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IMITER UN ENSEMBLE À CORDES AVEC SON CLAVIER ÉLECTRONIQUE

Ce cours s’adresse tout particulièrement à des claviéristes débutants. Nous allons voir comment utiliser dans des conditions «  live » le son d’un ensemble à cordes (string ensemble) sur un clavier électronique en fonction de son utilisation : fond sonore, contre-chant...


LE RÔLE D'UN ENSEMBLE À CORDES

Les cordes sont particulièrement efficaces pour élaborer des climats à l'atmosphère prenante, notamment dans le domaine de la musique de film où leur traitement sert parfaitement les scènes d'angoisse et de suspense. Les cordes sont aussi des championnes quand vient le moment d’illustrer une musique sentimentale. En fait, les cordes sont assez passe-partout. Elles peuvent être utiles dans les intros, les parties intermédiaires comme les ponts, mais aussi dans les finals, partout où leur puissance évocatrice et majestueuse s’impose.

Aujourd’hui, grâce aux claviers multitimbraux, il est possible d’obtenir des sonorités constituées de plusieurs sons superposés, ce qui permet d’obtenir un vaste panel de sonorités riches et modulables. Ces sons s'appellent généralement des 'strings ensemble' sur les claviers électroniques. Pour le musicien qui tente d’aborder le domaine des orchestrations, la sonorité des cordes (violons, altos, violoncelles) constitue à coup sûr un fond sonore très utile pour soutenir une mélodie. Ils ont en effet l’avantage de densifier et d’envelopper le son dans sa globalité, mais aussi de souligner les harmonies et d’être parfois utile pour créer des contre-chants.

De la même façon que le cours consacré à l’imitation de la guitare sur un clavier, il faut écouter - à défaut d’observer dans une vidéo -, les différents types de techniques utilisées par les violonistes afin de s’imprégner de leur jeu. Ce travail d’observation et d’écoute préalables permet d’avancer plus vite et plus sûrement. Il permet aussi de faire la part des choses entre ce qui est transposable techniquement ou pas sur un clavier.

Pour réaliser une bonne orchestration, l’initiation aux « secrets » de la famille des instruments à cordes est fondamental, car les possibilités d'écriture sont nombreuses. Avoir suivi des études d’harmonie et de contrepoint se révèlent utiles, surtout dès que plusieurs contrechants cohabitent. Pour bien faire tout en restant simple, vous devez dès à présent comprendre qu’un ensemble à cordes fonctionne comme un quatuor. Il est divisé en quatre parties indépendantes : premier et deuxième violon, alto et violoncelle… et dans certains cas comme un quintette, en rajoutant la contrebasse pour obtenir des basses plus présentes.

Dans les orchestrations, suivant les effectifs, il arrive que l’on soit obligé de diviser en 2,3 4 parties les seuls violons. Tout dépend du rôle et de l’importance qu’ils ont dans le morceau : servir de fond sonore derrière la mélodie ou détachés du reste de l’orchestre quand ils doivent jouer les solistes (jeu à l’unisson).

Exemple d'une orchestration pour cordes qui montre clairement l’opposition de jeu entre deux groupes : le 'pizzicato' pour les contrebasses et violoncelles et le 'legato' pour les altos et violons.

Dans une partition orchestrale, violon, alto, violoncelle et contrebasse ont leur propre portée. Chacun d’eux reproduit une note de hauteur différente pour devenir ensemble la composante d’un accord total ou partiel : fondamentale, tierce et septième, par exemple.

Pour ce qui nous concerne, le jeu « live » sur un clavier électronique ne permet évidemment pas d’obtenir la même finesse que si vous faisiez appel à des musiciens. La seule alternative qui puisse apporter un plus grand réalisme est d’utiliser un séquenceur où l'enregistrement et la reproduction des violons, altos, violoncelles et contrebasses sont séparés. Cela permet surtout de développer avec une plus grande facilité des contre-chants multiples et des effets techniques individuels, comme le ferait un véritable ensemble à cordes. L’avantage est certain… Toutefois, restons sage et abordable !


PREMIER EXEMPLE : LE JEU LIÉ (TENUE)

Dans la portée ci-dessous, les cordes jouent continuellement des notes tenues (uniquement des rondes). Le jeu doit être lié. Qualifié dans le jargon des claviéristes de « nappe », c’est la façon la plus simple de remplir l’espace sonore. Un tel jeu s’insère parfaitement dans des musiques au tempo lent et soutenu (slow, ballade).

Côté présentation des accords, nous avons affaire à un « open voicing », c’est-à-dire à des notes qui sont disposées à des distances plutôt importantes. Cette disposition doit devenir la règle si l’on souhaite obtenir une sonorité très ample. Cependant, pour obtenir plus de profondeur, il faut enrichir la ligne de basse soit en doublant la note la plus grave à l’octave inférieure ou mieux, en recherchant un intervalle différent qui enrichira l'accord.

