LEÇON GRATUITE



INTERPRÉTATION DES NUANCES MUSICALES DANS LA PARTITION

Quand un musicien déchiffre une partition, il comprend vite que les écritures sont conditionnées à tout un ensemble de règles strictes. Si le nom des notes écrites sur la portée ne produit aucun doute dans la tête du musicien, il n’en est pas de même concernant l'interprétation du morceau, notamment l'expression qui est toujours sujette à quelques infimes transgressions plus ou moins justifiées...


MESURE ET APPUIS RYTHMIQUES

Si vous avez lu le sujet consacré à la pulsation, vous savez déjà que celle-ci est d’une grande importance, puisqu’elle est à la source du stimulus qui agit sur nous, comme celui qui nous pousse à taper du pied ou à hocher de la tête en rythme. La pulsation temporise notre état d’âme.

Quand le compositeur cherche à noter sa musique, il fait appel à ses connaissances pour transcrire le plus justement possible ce qu’il joue ou entend dans sa tête. Sa première tâche est de déterminer le type de mesure : 2 temps, 3 temps, 4 temps, etc., puisque chaque mesure produit un cycle (nombre de temps), et que ce cycle conditionne la mise en place de l'écriture.

Exemple d'une partition écrite avec des nuances

AGRANDIR


Normalement, grâce à la pulsation (souvent en corrélation avec le changement des accords), le musicien ressent le cycle de la mesure quand il joue. Il peut également battre la mesure et compter pour vérifier l'exactitude de la signature.

L’autre donnée qui peut avoir de l'importante sont les appuis rythmiques, c'est-à-dire les temps forts. Par exemple, le premier temps d’une mesure à 2 temps sera légèrement appuyé (cas de la marche). Quand la mesure contient plus de 3 temps, à l’exemple de la mesure à 4 temps, les temps forts sont alors sur les premiers et troisième temps de la mesure. Les autres temps sont nommés temps faibles. De même, chaque temps est constitué d’une partie forte – qu’on nomme l’attaque directe du temps – et d’une partie faible – tout ce qui suit l’attaque. Ainsi, face à deux croches situées dans un temps, la première, qui correspond à l’attaque du temps, est placée sur la « partie forte » du temps, tandis que la suivante, perçue après l’attaque, est la partie faible du temps. Tout manuel de solfège explique cela très bien.

Consulter :

L’étude du rythme, du classique aux musiques vivantes.

Syncope, contretemps et accent


LE RÔLE JOUÉ PAR LES INDICATIONS D’EXPRESSION

Ces informations sur la mesure et les appuis rythmiques sont utiles pour écrire correctement les fondamentaux de la partition : les notes et les silences. Or, sans avoir une intelligence musicale remarquable, l’interprète dans un tel cas est livré à lui-même. Le risque pour le compositeur sera d’entendre sa musique jouée maladroitement ou très mal. Pour y remédier, il va alors enrichir la partition d’indications précieuses à ses yeux, comme accentuer certaines notes, ralentir ou accélérer des passages, jouer piano ou forte ici ou là, etc.

Grâce à l'écriture de différents symboles, le compositeur délimite une zone - une phrase ou simplement une note – où le changement se produira. En apportant cette information, il indique à l’interprète sa volonté de donner naissance à un effet sonore ponctuel ou répétitif, différent de ce qui précède ou de ce qui suit.

L’apport de ces indications d’expression rend les écritures plus vivantes, plus dynamiques. Si l’instrument peut les traduire, pourquoi s’en priver ? Une partition qui ne comprend aucune indication d’expression est comme nue, sans âme et sans relief. Leurs présences aident surtout l’interprète qui ne sait et qui a désormais sous les doigts des possibilités d’agir tout en respectant le désir du compositeur.

Les indications d’expression jouent aussi un rôle éducatif et d’éveil chez le musicien débutant en le confrontant avec sa propre sensibilité musicale. C’est un bon moyen pour analyser l’écriture d’une œuvre et sa construction afin de comprendre au mieux les intentions de son auteur, sa musique et sa personnalité.

