MATÉRIEL DE MUSIQUE



CHOISIR UN CLAVIER ÉLECTRONIQUE : QUELQUES CONSEILS AVANT ACHAT

Sur le marché, il existe toutes sortes de claviers. Pour s’en rendre compte, il suffit de pénétrer dans un magasin de musique pour se sentir perdu et dépassé (même parfois les vendeurs), mais que cela ne vous affole pas. Si votre désir est réaliste, il existe toujours une solution.


COMMENT CHOISIR LE BON MODÈLE ?

Préalablement à l’achat de son premier clavier électronique, il faut d’abord savoir ce que l’on veut en faire. Avez-vous déjà une idée précise ? Si ce n'est pas le cas, vous risquez fort d'être sous l'influence du vendeur, et si celui-ci est habile (comprenez malhonnête), vous risquez fort de repartir chez vous avec un clavier inadapté à vos besoins, voire à vos compétences, ce qui est plus grave. Si c’est votre premier clavier électronique, sachez que vous allez découvrir une nomenclature technique. Cette « grammaire » est nécessaire, car elle permet de se familiariser avec les diverses commandes de l'appareil.

Chaque année de nouveaux modèles sortent dans le commerce. Quand les grandes marques veulent démontrer à leur clientèle qu’un grand saut technologique vient d’être franchi, elles produisent généralement une nouvelle série qu’elles baptisent d’un nouveau nom, lui-même suivi d’un numéro. Cela signifie parfois l’apparition de nouvelles commandes avec des mots inconnus jusqu'alors. Ce nouveau vocabulaire implique aussi un temps d'adaptation et un délai pour se retrouver commenter par des utilisateurs sur Internet, dans les forums ou autre. Chaque modèle d’une série est toujours gradué en fonction des possibilités offertes, du plus simple au plus complexe ; le prix suivant le même chemin.

En théorie, et si le clavier est adapté à votre profil, au bout de trois à quatre heures, vous devez être en mesure de faire le tour des principales possibilités techniques (sans entrer dans le mode d'édition pour programmer). C'est un paramètre rassurant pour l'acquéreur ! Cependant, j’attire votre attention sur le fait que dans le domaine des claviers électroniques, un aspect visuel très sobre avec peu de commandes n’est pas toujours synonyme de simplicité ; un seul et même bouton peut avoir plusieurs utilités. Le bon vieux DX7 de Yamaha en est la parfaite illustration. Doté de seulement deux commandes, son mode d’édition est composé de plusieurs dizaines de paramètres qui demeurent invisibles tant que l’on ne cherche pas à y accéder. Les constructeurs ont depuis revu la question côté manipulation, même si des questions légitimes peuvent encore se poser avec des modèles récents.

© flickr.com


LES TYPES DE CLAVIER

Grosso modo, les claviers électroniques sont destinés à 3 profils d’utilisateurs : le modèle à bas prix pour le débutant (- 500 €), le modèle « couteaux suisse », c’est-à-dire le clavier workstation, capable de donner son maximum à condition que son utilisateur sache mener de front technique instrumentale et maniement des commandes, et enfin le matériel haut de gamme pour les musiciens professionnels qui sont à la page.

Concernant leur possibilité technique, nous avons trois options :

  • 1 – Le clavier doté d’un nombre limité de sonorités et qui ne demande aucun apprentissage particulier pour l’utiliser. Généralement, la recherche sonore est extrêmement limitée ou absente.
  • 2 – Le clavier doté d’une grande richesse sonore, mais qui oblige une étude approfondie pour exploiter toutes ses possibilités. Dans ce cas, l’appareil est fréquemment doté de patch pour mémoriser les sons créés et les envoyer dans des banques.
  • 3 – Le clavier polyvalent, hybride, doté de présélections placées dans des banques de sons avec une partie réservée à la recherche sonore, mais limitée.

La première option : le clavier à presets

Le clavier à presets présente une qualité majeure, il est utilisable immédiatement. Le revers de la médaille réside dans une possible lassitude des sonorités entendues, puisqu’il est impossible de créer des sons, sauf peut-être d'infimes retouches de paramètres : effets, superposition de sonorités.

Avec ce genre de clavier, il est donc conseillé d’évaluer correctement la qualité des sons avant tout achat, puisque vous serez dans l'impossibilité de les modifier. Les sonorités doivent vous plaire ! En fonction de l’usage, un nombre limité de sonorités de qualités est préférable à un plus grand nombre de moindres caractères.

Si vous optez pour un modèle à presets et dans le cas où vos moyens financiers vous le permettent, il faut prendre celui que l’on a envie, pour éventuellement le revendre plus tard. Le clavier à presets - hormis le piano numérique – est généralement destiné à l’apprentissage, à se tester aussi avant de monter d’un cran.

La seconde option : le clavier à recherche sonore

Il peut remplir d’effroi le réel néophyte, surtout si son intention première est se diriger vers un clavier simple d’emploi. Dans un premier temps, il est donc logique que le doute, la crainte s’installe. Mais passé le tâtonnement de la découverte de ses principales fonctions, un clavier dit de recherche apporte des moments de joies que l’on ne peut comprendre que quand les doigts viennent s'y poser dessus.