L’autre constat que l’on retire de cette écriture est l’importance du choix des renversements. On remarque que le passage d’un accord à un autre est très serré. Dans le jeu lié, il est toujours préférable d’avoir à choisir des notes qui sont proches les unes des autres afin qu'à l’écoute l'ensemble reste homogène. En fait, pour bien faire, il faut exploiter au maximum les notes communes des différents accords. Le résultat à l'oreille est plus flatteur. En évitant des sauts de notes trop importants, les différentes modulations glissent avec plus de subtilités.

La pédale forte ne doit pas être utilisée, sauf dans le cas où l’on rencontre quelques difficultés à anticiper techniquement le changement d’accord. Généralement, avec les sons de cordes frottées, le sustain est généralement continu comme sur un orgue.

PRÉPARATION DU SON

Le choix des notes et de leur position sur le clavier dépend bien sûr de la richesse harmonique du son choisi, de sa « grosseur ». En conséquence, pour bien faire, il faudra peut-être l'enrichir ou l'alléger, voire tout simplement en changer. Toutefois, pour obtenir un résultat sonore satisfaisant, deux règles de base sont à observer :

  • 1 – L’attaque du son doit avoir un léger mordant. Le son doit arriver à sa pleine puissance en quelques dizaines de millisecondes.

  • 2 - Au relâchement des touches, le son doit avoir un léger release (prolongement du son).

Le release a pour particularité de faire résonner le son au moment où les doigts quittent les touches du clavier pour jouer l’accord suivant. Ce moyen technique permet de se rapprocher artificiellement du jeu du violon quand l’archet passe d’une note à l’autre.

D’autre part, il existe de fortes probabilités pour que vous ayez plusieurs presets avec une attaque rapide (fast string) et lente (slow string). Si vous êtes dans l’incapacité d’éditer le son, choisissez le « slow string » dans le jeu lié. Le son montera lentement en dynamique contrairement au « fast string » qui conviendra mieux à l’exemple ci-dessous.


DEUXIÈME EXEMPLE : LE JEU CADENCÉ

Ce second exemple fait appel à des noires qui se répète à l’identique pour chaque accord. La tenue des notes est brève et une telle écriture cadencée convient bien sur des tempos médiums.

Contrairement au premier exemple, les notes doivent être légèrement détachées. Apportez aussi un peu de relief à votre interprétation en faisant varier l'intensité sonore des accords, progressivement ou ponctuellement. Un léger release sera le bienvenu.


TROISIÈME EXEMPLE : LE JEU DIFFÉRENCIÉ

Que faut-il comprendre par jeu différencié ? Avec ce troisième exemple, on se rapproche de la technique utilisée par les pianistes, puisque les deux mains ont un rôle différent : la main gauche joue les accords, tandis que la main droite joue une note mélodique, ici une « pédale ».

Comme dans le premier exemple, il faudra rechercher avec la main gauche un maximum de notes communes aux différents accords. Une telle présentation peut, par exemple, servir à l’introduction d’un morceau.


QUATRIÈME EXEMPLE : LE JEU MÉLODIQUE

On attaque ici un autre rôle joué par un ensemble à cordes, quand il est à dominante mélodique pour, par exemple, servir de contre-chant à la voie principale (chant).

L’attaque des cordes doit être rapide. Cependant, si l’attaque est trop brève, on remarque très souvent que cela dénature le son. Nous abordons ici les limites de l’imitation des cordes jouées sur un tempo rapide. L’un des rares moyens d’y remédier est d’accentuer la réverbération, ce qui aura pour effet de noyer le son global et ainsi d’atténuer légèrement le défaut constaté.


EN CONCLUSION

Ces exemples ne représentent qu’un survol de ce que l’on peut réaliser techniquement en jouant « live ». En effet, nous aurions pu ajouter le jeu pizzicato (celui des cordes pincées) qui créent un effet sympathique quand il est placé au bon moment (NB : contrairement au son de la guitare, celui du violon est plus ‘staccato’. Écoutez pour cela les premières mesures du Carmina Burana de Carl Orff).

Un autre effet est le « col legno ». Il consiste à frapper les cordes avec l’envers de l’archet, du côté du bois. C’est utile pour jouer des passages ‘staccati’. Malheureusement, il est difficile de le traduire sur un clavier.

Enfin, le glissando. Lorsqu’il est utilisé avec parcimonie, l’effet produit peut être saisissant. Sur le violon, il consiste à faire glisser le doigt sur la corde tout en frottant l’archet. Peu crédible sur un clavier. Il peut faire illusion si le glissando est minime (max 1/2 ton en utilisant la molette de pitch).

Par ELIAN JOUGLA

À CONSULTER

IMITER UNE GUITARE SUR UN CLAVIER

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