Les triades regroupent quatre familles : majeur, mineur, diminué et augmenté.

Si nous prenons la gamme majeure de Do et que nous montions toutes les triades possibles, nous obtenons ceci :

Exemple 1

DES ACCORDS POURQUOI FAIRE ?

Isolé de son contexte, un accord ne sert pas à grand chose. Il ne devient « intéressant » qu’à partir du moment où il entre en relation avec d’autres accords et surtout quand il épaule la mélodie en lui apportant du caractère, de la personnalité et une profondeur sonore.

En jouant les huit accords de l’exemple ci-dessus à la suite, on s’aperçoit qu’ils s’enchaînent de façon harmonieuse. Même l’accord de "si diminué" situé au 7e degré de la gamme de Do – accord pourtant bien difficile à intégrer dans une composition – trouve ici sa place, permettant dans ce contexte de produire un bel effet de résolution vers l’accord de Do majeur situé au 8e degré.

En jouant sur les différents degrés du premier exemple, certaines oreilles attentives auront peut-être remarqué qu’il existe un lien particulier entre les accords du 1er, 4e et 5e degrés (respectivement : Do, Fa et Sol). Il existe chez ces accords un rapport harmonique marqué que l’on nomme « degrés forts » ou « degrés tonaux ».

Tout comme la gamme majeure, celle mineure peut également être harmonisée à l’aide de triades, sauf que dans son cas nous serons en face de trois types de gammes mineures : la naturelle, l’harmonique et la mélodique, ce qui entraîne de fait trois suites d’accords différentes.

Mais avant que vous vous dirigiez vers le mode mineur, il est d’abord plus sage de se familiariser avec les différentes couleurs des accords suggérés par le mode majeur. La base de ce premier round d'observation est d’entraîner l’oreille à reconnaître les intervalles qui les composent. Pour l’éduquer, je vous suggère de décomposer chaque note de l’accord pour ensuite les jouer ensembles. Toute l’importance de ce travail est abordée ici : La couleur et le timbre des accords au piano. Étant donné l’importance de cette étape, je ne peux que vous suggérer de prendre votre temps. Il ne s’agit pas ici d’apprendre une leçon ou un morceau de musique par cœur, mais de familiariser votre oreille à un apprentissage où la sensibilité auditive compte pour beaucoup.


LE RENVERSEMENT D’ACCORD

La particularité d’un renversement d’accord – qui consiste à modifier l’ordre des notes vis-à-vis de son état fondamental – est d’avoir paradoxalement un caractère semblable, celui d'être majeur, mais pourvu d'une sonorité différente. Cette subtilité suffit à démontrer l’intérêt de travailler les renversements. Avec un seul accord il est possible de produire plusieurs "palettes sonores" sans utiliser d’autres notes que celles qui le constituent.

En position fermée (resserrée) les renversements de l’accord de Do (do, mi, sol) peuvent être : "mi, sol, do" ou "sol, do, mi", ni plus ni moins.

En position fermée, les possibilités de renverser un accord sont réduites, mais elles deviennent immenses quand on applique des positions dites « ouvertes ». Les notes, au lieu d’être étroitement regroupées, sont espacées de façon que la note la plus basse et la note la plus haute soient distantes de plus d’une octave.

Exemple 2

Cas de l’accord fondamental joué en position ouverte

Si nous prenons l’accord de Do majeur et que nous déplacions la tierce (mi) à l'octave supérieure pour obtenir do,sol, mi, bien que la couleur de l’accord change, nous ne sommes pas en présence d’un renversement d’accord puisque la fondamentale (do) reste la note la plus basse. Dans ce cas, il s’agira d’un accord fondamental joué en position ouverte, ce qui sous-entend qu’un accord renversé implique un déplacement de la fondamentale à une autre hauteur.


LA NUMÉROTATION DES DEGRÉS

Bien que chaque triade possède sa propre dénomination : triade tonique, triade sus-tonique, triade médiante, etc., les sept accords réalisés sur la gamme peuvent être numérotés en utilisant des chiffres romains. Ce chiffrage peut être utile si vous jouez avec des grilles d’accords pour transposer à vue.