D’une certaine façon, la manipulation de ce genre de clavier apporte un plaisir proche du saxophoniste qui contrôle et discipline le son qu’il génère. Après avoir absorbé le vocabulaire technique et des explications parfois/souvent rébarbatives, tout s’éclaircit (pensez toutefois à demander si le manuel d’instruction livré avec l’appareil est traduit en français).

Un acquis en amont comprenant quelques connaissances et termes usités facilite grandement la prise en main de ce genre de clavier, d’autant que chaque marque et parfois chaque modèle bataillent – maladroitement – pour imposer commercialement leur propre image. Il en ressort, pour un même usage, une « littérature technique » différente. Il est surtout déconseillé si vous n'avez aucune pratique dans la recherche sonore, de s’attaquer frontalement à un gros appareil qui, tout en produisant des sons inouïs, vous fera déchanter au moment où vous pénétrerez au cœur de celui-ci pour créer les vôtres, voire même pour modifier ceux déjà existant !

Ce genre de clavier, que l’on nomme couramment synthétiseur, ne doit pas vous pousser à devenir un électronicien ou un programmateur patenté ; la maîtrise empirique de l’appareil risquant d’accaparer une grande partie de votre temps de libre.

Consulter : ACHETER UN SYNTHÉTISEUR - CONSEILS UTILES

La troisième option : le clavier workstation

C’est un clavier qui, sur le papier, est capable de faire énormément de choses. Grâce à un arrangeur « intelligent », le clavier workstation permet de créer rapidement des orchestrations très abouties en se référant aux harmonies et mélodies interprétées. Son seul revers est parfois sa complexité. Si les premiers modèles des années 80 étaient souvent des usines à gaz, la plupart des constructeurs ont depuis amélioré leurs fonctions automatiques, apportant à l’utilisateur le sentiment d’avoir entre leur main un clavier plus instinctif.

Consulter : ACHETER UN CLAVIER WORKSTATION


LE MOMENT DÉCISIF : LE TOUCHER

Si vous êtes déjà un pianiste confirmé, votre souhait de choisir un clavier qui s’adapte bien à vos doigts est légitime. Pour autant, encore faut-il le trouver ! Dans ce domaine – que nous avons évoqué à plusieurs reprises dans le site – le meilleur côtoie le pire, et ce n’est pas uniquement une question de prix ! Un instrumentiste habitué à un toucher construit son mur des lamentations s’il ne prend garde à cette donnée.

Si dans le magasin aucun clavier électronique générateur de sons ne vous convient, dirigez-vous alors vers un clavier de commande. Ce genre d’instrument ne génère aucun son, mais il a l’avantage de piloter des appareils à distance : un expandeur (appareil générateur de sons), une boîte à rythmes, un séquenceur ou des versions virtuelles de synthétiseur en utilisant un ordinateur.

Ce genre de configuration est nettement moins limité. De plus, elle offre l’avantage de pouvoir changer tout ou partie de l’appareillage en conservant le clavier. Si pour vous la qualité du toucher est d’une grande importance, alors cette option pourrait être décisive.


LE TEST COMPARATIF ET LE RAPPORT QUALITÉ/PRIX

À l’énoncé de tout ce qui précède, vous aurez compris que la précipitation est mauvaise conseillère. Quand vous testez un clavier dans un magasin de musique, prenez soin de l’utiliser dans de bonnes conditions. Au moment de passer à la comparaison entre plusieurs claviers - équipés ou pas d’une amplification avec HP -, demandez à être raccordé à une même amplification extérieure : sono, ampli clavier… Un son ne fournit ni la même réponse ni la même couleur s’il est branché sur un ampli hi-fi, une sono ou un ampli guitare : la source doit rester la même lors du test ! N’oubliez pas non plus la fatigue auditive qui s’installe au fil du temps sournoisement et qui déforme sensiblement la perception, le ressenti. Revenez une autre fois dans le magasin quand vous estimez que c'est nécessaire.

Le bon rapport qualité/prix ne dépend pas d’une marque ou d’un modèle en particulier, car toute réponse serait par nature subjective. Définir un objectif et des priorités éliminera déjà un grand nombre de modèles. Cependant, il est possible de lister quelques questions/conditions pour avoir un jugement pas trop altéré au moment de l’achat.

  • 1 – L’usage du clavier : le clavier restera-t-il à demeure ou ai-je l’intention de m’en servir sur scène ? (poids, encombrement…)
  • 2 – La qualité mécanique du clavier : est-elle trop souple, le clavier sans aucun son génère-t-il des bruits mécaniques ? Est-ce qu’il répond bien à mes attaques ?
  • 3 – La richesse sonore : est-ce que j’ai besoin de beaucoup de sons différents ?
  • 4 – La qualité des sons obtenus : sont-ils passe-partout, atypique ou terne ?
  • 5 – Le rendu sonore : ai-je vraiment besoin d’une amplification incorporé avec HP ?
  • 6 – La recherche sonore : ai-je assez de connaissances pour m’y lancer ?
  • 7 – Le mode d’emploi : le manuel est-il en français ? (vous en aurez toujours besoin)
  • 8 – Les outils incorporés : ai-je besoin d’une boîte à rythme ou d’un séquenceur ? (cas du clavier workstation)
  • 9 – Les outils externes : vais-je travailler la musique en MAO (avec un ordinateur) ?

Par ELIAN JOUGLA (Piano Web - 09/2019)

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