LE PIANO AU CINÉMA



LETTRE D'UNE INCONNUE, LA PASSION ÉPERDUE, LA FORCE DES SENTIMENTS CONDAMNÉS

Le réalisateur Max Ophüls, qui est alors en exil aux États-Unis après avoir quitté la France suite à la persécution des Juifs, réalise certainement avec Lettre d'une inconnue l'un de ses plus beaux films. Un classique du mélodrame et l'un des plus attachants du 7ᵉ art. Le film traduit la force des sentiments entre la réalité et le fantasme : les amoureux sont seuls au monde et s'ils dansent, ils n'existent que l'un pour l'autre.


Synopsis

Vienne, dans les années 1900. Stefan Brand est un riche et célèbre pianiste vieillissant. Un séducteur également. Un soir, en rentrant chez lui, il reçoit une lettre d'une femme qu'il ne connaît pas, Lisa Berndle. « Quand vous lirez cette lettre, je serais probablement morte. » Intrigué par son contenu déchirant qui décrit l'amour qu'elle a pour lui depuis son enfance, « Je n'ai que toi, toi qui ne m'as jamais connue et que j'ai toujours aimé », une part de son passé remonte à la surface... Quelques années plus tôt, alors jeune pianiste plein d'avenir, il se souvient d'une voisine, d'une femme juvénile qui était tombée amoureuse de lui, l'épiant, jusqu'à l'aimer follement en secret. Après avoir passé une nuit ensemble et alors que pour l'artiste, ce n'était qu'une passade, pour elle, ces doux instants incarneront la passion éternelle.


FACE À LA CENSURE D'UN AMOUR CONDAMNABLE

Entre un Louis Jordan (Stefan Brand), qui incarne à merveille un célèbre pianiste sur le déclin, et Joan Fontaine (Lisa Berndle) dont les traits décrivent la femme éperdument amoureuse, qui ne vit que par et pour lui, jusqu'à garder son enfant illégitime né de leur brève relation, Lettre d'une inconnue décrit l'histoire sans issue d'une courte liaison enfiévrée et sulfureuse.

Sorti en 1948 et librement adapté de la nouvelle éponyme de l’écrivain viennois Stefan Zweig, le film s'attache à décrire les tourments d'une femme douce illuminée par un amour absolu et qui se heurte à l'aveuglement d'un amant frivole aux abandons sensuels sans lendemains. Sur un fond dessiné en notes dramatiques, la force des sentiments, leurs destructions malsaines, également, jouent ici sur l'apparence et le comportement entre deux êtres prisonniers de leur conviction face au destin. La pureté de Joan Fontaine et la beauté de Louis Jourdan ne font qu'alimenter ce drame romanesque dans lequel la magie du cinéma opère.

Pourtant, si magie il y a, l'adaptation sur grand écran sera difficile et réclamera plusieurs mois de négociations. Le récit, bien trop littéraire au demeurant, sera confronté à la censure du code Hays qui interdisait dans un pays extrêmement puritain, les États-Unis, de produire un film qui puisse porter atteinte aux valeurs morales des spectateurs ou qui tolère de manière positive tout acte répréhensible : crime, méfaits, etc. Le producteur William Dozier (qui était le mari de Joan Fontaine) fera preuve de ruse pour que l'adaptation cinématographique soit acceptée.


LETTRE D'UNE INCONNUE (Bande-annonce)

LA MUSIQUE DU FILM

Une fois de plus, justifié par le rôle tenu par Louis Jordan, le piano fait acte de présence et donne l'occasion d'entendre l'Étude en ré bémol majeur de Franz Liszt. La BO du film, qui est gorgé de musique, autorise également l'écoute de quelques œuvres choisies du répertoire classique dont La Flûte enchantée de Wolfgang Amadeus Mozart et un extrait de l'opéra Tannhäuser de Richard Wagner, « O, du mein holder Abendstern ». Une musique additionnelle, écrite par Daniele Amfitheatrof, conditionne la mise en images des scènes de transition.

Lettre d'une inconnue
Un film de Max Ophüls, avec Joan Fontaine et Louis Jordan
Sortie en France le 5 novembre 1948
Genres : drame, romance
Pays d'origine : États-Unis

Piano Web (04/2024)


PARTICIPER/PUBLIER : EN SAVOIR PLUS
Facebook  Twitter  YouTube
haut
haut

Accueil
Copyright © 2003-2024 - Piano Web All rights reserved

Ce site est protégé par la "Société des Gens de Lettres"

Nos références sur le Web - © Copyright & Mentions légales