La Juilliard School à New York utilise parfois ce moyen pour expliquer à leurs élèves l’apprentissage des accords. Si nous prenons par exemple le chiffre romain IV, celui-ci symbolisera l’accord situé au 4e degré de la gamme. Traduit en tonalité de Do majeur, le IV représentera alors l’accord de Fa majeur, et si nous sommes en Ré majeur, le IV indiquera l’accord de Sol majeur.

À la Juilliard, de nombreuses grilles se présentent ainsi :

I | IV | V7 | VI + | III | I et non de cette façon si l'on est en Do majeur : Do | Fa | Sol 7 | La aug | Mi min | Do.

Chaque fois qu’un accord est enrichi ou altéré (modifié vis-à-vis de l'état naturel), celui-ci est accompagné de son symbole. Ci-dessus le "7" pour l’intervalle de 7e mineure et le "+" pour l’intervalle de quinte augmentée.

L’utilité du chiffrage romain peut se présenter du jour où un musicien formé à cette pratique vous dira de jouer en boucle sur [ I | IV | V | II ] en Fa, à la place de : [ Fa | Bi b | Do | Sol min ].

Mémoriser et communiquer une suite d’accords sous cette forme est pratique pour transposer car elle n'est liée par aucune tonalité, à condition bien-sûr de connaître la hiérarchie des accords du mode utilisé - qui ne change jamais - et l’armature de chaque tonalité, comme la présence du "si bémol" en Fa majeur dans l’exemple donné ci-dessus.

L’ENRICHISSEMENT DES TRIADES

Il est certain que les triades constituent un frein à l'imagination du compositeur et de fait à l’épanouissement de la musique. Certes, de nombreuses chansons sont composées sur ces simples accords à trois notes, mais il est bien rare qu’un accord de 7e de dominante ne parvienne pas à se glisser dans un couplet ou un refrain, ne serait-ce que pour des raisons souvent dues à des lois d’harmonie (cadence).

Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, les musiques populaires ne sont pas harmoniquement toujours simples. Elles utilisent souvent des accords qui dépassent l’univers exigu des triades. Pour le compositeur, il s’agit d’enrichir les accords qu’il juge trop « pauvre » harmoniquement, et pour l’oreille du musicien celle d’affronter une difficulté où la dissonance s’invite.

L’enrichissement d’un accord ne consiste pas vraiment à doubler, voire tripler, une ou deux notes de l’accord. Épaissir un accord, ne signifie pas l’enrichir. Le procédé est facile à mettre en place. Il est utilisé pour donner à l’accord plus de profondeur sans modifier son caractère : majeure, mineure, diminuée ou augmentée.

L’enrichissement d'un accord c’est bien autre chose ! L'enrichissement consiste à introduire à la triade une ou plusieurs notes étrangères. Vu sous cet angle, cela paraît simple, or l’enrichissement d’un accord suit généralement des lois dictées par les modes ; une notion utile pour bien comprendre l’état relationnel qu’il existe entre une tonalité et tous les accords qui peuvent lui appartenir. Dans le domaine de l’improvisation, il est recommandé d’en connaître le fonctionnement pour assurer un jeu plus sûr tout en repoussant ses propres limites.

Si vous souhaitez enrichir un accord, conservez à l’esprit que plus la note ajoutée sera éloignée de la fondamentale, plus son utilisation sera subtile, notamment la onzième. En ce sens, la connaissance des modes est profitable en écartant certains intervalles par commodité.

Les pianistes comme les guitaristes sont au première loge dans ce genre d’exercice puisqu’ils utilisent des instruments polyphoniques, même si rien n’interdit un instrument monophonique de produire des sonorités étoffées si les différentes notes sont déployées au sein d’un pupitre de cordes ou de vents.

