LE PIANO AU CINÉMA



PIANO ET CINÉMA : INTERMEZZO

Synopsis. 'Intermezzo' raconte une idylle sentimentale entre un prestigieux violoniste et une professeur de piano qui donne des cours à sa fille. Succombant à sa beauté comme à son talent, le violoniste tombe éperdument amoureux et quitte sa famille pour vivre avec elle. Une relation tourmentée naît et oblige les deux amants à choisir entre la passion et l’honneur…


'INTERMEZZO', L’HISTOIRE D’UN AMOUR IMPOSSIBLE

Lors d’une soirée durant laquelle il présente sa fille au piano, sa professeure de piano Anita Hiffman est invitée à jouer à son tour. Intimidée devant le maître du violon qui insiste pourtant pour être accompagné par elle, Anita finit par accepter. Au fil des jours, une complicité s’installe et les nombreux concerts qui s’ensuivront feront vivre une relation passionnée, mais aussi coupable en brisant la famille du violoniste. Toutefois, après maints rebondissements, la morale reprendra ses droits en toute fin du film.

'Intermezzo' est d'abord un film dramatique suédois réalisé en 1936 par Gustaf Molander. Le casting comprend dans les rôles principaux Gösta Ekman (le violoniste Holger Brandt), Inga Tidblad (Margit Brandt) et Ingrid Bergman (la professeure de piano Anita Hiffman) qui, grâce à ce film, obtiendra du producteur américain David O. Selznick un contrat qui lancera sa carrière aux États-Unis.

'Intermezzo' est construit sur un fond de musique déchirante et montre des amants quelque peu ébranlés par leur douloureuse expérience. C’est l’éternelle histoire de l’amour impossible, comme celle mise en image de façon admirable par Clint Eastwood dans son film ‘Sur le pont de Madison’. La grande force du film 'Intermezzo' sera de toucher à sa sortie des millions de spectateurs qui avaient connu les mêmes tourments (ou qui souhaitaient les vivre).

Un remake américain sera réalisé en 1939 sous le titre ‘Intermezzo : A Love Story’, un film que le public français ne découvrira qu’après la seconde guerre mondiale en 1946. On retrouve de nouveau Ingrid Bergman, mais cette fois aux côtés de Leslie Howard et d'Edna Best. Le scénario de George O’Neil reprend dans ses grandes lignes celui du film suédois écrit par Gösta Stevent et Gustaf Molander. La partition musicale sera confiée à Max Steiner, Robert Russell Bennett et Christian Dinding.


INTERMEZZO : A LOVE STORY
L’extrait présenté ici est une scène clé du film, quand la professeure de piano (Ingrid Bergman) émerveille de son jeu le violoniste virtuose (Leslie Howard).

LA PETITE HISTOIRE D’INTERMEZZO

Dans 'Intermezzo', la musique sert d’exutoire à un scénario d’une grande banalité. Les séquences musicales interviennent comme des intermèdes qui positionnent le jeu des deux principaux acteurs au fil de l’histoire. Dans la version suédoise de 1936, Howard et Bergman sont doublés par des musiciens professionnels. Leur jeu à l’instrument est parfois grossier, à l'inverse de la version américaine où des efforts ont été consentis pour rendre vraisemblable les scènes dans lesquelles les comédiens jouent de leur instrument. Ingrid Bergman exécute notamment les parties de piano (extrait du ‘Concerto en la mineur’ d'Edvard Grieg et de ‘Rustle of Spring’ de Christian Sinding), ce que montrent parfaitement le film. La position de ses mains sont correctes vis-à-vis de la bande sonore. En revanche, pour Leslie Howard, la production fera appel à un violoniste qui lui ressemblait de façon troublante (Al Sack). L’acteur n’avait que peu d’affinité avec le violon, aussi son rôle consista à tenir la bonne posture en fonction des scènes tournées. La magie du cinéma devait fait le reste.

Les trucages qui n’ont pas attendu les années – souvenons-nous des films de Georges Mélies - permettront de montrer à la fois le visage de Leslie Howard et les doigts d'Al Sack. Ce petit miracle tient du fait que Sack se positionnait en contrebas de Howard sous l'œil de la caméra, ce qui permettait de voir en même temps à l'écran le profil de l’acteur et la main gauche du vrai violoniste. Al Sack interviendra également durant les longs plans avec le grand orchestre.


À PROPOS D’INGRID BERGMAN

La version suédoise d’Intermezzo est le 6e film d'Ingrid Bergman. Ce rôle, où elle tient le rôle d’un professeur de piano tombant amoureuse d’un violoniste, allait bientôt la propulser au rang de star internationale. Le réalisateur Gustaf Molander se vantait d’avoir découvert Ingrid Bergman pour lui avoir fait tourner son premier essai et encourager à poursuivre dans le cinéma. « Elle se mouvait avec une maîtrise de soi et une grâce infinie. Sa beauté rayonnante, la façon incomparable dont elle disait un texte m’ont frappé dès la première fois que je l’ai vue. Les compliments, elle savait les apprécier, elle savait les accepter ; mais jamais ils n’ont altéré les trois caractéristiques fondamentales originales de son art : la vérité, le naturel et l’imagination. J’ai créé Intermezzo pour elle, mais je ne suis pas responsable de son succès. C’est Ingrid qui, grâce à son talent, a fait de ce film une réussite. » (Ingrid Bergman : Ma vie)

Lorsque la version suédoise sera projetée aux États-Unis, le film allait trouver d’excellentes critiques au point d’être comparé aux films produits par Hollywood, soulignant le côté naturel et rayonnant de cette jeune actrice encore inconnue, dotée d’une intensité émotionnelle extrêmement rare. C’est cette combinaison, qui n’avait pas encore vraiment cours dans le cinéma hollywoodien, qui permettra à Ingrid Bergman de devenir une grande actrice et même une star dès l’année 1942 avec le film Casablanca.

Par ELIAN JOUGLA


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