Synopsis : Comme chaque été, George Sand passe ce jour de 1846 dans sa propriété de Nohant peuplée de souvenirs d'enfance, entourée de ses familiers, écrivains et artistes. Il y a là sa fille Solange, qu'elle souhaite voir épouser Fernand, un gentilhomme de petite noblesse, et Frédéric Chopin, avec qui elle lie une passion depuis huit ans. George ayant renvoyé les domestiques, toute la maison est occupée à la cuisine pour accueillir les invités...
© Unifrance – L'affiche du film.
LES PARTICULARITÉS DU FILM "LA NOTE BLEUE"
Les biographies sur Frédéric Chopin, contrairement à d'autres compositeurs classiques comme Mozart, soulèvent rarement des contradictions sur les épisodes majeurs de son existence (le compositeur est mort à 39 ans). Son épisode sentimental décisif sera sa liaison avec l'écrivaine George Sand (Marie-France Pisier) avec qui il entretiendra une relation durant pratiquement neuf ans.
Le film "La note bleue" évoque le moment où tout a basculé entre Chopin et Sand. « Moi qui n’ai fait que des films sur des anti-héros, j’avais envie de présenter un personnage positif, un héros », raconte Andrzej Zulawski. Le réalisateur met en scène les dernières heures de cette union de deux êtres, finalement dissemblables, et qui s'achèvera dans le malheur, faute de n'avoir su ou voulu prolonger quelques parts de bonheur.
Dans cette situation à couteaux tirés, il y avait place pour « scénariser » un autre amour, celui-ci plus confidentiel, entre un Chopin au sommet de sa carrière, mais affaibli par des problèmes de santé, et la fille de George Sand, Solange (Sophie Marceau), qui tentait d'occuper la position avantageuse de sa mère.
Artistiquement, le long-métrage prend à témoin la musique de Chopin jouée sur un piano d'époque (cela s'entend). D'autre part, "La note bleue" est le rare film dans lequel le premier rôle est tenu par un pianiste concertiste (Janusz Olejniczak). L'extrait ci-dessous le démontre parfaitement. Le son du piano a été enregistré en prise directe durant la scène (à d'autres moments du film, Olejniczak joue du pianoforte et du piano droit).
"LA NOTE BLEUE" (extrait)
Dans "La note bleue", Janusz Olejniczak n'a qu'une vague ressemblance avec Chopin. Qu'importe ! Selon Andrzej Zulawski, l'essentiel était de capturer à travers différentes scènes la véritable dimension d'un authentique pianiste incarnant le compositeur polonais.
Confier le rôle à un pianiste virtuose plutôt qu'à un acteur pour interpréter le compositeur était justifié par le réalisateur, Chopin se présentant face à l'instrument plusieurs heures par jour... au point d'insupporter George Sand ! De fait, le piano devenait indispensable et il impliquait trop des scènes montrant le compositeur à son contact : « Je ne voulais pas d’un acteur qui aurait probablement très bien joué la comédie, jusqu’au moment dramatique où il se serait mis au piano », précise Zulawski.
Pour la mise en scène, l'avantage est indéniable, car cela produit un surplus de crédibilité, à condition, bien entendu, qu'en retour le musicien possède les capacités d'être un acteur crédible. Cela évite notamment de filmer systématiquement en plan serré les expressions du visage jouées par un acteur, pour ensuite cadrer uniquement le jeu des mains d'un pianiste. Dans la majorité des scènes présentant une telle situation, les réalisateurs mettent à profit cette technique pour faire illusion.
Point d'orgue... Tout bien considéré, ce long métrage, naît de la passion du réalisateur envers le musicien, parvient non sans mal à contenir cette allégorie cinématographique, logeant dans la bande son les nocturnes, les études et autres pièces de Chopin, pratiquement sans discontinuité, et montrant le combat d'un compositeur face à la créativité. À cela s'ajoutent l'étrange comportement festifs des invités, sans compter les nombreuses tensions bouillonnantes, parfois sous jacente, entre George Sand et sa fille Solange.
Par PATRICK MARTIAL (03/2023)
La note Bleue
De Andrzej Zulawski
Avec Marie-France Pisier (George Sand), Janusz Olejniczak (Frédéric Chopin) et Sophie Marceau (Solange, la fille de Georges Sand).
Durée 130 mn
Sortie le 05/06/1991