Enrichir une triade d’une quatrième note donne déjà un aperçu d’harmonisation plus qu’intéressant. De toutes les notes supplémentaires possibles, la septième (majeure et mineure) est de loin la plus utilisée. En l’ajoutant à un accord de triade, celui-ci disparaît pour laisser place à un « accord de septième ».

En ajoutant cette quatrième note, le musicien doit faire face à de nouveaux accords supplémentaires sachant que la 7e peut être majeure, mineure, mais également diminuée. Voici ce que cela donne en reprenant le premier exemple et en l’enrichissant d’une septième  :

Exemple 3

Cet enrichissement provoque l’apparition de nouveaux accords. Nous y trouvons deux accords de 7e majeure (1er et 4e degrés), trois accords mineurs 7 (1e, 3e et 6e degrés), un accord de septième de dominante (5e degré) et un accord sous-diminué ou mineur 7 bémol 5 (7e degré).

Fait étrange, si l’on peut dire, la triade placée au 7e degré qui, au départ, est un accord diminué se transforme en un accord demi-diminué en lui adjoignant la septième mineure (note la). Dans ce cas, l’ajout de la 7e n’est donc pas le prolongement logique d’un accord diminué à quatre notes puisque celui-ci nécessite l’usage d’une septième diminuée. Sa particularité est d’être constituée d’une succession d’intervalles mineurs et de ne pas appartenir au mode majeur.

Quand vous atteindrez ce niveau – en admettant que vous ayez saisi toutes les nuances sonores apportées par les différentes triades – vous devrez, de la même façon vous familiariser avec ces quatre nouveaux types d’accords en portant votre attention sur leur caractère sonore : Do majeur 7, Do mineur 7, Do 7 et Do –7b5. Vous pouvez faire de même à d’autres hauteurs, ce qui vous permettra en même temps de les apprendre.

La difficulté pour l’oreille est de s’acclimater à certaines dissonances, surtout avec l’accord "majeur 7" et sa septième majeure qui produit un frottement dû à la présence de la sensible (note si). Jouez seulement l’intervalle "do-si" pour bien vous en rendre compte.

Ce travail sur la gamme majeure peut bien évidemment être conduit de la même façon avec les différentes gammes mineures.

Si l’harmonisation de la gamme relative mineure ne fait pas apparaître de nouveaux types d’accords, il en est pas de même avec l’harmonisation de la gamme mineure harmonique qui ajoute trois accords nouveaux aux degrés I, III et VI.

Exemple 4

Bien que ces accords soient moins usités que les précédents, il est toutefois nécessaire d’acclimater l’oreille à leur sonorité quelque peu agressive. Nous avons au premier degré une triade mineure enrichie d’une septième majeure et au troisième degré une triade augmentée enrichie d’une septième majeure. À noter que l’accord diminué, absent du mode majeur, est présent dans la gamme mineure harmonique en occupant le septième degré.

À ce stade qui demande plusieurs semaines d’apprentissage, et si vous bien compris l’orientation prise par cette étude abrégée du développement des accords à trois et quatre notes, le principe de fonctionnement reste le même pour les autres accords qui utilisent les intervalles restants de la gamme, à savoir la seconde, la quarte et la sixte, intervalles qui seront traduits dans le cadre des accords par neuvième, onzième et treizième (ou sixième dans certains cas) et que nous aborderons prochaînement.

Bon courage !

par ELIAN JOUGLA (Piano Web)

À CONSULTER

RYHTME, MÉLODIE ET HARMONIE, LES CLÉS DE LA MUSIQUE

LA POLYPHONIE EXPLIQUÉE : CONTREPOINT, CADENCE ET MODULATION

LA DISSONANCE EN MUSIQUE, DU CLASSIQUE AU JAZZ


- SOMMAIRE DES LEÇONS GRATUITES -

1 - ARRANGEMENT
2 - ÉVEIL MUSICAL
3 - HARMONIE
4 - IMPROVISATION
5 - PIANO ET TECHNIQUE
6 - RYTHME
7 - SOLFÈGE/THÉORIE
8 - PROGRAMMATION & LOG.
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