Découvrons à présent les indications d’expressions les plus utilisées…


DYNAMIQUE ET INDICATIONS DE NUANCES

En musique, la dynamique représente notre façon de nous exprimer dans la vie en parlant plus fort ou plus doucement. La traduction de l’effet doit respecter l’émotion du compositeur. Elle est donc essentielle.

L’ACCENTUATION

Si l’accentuation d’une ou de plusieurs notes donne du rythme et du caractère à une mélodie, il ne faudrait pas croire que la seule application du symbole placé sur la note (1) se résume à la jouer plus forte que les autres (ni de la jouer avec toute l’intensité possible sur l’instrument). En réalité, dans la phase de l’interprétation, il faut toujours tenir compte du contexte musical - d’où l’intérêt de comprendre les intentions du compositeur au-delà des écritures. En toute logique, une bonne interprétation est basée non seulement sur un bon décodage des signes, mais aussi dans tout ce qui donne sens aux idées du compositeur : l'époque, le style, etc.

1 - La note (ou accord) accentuée se reconnaît aisément par la petite flàche verticale ou horizontale placée au-dessus ou au-dessous d'elle.


LES INDICATIONS DE NUANCES

Autres signes très répandus, les indications de nuances qui s’expriment à travers un lexique de termes italiens, dont les plus connus sont le « piano » (jouer doucement : p), le « mezzo-forte » (moyennement fort : mf) et « forte » (jouer fort : f). Les signes « p » et « f » peuvent s’additionner pour indiquer des valeurs encore plus nuancées, comme le fortissime (ff) et le fortississimo (fff) ou au contraire le pianssimo (pp)

Comme pour les notes accentuées, l’interprète doit tenir compte de l’atmosphère de l’œuvre. Les indications de nuances n’ont pas de valeurs absolues et doivent être relativisées, ne serait-ce qu’en fonction de la couleur et de la plage de réponse dynamique de l’instrument. La sagesse musicale veut alors qu’au moment de l’apparition d’une nuance « piano », « forte » ou autres, l’interprète évite de passer d’un sentiment à un autre avec une attitude presque mécanique, sans aucun discernement parce que la partition lui intime l’ordre de «  monte le son » ou de « diminuer le volume sonore » comme on le ferait avec un amplificateur.

En interprétation, il faut aussi être en mesure de prendre des décisions parfois personnelles. Fort heureusement, pour éviter tout dérapage malheureux, les écritures musicales ne manquent pas de solutions. Ainsi sont nés le crescendo et le diminuendo qui permettent des changements d’intensité progressive sur une période déterminée, un passage significatif ou sur un groupe de notes.

Les termes sont faciles à comprendre, même pour un jeune enfant. Le diminuendo (diminution graduelle du volume) est noté soit en abrégé par « dim » soit à l’aide d’une longue flèche pointant vers la droite. Le crescendo sera bien sûr l’inverse (abréviation « cresc » et flèche pointant vers la gauche).


Exemple d'un crescendo passant progressivement du « piano » au « fortissime »

Dans le cas des flèches, le signe se prolonge au-dessus de toutes les notes ou mesures qu’il affecte. Ensuite, pour aider l’interprète - mais sans être obligatoire -, une indication de nuance est écrite au début et à la fin du signe (exemple ci-dessus). À noter que l’interprétation de la montée en dynamique sera d’autant plus difficile à maîtriser que le crescendo s’éternisera.


LA PARTICULARITÉ DU STACCATO

Signifiant « court » « détaché » ou bien encore « désunie », le staccato (2) demande de réduire la durée des notes pour produire un jeu moins lié.

Paradoxalement, une noire écrite conformément à sa valeur dans la mesure ne se joue pas comme une noire, mais plutôt comme une croche ou une croche pointée. Toutefois, il est important de préciser que contrairement à un staccatissimo (3) qui correspond à une note détachée extrêmement brève, le staccato offre une marge de manœuvre assez large. Il peut, dans une certaine mesure, être interprété librement par le musicien ; le piège étant bien souvent d’associer au staccato un jeu piqué qui pousse à accentuer les notes.

