VIDÉOS PÉDAGOGIQUES
DE GAINSBOURG À GAINSBARRE
Auteur-compositeur fertile des années 1960 à 1980, Serge Gainsbourg a marqué son époque en étant toujours dans l'air du temps, voire à l'avant-garde. Contrairement à de nombreux autres artistes de sa génération et même celle d'aujourd'hui, c'est un des rares à n'avoir eu de cesse de manifester un perpétuel renouvellement de direction musicale, d'avoir eu l'intelligence d'apporter le modernisme nécessaire à ses compositions pour séduire la jeune génération.
N'a-il pas développé dans les années 1970, par sa voix posée, les prémices d'un certain rap ?. J'ai toujours en tête le morceau 'Requiem pour un con' écrit en 1968 pour le film "Le Pacha" de Georges Lautner (on trouve l'inspiration/imitation de cette musique dans un film tourné 4 ans plus tôt 'Le ciel sur la tête' - musique de Jacques Loussier), où l'introduction progressive des percussions tournant autour d'une séquence hypnotique n'est pas sans rappeler les rythmiques raps d'aujourd'hui. Son talent influence toujours la scène de la chanson française et de nombreux chanteurs et rappeurs le citent en référence comme MC Solaar ou Stomy Bugsy.
Si cet artiste a été un touche à tout : peinture, musique, cinéma, littérature, c'est certainement à travers la musique qu'il a atteint sa maturité, sa singularité en affirmant son talent de façon efficace.
On peut découper la carrière discographique de Serge Gainsbourg en plusieurs parties distinctes :
La presque totalité de l'œuvre musicale de Serge Gainsbourg est marquée par un souci d'économie. Je me souviens des propos qu'il tenait, d'un ton blasé, quelque mois avant la sortie du film "Les bronzés"… "Il va falloir que je me mette à travailler pour créer le prochain tube de l'été....". Le travail de commande, ce sera le tube "Sea, sex and sun".
La chanson chez Gainsbourg est un savant dosage entre le poids des mots narratifs et les mélodies où chaque note est pesée. Les compositions vont le plus souvent à l'essentiel, utilisant comme support harmonique quelques accords tournant en boucle ("Je suis venu te dire que je m'en vais") ou basé sur des riffs répétitifs ("Initial BB"). Toute la difficulté, mais aussi toute la force du compositeur est là… trouver l'originalité avec peu de matériaux sous la main. Aller à l'essentiel sans tomber dans une sorte de routine, se renouveler avec une provocation toute mesurée. Serge Gainsbourg a rencontré sur son chemin des arrangeurs "branchés" qui ont apporté à ses compositions le modernisme convenant à l'époque : Alain Goraguer, à ses débuts, Arthur Greenslade et Michel Colombier pour la période "Pop", Jean-Claude Vannier au début des années 70 ou Billy Rush à la période funk.
Chez Serge Gainsbourg, les femmes ont été sa source principale d'inspiration, sa recherche vitale et créatrice. Quand il composait, il s'extrayait de l'amour, de l'instant vécu et s'enfermait dans son "laboratoire" pour entrer en prière avec le mot et le son. Le personnage négligé, l'image de faux pédéraste, le représentant nicotinique s'accentue en fin de carrière pour devenir "Gainsbarre". Sous cette apparence se glisse alors les vantardises de baise ; la provocation, qui tient compte de tout sans en respecter rien, et l'argent, qui fait de lui un grand consommateur de plaisir.
Le musicien n'a-t-il pas choisi au fond la trame mélodique comme un pis aller à son insuffisance créatrice en tant que peintre ? La peinture qui l'a poursuivi toute sa vie et dont il ne s'émouvait jamais tant que lorsqu'il en parlait, laissant pour un instant, de côté, la frime du personnage qu'il avait créé.
Deux extraits des interviews consacrés à Serge Gainsbourg dans l'émission Discorama animé par Denise Glaser dans les années 1960. L'artiste aborde le snobisme, la misogynie, la chanson à "sucette", le personnage "Gainsbourg", la vision commerciale.
Certaines de ses réflexions méritent le détour !
La chanson Initial BB est une chanson célèbre de Gainsbourg, célèbre pour avoir rendu hommage à son ancienne muse Brigitte Bardot. Initial BB est basé sur un riff en deux accords et un refrain tout droit hérité de Dvorak... Le texte n'hésite pas à imiter de façon syllabique Baudelaire : À chaque mouvement / On entendait / Les clochettes d'argent / De ses poignets / Agitant ses grelots / Elle avança / Et prononça ce mot : / Alméria.
Voici une des chansons enregistrées en collaboration avec Brigitte Bardot relatant la vie du couple criminel américain qui a perpétré ses méfaits dans le sud-ouest des États-Unis pendant la Grande Dépression. Ici, ce n'est pas le "scopitone" de la chanson qui vous est proposé, mais des images du tournage… une sorte de "making-of".
Mis en images par Averty, Gainsbourg et sa jeune lolita Jane Birkin déambulent entre des toiles de Salvador Dali et de René Magritte. Hôtel particulier n'est qu'un bijou parmi les autres chansons de cet album indispensable et devenu désormais culte...
Gainsbarre à tout fait et tout osé, même la pub… écoutez son discours prémonitoire. C'est court et évocateur !
Accompagné d'une formation sous la conduite du guitariste Billy Rush, Serge Gainsbourg est ici enregistré en live au Casino de Paris en 1986. L'album "Love on the Beat" marque le virage vers la musique funk et hip-hop.
La construction de la composition est dans le même style que "Initial BB", à savoir un riff joué à la guitare et un pont dans lequel des chœurs (ici exclusivement masculins) scandent "Love on the Beat". L'ensemble étant repris plusieurs fois.
Extraits : 1 - Discorama (1965 et 1967) - 2 - Initial BB (1968) - 3 - Bonnie and Clyde (1968) - 4 - L'Hôtel Particulier (1971) - 5 - Pub Konica (1985) - 6 - Love on the Beat (1986).
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