2 - Le signe le plus courant est un point placé au-dessus de la tête de la note.
3 – Le signe est représenté par un petit triangle tout noir.


LE RÔLE DES ORNEMENTS

Il existe d’autres symboles qui n’ont pas de valeur précise, les ornements. Ces signes, peut-être plus que les précédents, font appel à la qualité de « l’intelligence de jeu », puisque par défaut, ils n’ont pour but que d’apporter des indications que le musicien jouera en se fiant à son propre jugement.

Le site a déjà abordé en détails plusieurs de ces ornements à travers deux leçons gratuites :

L’appoggiature

Grupetto, trille et mordant

Il faut rajouter à ceux-ci…

L’ACCIACCATURA

L’acciaccatura (ou « mordant simultané ») est une note brève dont la hampe est barrée d’un trait oblique (elle peut être composée également de plusieurs petites notes regroupées, mais non barrées). Le signe se place avant la note principale et, tout comme l’appoggiature, sa valeur ne doit pas être comptabilisée dans la mesure.

L’acciaccatura s’interprète soit avant le temps qu’occupe la note principale, soit sur le temps (l’accent étant placé sur la note principale) ou troisième solution, en staccato en même temps que la note principale.

TRÉMOLO ET VIBRATO

Trémolo et vibrato sont deux effets qui s’utilisent indépendamment l’un de l’autre. Le trémolo est un effet momentané, ponctuel, tandis que le vibrato intervient après l’attaque d’une longue note, ce qui lui apporte comme une seconde vie.

Le trémolo (4) agit sur la note quand celle-ci est répétée de façon rapide. Par exemple, sur un instrument à cordes comme le violon, le trémolo sera produit par un rapide va-et-vient de l’archet sur la corde. Le même effet peut être également joué à la guitare en pinçant la corde rapidement et de manière répétée. Au piano, le trémolo est plus difficile à réaliser puisqu'il dépend avant tout de la qualité de la mécanique du clavier et de sa réactivité à l’enfoncement de la touche qui, là aussi, doit être appuyée plusieurs fois et à grande vitesse.


4 - On note le trémolo en marquant la hampe de la note d’un ou de plusieurs traits obliques en fonction de la rapidité souhaitée.

Le vibrato est un effet très répandu chez les voix et les instruments à cordes. Cet ornement correspond à une subtile et constante variation de la hauteur de la note.

Comme pour le trémolo, chaque instrument développe une technique particulière pour créer l’effet. Ainsi, pour le violon, la variation de hauteur est créée par la main qui appuie sur la corde et qui oscille rapidement d’avant en arrière à partir du poignet. Pour produire le même effet avec un instrument à vent comme la trompette, le musicien devra faire fluctuer la quantité d’air soufflée.

Si le piano acoustique est dans l’incapacité de produire un vibrato, quelques modèles de piano électrique comme le Fender Rhodes ou le Wurlitzer possèdent l’effet par défaut. Toutefois, si le vibrato est réglable en intensité, le musicien ne peut agir sur sa vitesse de variation qui reste permanente dès qu’il est mis en action. Quant au synthétiseur, il peut agir temporairement sur le vibrato et son intensité grâce à une molette de modulation ; la vitesse de la variation étant dans le cas de cet instrument modifiable par programmation (5)

5 - NB : dans le cas d’un contrôleur à ruban, l’effet de vibrato est produit directement par de brèves oscillations du doigt au contact de la bande rugueuse (synthétiseur Moog).

Par ELIAN JOUGLA


- SOMMAIRE DES LEÇONS GRATUITES -

1 - ARRANGEMENT
2 - ÉVEIL MUSICAL
3 - HARMONIE
4 - IMPROVISATION
5 - PIANO ET TECHNIQUE
6 - RYTHME
7 - SOLFÈGE/THÉORIE
8 - PROGRAMMATION & LOG.
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